La vision par les enfants de personnes décédées

 

Ce que voient les enfants

Les enfants sont nombreux à percevoir la présence de personnes décédées qu’ils ne connaissent pas du tout. Ils peuvent observer des ombres noires, des parties de corps (le plus souvent le visage) ou alors la personne décédée dans son entier. Les perceptions peuvent également rester strictement auditives.

« Quand mon petit-fils est venu pour la première fois dans notre maison familiale, située près de Dunkerque, il nous a dit avoir vu à l’étage un homme qu’il nous a décrit. Il nous a fait le portrait d’un homme en uniforme avec un képi et des moustaches orange. Son arrière-grand-oncle Eugène, qui avait vécu un temps dans cette maison et que je n’ai personnellement pas connu, était paraît-il un rouquin à moustache qui était un militaire de haut rang pendant la première guerre mondiale. Mon petit-fils ne pouvait pas avoir vu préalablement la couleur de ses moustaches sur une photo puisqu’à cette époque elles étaient toutes en noir et blanc » (1).

 

Une lumière dans l’obscurité

Comme me l’ont dit plusieurs enfants, le fait d’arriver à percevoir les esprits attire ceux-ci vers eux comme si les jeunes vivants étaient des lumières dans l’obscurité. Les esprits cherchant de l’aide sont nombreux à les approcher, ce qui peut être terriblement terrorisant pour l’enfant qui vit cette rencontre.

« Mon fils de 12 ans nous a raconté une expérience qui nous a bouleversés : une nuit, alors qu’il dormait, il s’est soudain réveillé, a ouvert les yeux et s’est retrouvé nez à nez avec un petit garçon en pyjama rayé bleu. Ce garçon a touché mon fils qui a alors eu le sentiment d’être emmené ailleurs… Mon fils m’a raconté cette histoire en larmes, en état de choc ; il était blanc comme un linge. Il m’a dit avoir fait un « voyage » – dans un camp de concentration d’après les détails précis qu’il a pu me raconter. Il me disait avoir senti l’air dans ses cheveux, la terre sous ses pieds. Il ne comprenait pas où il était et avait peur de ne pas pouvoir revenir. Sans un mot, le petit garçon lui montrait du doigt des personnes, également habillées de pyjamas rayés bleus, travaillant, piochant la terre, les fils barbelés partout, des miradors. Mon fils a été terrorisé par cette expérience. Lorsque c’est arrivé il dormait dans la chambre avec sa sœur et n’a pas pu l’appeler. Les sons ne sortaient pas de sa bouche. Le lendemain, il n’a pas pu aller à l’école, il était épuisé. Quelques jours auparavant, il m’avait raconté qu’un petit garçon lui était apparu dans sa chambre, et qu’il restait devant lui, sans bouger. J’ai pensé qu’il avait fait un mauvais rêve, même si lors de cette visite, il me disait avoir senti une odeur de putréfaction envahir sa chambre. Comme depuis il ne voulait plus y dormir, j’avais accepté qu’il dorme dans la chambre de sa sœur… Le petit garçon est revenu deux fois. Mon fils lui a dit qu’il voulait dormir, qu’il voulait qu’on lui fiche la paix. Il m’a dit que le petit garçon était alors reparti dans le couloir et depuis il n’est jamais revenu. » (2)

 

Etre à l’écoute

Il est important de pouvoir offrir une écoute bienveillante aux enfants vivant ce genre de phénomène et de leur apprendre à stopper leurs capacités quand ils le souhaitent. Plusieurs personnes m’ont dit avoir perdu leurs capacités médiumniques après avoir simplement souhaité leur disparition tant elles étaient effrayantes. Dans certains cas, il peut y avoir un grand regret après coup de s’être coupé d’une compétence mal maîtrisée.

D’autres jeunes m’ont dit qu’ils se sentiraient amputés d’une partie d’eux-mêmes s’ils n’avaient plus cette capacité. Il est donc important de discuter avec l’enfant de ce qu’il vit et de ce qu’il souhaite au plus profond de lui-même.

Pouvoir partager son expérience avec d’autres médiums est idéal pour l’aider à gérer (ou éliminer) son don. Il faut relever qu’une fois maîtrisé, le don devient infiniment moins effrayant et qu’il apporte souvent un plus à la vie de ceux qui en bénéficient.

 

Témoignage

Ce témoignage est tiré de l’ouvrage de Stéphane Allix « Après, quand l’au-delà nous fait signe » :
« Dès l’âge de 8 ans, Cécile a eu l’impression que des gens décédés de sa famille se trouvaient parfois autour d’elle. La raison lui en demeurait inconnue. Ces sensations sont devenues plus manifestes à l’adolescence. Ses parents étaient curieux et s’intéressaient à de nombreux sujets, aussi accueillirent-ils les récits en apparence fantaisistes de leur fille avec une certaine ouverture. A la maison les enfants pouvaient parler de tout sans avoir peur d’être jugés
-Avec le recul, je réalise que c’est la peur qui rendait cela compliqué à vivre.
-La peur de ces amis imaginaires ?
-Oh non, ce n’était pas mon imaginaire.
-Pourquoi en êtes-vous si certaine ?
-Parce que je ressentais ces expériences dans mon corps. Ça se traduisait par des frissons, le cœur qui s’accélère, des choses comme ça… le corps réagit avant l’esprit. Je m’en suis surtout rendue compte lorsque les contacts se sont multipliés : mon corps répondait avant que mon esprit n’ait intellectualisé ce qui se passait. Je percevais physiquement quelque chose et ensuite seulement l’information montait au cerveau. C’était une intuition, une évidence…
-Vous entendiez des voix ?
-Au début, c’était davantage des sensations physiques, les émotions des gens qui essayaient de me contacter. Je pouvais être joyeuse et tout d’un coup une forme de tristesse m’envahissait sans aucune raison. C’est vrai que ça fait un peu « bipolaire » ce genre de remarque, je pense que c’est la raison pour laquelle je me suis lancée dans des études de psychologie. Pour comprendre le fonctionnement humain et m’assurer que je ne souffrais pas de pathologie et que j’arrivais à faire la distinction entre mes émotions et celles que je percevais.
-Vos études de psycho vous ont-elles aidée à comprendre ce que vous viviez ?
-J’ai étudié les pathologie, la schizophrénie, etc. ça m’a permis de réaliser que certaines personnes traitées en psychiatrie n’ont pas de terrain pathologique, mais au contraire ressentent des choses. Mais parce que psychologiquement elles ne sont sans doute pas forcément très stables au départ, ces perceptions les envahissent, les submergent et se transforment en souffrance, essentiellement parce que ces personnes n’arrivent plus à faire la distinction entre leurs émotions et celles qu’elles captent des autres. » (3)

 

Alexandra Urfer Jungen

 

  1. Dr Jean-Jacques Charbonier, La Conscience intuitive extraneuronale, Guy Trédaniel éditeur, 2017, p.134
  2. Courrier des lecteurs, Inexploré, N°12 – Automne 2011, p.15
  3. Stéphane Allix, Après, quand l’au-delà nous fait signe, Albin Michel, 2018, pp 20-21

 

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