Les théories scientifiques pour expliquer les expériences de mort imminente

 

 

Aujourd’hui, les expériences de mort imminentes sont considérées dans le milieu médical comme des expériences réelles. C’est l’interprétation des causes qui diverge grandement.

 

La croyance en la survie

A la question de savoir si la croyance en la survie de la conscience après la mort est un mécanisme de défense, c’est-à-dire une béquille pour aider à accepter la mort, on peut déjà répondre que, lorsque des personnes font des EMI, leur cerveau ne fonctionne plus. Donc ce qu’elles vivent ne peut pas être un mécanisme de défense. Pour activer un mécanisme de défense, il faudrait des données psychiques. Or, si c’est soi-disant le cerveau qui créé le psychisme, il ne devrait plus y avoir de psychisme, puisqu’il n’y a plus de cerveau qui fonctionne. Souvent d’ailleurs, les personnes font des expériences qui ne vont pas dans le sens de ce qu’elles aimeraient entendre. Les défunts, ou autres entités qu’elles rencontrent, leur disent des choses qui ne sont pas toujours très flatteuses  ou qui les surprennent énormément. Cela ne peut pas être le “whishfull thinking (quand on prend ses souhaits pour des réalités ou qu’on tord la réalité pour qu’elle aille dans le sens de nos croyances)”. Les gens qui vivent une EMI “ont expérimenté qu’on ne meurt pas en réalité et cela les rassure et diminue le deuil. C’est donc l’inverse. Ils n’inventent pas les choses pour se rassurer, ils sont rassurés par ce qu’ils voient et donc le deuil est plus facile à faire.” (1)

Par ailleurs, si l’objectif était une protection psychique pour surmonter l’angoisse de la mort, il n’y aurait pas d’expériences de mort imminente négatives.

 

La réactivation d’images venant de la naissance

Selon cette hypothèse, la personne en fin de vie reproduirait les images de sa naissance par voie utérine/vaginale pour échapper à la menace de la mort. La vision du tunnel viendrait de là. Cette hypothèse est peu valide, puisque de nombreuses personnes ayant fait une expérience de mort imminente sont nées par césarienne.

 

La dépersonnalisation / déréalisation et dissociation

La dépersonnalisation / déréalisation est un symptôme psychiatrique. C’est une forme de trouble dissociatif qui consiste en une expérience prolongée ou récurrente de détachement de son propre corps ou de son fonctionnement mental. On a alors l’impression d’être un observateur extérieur à soi (dépersonnalisation) ou d’être détaché de son environnement (déréalisation). Souvent déclenché par un stress sévère, ce trouble est quasiment toujours associé à un sentiment d’angoisse ou de mal-être, à une impression d’irréalité et de confusion très désagréable – un vécu à l’opposé du ressenti de grande clarté d’esprit, de paix et d’harmonie unanimement décrit dans les EMI. De plus, la dépersonnalisation ne comporte aucun autre élément caractéristique des EMI. 

Dans la catégorie des symptômes psychiatriques, on parle également de la possibilité d’une dissociation face à la menace de mort. La dissociation est un clivage, une séparation des pensées et des émotions par rapport à une réalité trop insupportable. Se couper, se détacher psychiquement, se déconnecter de la réalité est un mécanisme de protection pour préserver son intégrité pswychique face à la violence des événements. C’est le cas par exemplelors d’une agression soudaine, comme un viol: la personne se décrit comme complètement dissociée; son corps d’un côté et ses pensées, ses émotions, son identité de l’autre. Il existe, de fait, une expérience de séparation du corps et de la conscience lors d’une EMI, mais le phénomène de dissociation en tant que mécanisme psychique de protection ne regroupe pas les éléments constitutifs d’une véritable EMI: Il existe également des phénomènes de dissociation dans certaines pathologies psychiatriques comme la schizophrénie mais, ainsi que cela a déjà été évoqué, la très grande majorité des personnes faisant des EMI n’ont pas de pathologie psychiatrique préexistante. L’hypothèse d’une dissociation seule comme cause d’une EMI n’est donc pas valide.” (2)  

 

La sécrétion d’une substance

Est-ce que ça ne serait pas lié à des substances naturelles sécrétées naturellement et qui provoqueraient ce phénomènes ? Pour que le cerveau sécrète quelque chose, il faut qu’il fonctionne. Or ce n’est plus le cas dans la majorité des NDE [EMI]. Et même s’il y avait « sécrétion passive », il faudrait que le cerveau soit capable de s’en servir. Si tu mets de l’essence dans une voiture en panne, elle ne démarrera pas pour autant. Dans le cas des NDE, l’EEG est plat, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de transmission d’information, ni de décharges, ni de neurotransmission active dans les synapses. » (3)

 

La zone du cerveau qui fait sortir du corps

Une des théories dont on a beaucoup parlé pour expliquer les phénomènes de sorties de corps et les expériences de mort imminente est celle développée par Olaf Blanke. Il s’est aperçu avec son équipe des hôpitaux universitaires de Genève que lorsque deux de ses patients épileptiques recevaient une stimulation électrique au niveau du « gyrus angulaire » (entre le lobe pariétal et le lobe temporal droit), celle-ci avaient l’impression de sortir partiellement de son corps. (4) Il n’en fallait pas plus pour, selon eux, avoir trouvé la cause du phénomène des sorties de corps.

Cependant, il faut que relever que ces résultats ont seulement touché deux cas sur 1132 patients, dont une seule de manière plus probante. De plus, seule une sortie partielle du corps était décrite, puisqu’il n’y avait que la partie inférieure de son organisme (buste et jambes) qui était perçue « de dehors ». Six autres patients ont témoigné avoir eux aussi eu l’impression de sortir en partie de leur corps, mais de manière atypique par rapport aux témoignages d’EMI. Quatre derniers patients ont eu le sentiment de voir un double d’eux-mêmes depuis leur propre corps. A cela, il faut ajouter que leurs perceptions étaient faussées (une patiente avait l’impression de voir ses jambes rapetisser) et le phénomène s’arrêtait lorsque les yeux étaient fermés. Les patients n’avaient pas non plus la possibilité de se déplacer avec leur “autre corps” lorsqu’ils étaient dans cet état.

On est bien loin des témoignages d’EMI et d’EHC avec des expérienceurs qui peuvent voir leur corps dans leur entier et sans déformations que leurs yeux soient fermés ou non. L’équipe de Blanke ne peut pas non plus expliquer comment un patient peut observer en détail la pièce dans laquelle il se trouve, le plus souvent d’un point de vue élevé ou à l’arrière par rapport au positionnement du corps. Certains expérienceurs ont même pu indiquer avec exactitude ce qu’il se passait dans d’autres pièces ou d’autres étages, voire même à des kilomètres du lieu où se trouvait leur corps. Des capacités qu’il n’est pas possible d’obtenir avec une stimulation électrique du gyrus angulaire.

 

Le manque d’oxygène

Une autre hypothèse est celle développée par la psychologue britannique Susan Blackmore. A ses yeux, le manque d’oxygène dans le cerveau de mourants pourrait entraîner une excitation anormale des neurones dans la zone cérébrale de la vision et ainsi créer une hallucination prenant la forme d’une lumière brillante au bout d’un tunnel. (5). Mais dans ce cas, le point lumineux s’amplifie brusquement avant de décroître progressivement jusqu’à extinction. Cela ne correspond pas aux récits de personnes ayant vécu une EMI qui affirment pour leur part observer une lumière indescriptible, remplie d’amour, s’amplifiant au bout du tunnel jusqu’à s’étendre de toutes parts. Le manque d’oxygène ne s’accompagne pas non plus d’écoute de musique, de sensation de vitesse et de rencontre avec des défunts. Par ailleurs, les EMI ne se déroulent pas toujours avec un problème d’oxygénation au cerveau, par exemple dans le cas d’infection avec une forte fièvre, ou, tout simplement dans les cas d’expériences de type EMI.

Autre petit hic relevé par Pim van Lommel, cardiologue et spécialiste des questions de mort imminente à propos de cette théorie : comment se fait-il dès lors que toutes les personnes ayant un arrêt cardiaque n’aient pas de vision de tunnel et que même de nombreuses personnes décrivant un processus de mort imminente ne passent pas par cette étape de « la lumière brillante au bout du tunnel ? » (6).

A l’inverse, ainsi que l’a fait remarquer le médecin Sam Parnia : comment est-ce possible que des personnes en bonne santé relatent elles aussi des visions de tunnel alors que leur cerveau fonctionnait normalement ? En outre, les patients ayant des pathologies graves au cœur et aux poumons sont très confus et agités. Ils ne gardent pas de souvenirs de ce qu’il se passe lorsqu’ils sont dans cet état contrairement à ce que rapportent les personnes ayant vécu une expérience de mort imminente. Il n’y a donc pas de lien entre un taux d’oxygénation bas et le fait de voir le fameux tunnel. (7)

 

Les “dreamlets”

Cette hypothèse se base sur les travaux du Dr James Whinnery qui a travaillé dans les années 1990 sur les courtes périodes d’inconscience que vivaient les pilotes de combat lorsqu’ils étaient dans des centrifugeuses. (8) L’objectif était de mieux comprendre comment réagissait le corps soumis à des situations de combat extrêmes. On a remarqué que le pilotes soumis à des accélérations rapides et donc à d’importantes forces gravitationnelles a son flux sanguin au cerveau très fortement ralenti. L’apport en oxygène est donc très faible, ce qui apporte ces périodes d’inconscience appelées “dreamlets”. Ce phénomène se caractérise par une perte de mémoire des événements précédant directement l’absence, un état de confusion et de la désorientation.

Les dreamlets ne ressemblent donc guère au descriptif d’EMI. On n’a pas non plus relevé chez les pilotes les transformations profondes que vivent les expérienceurs après leur expérience de mort imminente.

 

L’excès de CO2 (hypercapnie)

Une étude de 2010 (9) a effectivement montré une corrélation entre EMI et taux de dioxyde de carbone dans le sang chez des patients pris en charge en dehors de l’hôpital. Si beaucoup ont cru avoir trouvé là une réponse au phénomène des expériences de mort imminente, il faut noter que l’étude se base sur un petit échantillon peu significatif et que les mesures ont été prises alors que les constantes des patients étaient restaurées.

De plus, s’il s’agissait d’un simple problème physiologique, pourquoi seulement 21% des 52 cas étudiés rapportent une EMI ? Pourquoi en outre toutes les caractéristiques de l’EMI ne sont pas présentes lorsqu’il y a excès de CO2 ? Pourquoi, pour terminer, constate-t-on des cas d’EMI sans que le niveau de dioxyde de carbone soit affecté ?

En conclusion, même les auteurs de l’étude restent prudents en écrivant: “Il n’est pas possible d’expliquer des EMI seulement en termes de processus physiologique“.

 

La libération de kétamine dans le cerveau

Selon certains chercheurs cette substance, auparavant utilisée comme anesthésique, pourrait être libérée dans le cerveau en situation de stress ou lors d’un manque d’oxygénation. On sait que cette substance peut provoquer une impression de sortie de corps et de passage dans un tunnel, mais les visions sont dans ce cas terriblement angoissantes et étranges. On est clairement dans une situation d’hallucination et non d’EMI.

 

La libération d’endorphines

En situation de stress, le corps humain libère des endorphines qui non seulement permettent d’apaiser la douleur, mais engendrent aussi un sentiment de paix et de bien-être. Mais le lien avec les EMI est très faible, puisque dans ce cas, même une personne consciente va bénéficier des bienfaits des endorphines. A l’opposé, une personne ayant vécu une EMI ressentira immédiatement la douleur après son retour à la conscience et son sentiment de paix disparaîtra également rapidement. De plus, la libération d’endorphine ne permet pas d’avoir la vision de proches décédés, ni de revue de vie ou d’autres éléments caractéristiques des EMI.

En outre, les expériences de vie imminente peuvent être difficile à vivre, comme c’est le cas dans les EMI négatives. On est bien loin alors du sentiment de paix et de béatitude qui pourrait être provoqué par des endorphines.

 

L’hallucination causée par l’ingestion de médicaments

Une hypothèse est celle de l’hallucination provoquée par l’ingestion de certains médicaments. Cependant, les personnes ayant des visions après l’absorption de telles substances se sentent souvent très mal avec des hallucinations qui leur montrent un monde étrange et déformé, très souvent effrayant. Elles sont tout à fait conscientes d’avoir vécu un épisode qui n’a rien à voir avec la réalité contrairement aux personnes ayant traversé des expériences de mort imminente pour qui la réalité de leur vécu ne fait aucun doute. C’est d’ailleurs tellement réel que les éléments rapportés touchant à la première phase de l’EMI sont fréquemment vérifiables auprès des proches et du personnel médical.

Comme le fait remarquer le Dr Melvin Morse : « Une lecture attentive de la littérature médicale nous apprit que les EFM [expériences aux frontières de la mort ou expériences de mort imminente] constituent des manifestations uniques en leur genre : les hallucinations, les visions, les aberrations mentales d’un type ou d’un autre, tous ces épisodes diffèrent fondamentalement des EFM… Je fus stupéfait de constater que ni la marijuana, ni les drogues hallucinogènes, ni les narcotiques, ni les agents anesthésiques, ni le valium, ni le manque d’oxygène, ni aucun stress d’origine psychologique n’engendrent des EFM » (10).

D’ailleurs les travaux de recherche menés indépendamment par le Dr François Lallier et par l’infirmière Penny Sartori l’ont montré : on recense moins de cas d’EMI lors de la prise de médicaments.

 

L’hallucination causée par la prise de psychotropes

Une autre hypothèse se basant elle aussi sur l’idée que l’ingestion de certaines substances peut provoquer des hallucinations consiste à faire le lien entre la sensation de bien-être que l’on peut ressentir durant un shoot de morphine et ce que décrivent certaines personnes ayant vécu une EMI.

Cependant, contrairement aux morphinomanes, les personnes ayant vécu une expérience de mort imminente vont ensuite très souvent changer radicalement de vie dans un sens positif et même, dans de nombreux cas, développer des capacités qu’elles ne possédaient pas avant. Le monde de la drogue ne semble pas connaître un tel retournement de situation après un premier shoot !
On notera par ailleurs que les hallucinations ont pour caractéristique d’être des perceptions sans objet. Elles ne provoquent de ce fait pas de bouleversements notables et durables dans la vie de celui qui les vit à l’inverse de ce qui se passe pour les personnes ayant vécu une EMI.

 

L’épilepsie du lobe temporal droit

Une hypothèse touche plus spécifiquement la partie de l’EMI dans ses aspects mystiques (rencontre avec des personnes décédées, des êtres angéliques et un être divin dans un lieu qu’on pourrait apparenter au “Paradis”). Ces visions proviendraient d’une épilepsie du lobe temporal droit, en d’autres mots de brèves perturbations de l’activité électrique qui provoqueraient la vision d’un autre monde et la présence d’êtres venant d’ailleurs. (11)

Le neurologue John Hughes, spécialiste dans le traitement de l’épilepsie, a néanmoins relevé que les symptômes d’une épilepsie du lobe temporal droit avaient peu de points en commun avec une expérience mystique. (12)

Il faut aussi ajouter que très peu de personnes vivant une expérience mystique sont également épileptiques et que tous les épileptiques avec des perturbations électriques des lobes temporaux n’ont pas d’expériences mystiques.

L’autoscopie

Il est également avancé que l’EMI est en fait une expérience d’autoscopie. Il s’agit d’une “représentation très brève, par le sujet, de l’image totale ou partielle de lui-même, comme projeté hors de soi. Cela se produit dans un contexte angoissant d’étrangeté, durant la zone entre le sommeil et la période hypnagogique, lors d’états confuso-oniriques ou démentiels ou dans certaines psychoses.” (13) Le corps (ou une partie du corps) est vu de l’extérieur de soi, mais la personne se sent toujours dans son corps. Or, dans les EMI, le point d’observation de la personne se situe à l’extérieur de son corps; elle voit des détails qui ne pourraient pas être perçus si elle était toujours à l’intérieur de celui-ci. De plus, le climat émotionnel d’anxiété et d’étrangeté lié à l’autoscopie n’a rien à voir avec celui de paix et de quiétude rapporté généralement lors d’une EMI. ” (14)

 

 

Le “casque de Dieu”

Le neuroscientifique Persinger et ses collègues ont imaginé créer le « casque de Dieu ». En émettant de faibles champs électro-magnétiques pulsés au niveau du lobe temporal, ils pensaient déclencher ainsi une expérience spirituelle. (15) Dans ce cas-là également, les expériences qui ont suivi ne donnèrent pas de résultats concluants.

En tous les cas, comme le dit Sam Parnia : « Dans le cadre d’un modèle qui suppose une relation causale entre l’activité corticale et la conscience, la survenue d’un processus mental et la capacité à décrire des événements au cours de l’arrêt cardiaque, telle qu’elle a été possible dans ce cas vérifié de conscience visuelle alors que la fonction cérébrale est absente ou au mieux sévèrement endommagée, est intrigante. Cela est d’autant plus le cas que la réduction du flux sanguin cérébral conduit typiquement à un délire suivi par un coma, plutôt qu’à un état mental lucide. » (16)

 

Le fond de conscience du cerveau

Certains chercheurs prétendent qu’il resterait une minuscule activité du cerveau, même avec un EEG plat, ce qui arrive (on le sait aujourd’hui) dix à vingt secondes seulement après un arrêt cardiaque. Une vision de l’EMI qui nous obligerait à totalement repenser le diagnostic de mort cérébrale ! Mais, surtout, les neurosciences actuelles nous démontrent qu’avec un EEG plat, il ne peut pas y avoir d’expérience consciente, donc pas de souvenirs d’un vécu hors du corps.

Nous savons…, grâce aux EEG et mesures de flux sanguin, que les patients cardiaques inclus dans les études prospectives d’EMI ont dû souffrir d’une absence d’irrigation et d’activité électrique du cerveau. Leur tableau clinique reflète aussi l’interruption de toute activité du cortex et du tronc cérébral. Dans cet état, le cerveau peut être comparé à un ordinateur déconnecté de sa source d’énergie, débranché, avec tous ses circuits bloqués. Il ne peut évidemment pas fonctionner. Même pour produire des hallucinations. Et pourtant, pendant que toutes leurs fonctions cérébrales sont interrompues, un certain nombre de patients vivent une période de conscience exceptionnellement lucide. [Il faut par ailleurs rappeler que] des recherches faites à partir de l’imagerie par résonance magnétique (IRM), par exemple, ont montré que l’activité mutuelle et simultanée du cortex et du tronc cérébral avec les voies qui leur sont commune (l’hippocampe et le thalamus) est indispensable à toute expérience consciente. Si l’absence d’afflux sanguin au cerveau prive un neurone de sa fourniture en glucose et en oxygène, son premier symptôme sera l’incapacité de maintenir son potentiel de membrane, ce qui entraînera la perte de sa fonction neuronale. “(17)

L’objection selon laquelle les personnes vivant une EMI ne seraient pas totalement inconsciente “ne tient pas pour les personnes qui font une EMI durant une anesthésie générale: le fonctionnement de la mémoire et la construction de souvenirs sont donc impossibles. Or les récits d’EMI font état d’une conscience très vive, très précise durant cette période de l’anesthésie… Si une personne sous anesthésie générale fait une EMI – où elle perçoit des objets ou des personnes du monde extérieur -, cela suggère que la conscience et l’activité du cerveau sont deux choses distinctes.“(18)

 

L’absence d’explication globale

On relèvera enfin qu’aucune des hypothèses émises selon les théories matérialistes de la science n’explique la totalité de l’expérience de mort imminente. Seuls un ou deux éléments de l’expérience sont abordés.

De même, aucune hypothèse ne peut expliquer comment l’expérienceur peut donner des informations vérifiables sur ce qu’il s’est passé durant son EMI alors qu’il était en état d’inconscience avéré. Comme le relèvent le Dr Sam Parnia et le neuropsychiatre Peter Fenwick : “Si le cerveau est dysfonctionnel au point que le patient est dans un coma profond, les structures cérébrales qui sous-tendent l’expérience consciente et la mémoire doivent être gravement affaiblies. Et des expériences complexes comme celles que comportent les EMI rapportées ne devraient pas se produire ni être retenues par la mémoire. Ces patients ne devraient avoir aucune expérience subjective… alors que les modules cérébraux qui génèrent l’expérience consciente et sous-tendent la mémoire sont affaiblis par l’anoxie cérébrale.” (19)

Les théories matérialistes n’expliquent pas non plus comment cela se fait que l’expérienceur voie sa vie métamorphosée suite à son EMI. Aucune hallucination ne peut provoquer cela.

 

On ne comprend pas, donc ça n’existe pas !

En conclusion: les « raisonnements matérialistes n’expliquent pas les expériences de mort imminente, c’est probablement pour cela qu’il est si difficile de faire accepter les EMI dans certains milieux, car nous ne disposons pas d’une théorie valable pour les expliquer. C’est reconnaître les faits que de dire que quelque chose sort du corps, perçoit véritablement, pense, et ressent des émotions, indépendamment du corps, mais nous ne savons pas de quoi il s’agit. Nous avons des termes religieux pour définir cette expérience, mais pas encore de vocabulaire scientifique. » (20)

De même, ” on demande souvent quelles sont les études publiées “prouvant” la survie de la conscience après la mort. mais on peut répondre  : “A-t-on publié, du point de vue de la méthode scientifique, une seule étude dans une revue internationale à comité de lecture démontrant que cela n’existe pas ? Non. ” (21)

 

Le médecin bienveillant, mais sceptique

Le Dr Eben Alexander fait ainsi son mea culpa : « J’étais le médecin typique, bienveillant quoique sceptique. Et à ce titre, je peux vous dire que la plupart des sceptiques ne sont pas sceptiques du tout. Pour être vraiment sceptique, il faut réellement examiner quelque chose, le prendre au sérieux. Et comme beaucoup de médecins, je n’avais jamais pris le temps d’explorer les EMI. Je « savais » simplement qu’elles étaient impossibles. »

Après avoir vécu son expérience de mort imminente, il s’est fortement documenté sur ce que le monde médical disait des EMI : « Plus je lisais les explications « scientifiques » de ce que sont les EMI et plus j’étais choqué par leurs évidentes faiblesses. Et cependant, je savais aussi avec dépit que c’était exactement celles que l’ancien « moi » aurait mentionnées si quelqu’un m’avait demandé « d’expliquer » ce qu’est une EMI ». (22)

Plus loin, il ajoute : « Comme beaucoup d’autres scientifiques sceptiques, je refusais même d’étudier les données pertinentes sur les questions relatives à ces phénomènes. Je préjugeais des données et de ceux qui les fournissaient, car ma perspective limitée ne parvenait pas à proposer le plus vague concept de la façon dont de telles choses pouvaient réellement se produire. Ceux qui prétendent qu’il n’existe aucune preuve des phénomènes indiquant l’existence d’une conscience étendue, alors qu’elles sont au contraire considérables, sont délibérément ignorants. Ils croient connaitre la vérité sans avoir besoin de regarder les faits. » (23)

 

Le lien avec la physique quantique

On notera enfin que certains chercheurs comme le Dr Jean-Jacques Charbonnier font le lien entre les récits d’EMI et la physique quantique : “Certaines études prospectives et beaucoup d’études rétrospectives d’EMI ont montré que les divers aspects de cette expérience correspondent ou sont analogues à certains des principes de base de la mécanique quantique, tels que la non-localité, l’intrication ou l’interconnexion, ainsi que l’échange instantané d’information dans une dimension dénuée de temps et de localisation. Passé, présent et futur sont partout en même temps (non localement).” (24)

Il serait sans aucun doute profitable à notre compréhension des expériences de mort imminente, mais aussi de bien d’autres phénomènes dits paranormaux, de se pencher sur les points de convergences entre les récits des expérienceurs et ce que l’on sait aujourd’hui de la physique des particules. On y trouverait probablement de prometteurs points communs aptes à changer notre vision du monde.

 

Alexandra Urfer Jungen

 

  1. Marie-Odile Riffard & Olivier Chambon, 8 raisons de croire en l’existence de la vie après la mort, lettre ouverte à ceux qui doutent encore, Larousse, 2022, pp 67 et 69
  2. Dr Christophe Fauré, Cette vie… et au-delà. Enquête sur la continuité de la conscience après la mort, Albin Michel, 2022, pp 189-190
  3. Dr Olivier Chambon & William Belvie, Expériences extraordinaires autour de la mort, réflexion d’un psychiatre sur la science de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, p. 43
  4. Blanke O, Landis T., Spinelli I., Seeck M., « Out-of-body experience and autoscopy of neurological origin”, Brain, vol.127, 2004
  5. Blackmore SJ, Troscianko T., « The physiology of the tunnel », J Near-Death Studies, 1988, 8, 15-30
  6. van Lommel P, van Wees R., Meyers V., Elfferich I, « Near-death experience in 206 survivors of cardiac arrest : a prospective study in th Netherlands », Lancet, 2001, 358, 2039-2045
  7. Parnia S., What Happens When We Die : A Ground-Breaking Study into the nature of Life and Death, Hay House, Londres, 2008
  8. J.E. Whinnery, “Psychophysiologic correlates of unconsciousness and near-death experiences”, Journal of Near-Death Studies 5, 1997, pp 232-258
  9. Z. Klemenc-Ketis, J. Kersnik, S. Gremc, “The effect of carbon dioxide on near-death experiences in out-of-hospital arrest survivors: a prospective observational study, Critical Care, 14, 2010, R56
  10. Melvin Morse, Des enfants dans la lumière de l’au-delà, Robert Laffont, 1992, p.151
  11. Saver JL, Rabin J « The neural substrates of religious experience », Journal of Neuropsychiatry and Clinical Neuroscience, 1997, 9, 498-510
  12. Hughes JR, « Did all those famous people really have epilepsy ? », Epilepsy & Behavior, 2005, 6, 115
  13. Juillet P., Dictionnaire de la psychiatrie, Ed. du Cilf, 2000
  14. Dr Christophe Fauré, Cette vie… et au-delà, enquête sur la continuité de la conscience après la mort, Albin Michel, 2022, pp.173-174
  15. Persinger, MA, « Religious and mystical experiences as artefacts of temporal lobe function : a general hypothesis », Perceptual and Motor Skills, 1983, 57, 1255-1262
  16. Sam Parnia, What happens When We Die ? A Groundbreaking Study Into the Nature of Life and Death, Hay House, 2007
  17. Dr Pim van Lommel, Mort ou pas, les dernières découvertes médicales sur les EMI, InterEditions, 2015, pp. 164 à 165
  18. Christophe Fauré, Cette vie… et au-delà, enquête sur la continuité de la conscience après la mort, Albin Michel, 2022, p.170-171
  19. S. Parnia, DG Waller, R. Yeates, P. Fenwick,  “A qualitative and quantitative study of the incidence, features and aetiology of near-death experiences in cardiac Arrest Survivors”, Resuscitation, 48, 2001,149-156.
  20. Dr Bruce Greyson, conférence « Consciousness without Brain Activity, NDEs », 2008
  21. Marie-Odile Riffard & Olivier Chambon, 8 raisons de croire en l’existence de la vie après la mort, lettre ouverte à ceux qui doutent encore, Larousse, 2022, p.168
  22. Eben Alexander, La preuve du Paradis, voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie, pp.180 et 195, Guy Trédaniel éditeur, 2013
  23. Eben Alexander, La preuve du Paradis, voyage d’un neurochirurgien dans l’après-vie, p.206, Guy Trédaniel éditeur, 2013
  24. Dr Pim Van Lommel, Mort ou pas?  Les dernières découvertes médicales sur les EMI, InterEditions, 2015, p.237

 

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