Le matérialisme de promesse
Le médecin du XVIIIe siècle Pierre Jean Georges Cabanis pensait que « le cerveau sécrète la pensée comme le foie sécrète la bile ». Cette vision des choses n’a pas beaucoup évolué depuis lors.
L’idée dominante est que notre cerveau est une simple machine qui produit la conscience. Pourtant, ce postulat n’a pas de base scientifique, puisqu’il n’a jamais été prouvé. » C’est ce que David Chalmers, philosophe australien, a nommé le « hard problem », le problème difficile de la conscience. Malgré des milliards de dollars octroyés et les dizaines d’années de recherche les neuroscientifiques n’ont jamais pu prouver, ni expliquer, comment la matière du cerveau produirait la conscience immatérielle. » (1)
Cela n’empêche pas la plupart des scientifiques matérialistes de s’accrocher à l’hypothèse d’une conscience émergeant des neurones. Ils affirment qu’on finira bien par trouver un jour la preuve de leur postulat. Cette position est appelée « matérialisme de promesse ».
D’où vient notre conscience ?
Aujourd’hui, nous avons une connaissance étroite du fonctionnement de notre encéphale et absolument personne ne peut expliquer comment la conscience pourrait émerger de nos neurones. Pendant longtemps, on pensait qu’un certain type d’activité dans certains réseaux neuronaux donnaient toujours les mêmes pensées. Cette vision des choses a été invalidée et on parle aujourd’hui simplement de « corrélations neuronales de la conscience ». Cela signifie qu’il y a une corrélation entre une expérience de la conscience et l’activation d’un grand nombre de centres cérébraux. Mais ce phénomène ne nous renseigne pas sur ce que vit la personne subjectivement (est-ce qu’elle ment en disant qu’elle réfléchit à un sujet en particulier ? Est-ce qu’elle est triste ou joyeuse ? Est-ce qu’elle est préoccupée ?). Tout ce que l’on sait, c’est qu’il y a une activité neuronale (en d’autres mots un codage d’informations) lorsqu’on est conscient.
Les émissions sont produites dans la radio !
Comme l’a énoncé en 1891 déjà Ferdinand Schiller, philosophe à Oxford, les scientifiques ne peuvent ainsi mesurer que des corrélations : on constate que nos fonctions mentales peuvent changer lorsqu’un état cérébral se modifie (par exemple, quand les fonctions de notre cerveau sont endommagées). Cela ne signifie pas pour autant que notre conscience se trouve cloîtrée dans le cerveau même si ce postulat reste férocement défendu par un grand nombre de scientifiques matérialistes. On pourrait dire que, dans leur esprit, les émissions sont produites à l’intérieur même de la radio pour la simple et bonne raison que lorsqu’on détruit un appareil radio, il n’y a plus d’émissions audibles !
» Ne confondons pas le cerveau et la conscience. La conscience se sert du cerveau… comme des ondes radio se servent de la radio pour se manifester. Le cerveau réagit. Quand un programme arrive dans la radio, les composants de la radio sont mis en service. En étudiant ce phénomène, on voit qu’il y a des courants qui les parcourent et qui peuvent être mesurés, etc. Bien sûr. Il y a quelque chose qui change dans la radio à ce moment-là, dans la circulation à travers les circuits imprimés. Pourtant, ce ne sont pas ces changements qui créent le programme reçu ! Ils ne sont que le témoin que quelque chose traverse le poste de radio. Le poste va recevoir des ondes puis les traduire par des courants électriques qui vont le traverser, puis il va les retraduire en ondes sonores audibles.
Le cerveau aussi est un traducteur-transformateur. Donc, bien sûr, lorsque nous avons des émotions, les techniques d’imagerie cérébrale dynamique permettent de montrer que des aires spécifiques du cerveau « s’allument ». De nombreux réseaux de neurones s’activent. Mais c’est parce que le programme, les ondes, le flux de conscience sont en train d’utiliser le cerveau. Ils activent le cerveau. C’est la conscience qui active le cerveau; ce n’est pas le cerveau qui active la conscience. » (2)
Conscience aiguë sans cerveau irrigué
Dans la nouvelle vision qui se met en place aujourd’hui, le cerveau est comme un poste émetteur/récepteur. Il y aurait ainsi un « quelque chose » non-physique situé hors espace et temps qui interagirait avec le cerveau.
Le phénomène des expériences de mort imminentes semble corroborer cette hypothèse, comme le souligne le professeur de psychiatrie Bruce Greyson : « La présence paradoxale d’une conscience aigüe, lucide, et d’un processus de pensée logique pendant une période d’irrigation insuffisante du cerveau soulève des questions particulièrement embarrassantes pour notre compréhension actuelle de la conscience et de sa relation aux fonctions cérébrales. Comme l’ont conclu d’autres chercheurs, une sensorialité nette et des processus perceptifs complexes pendant une période de mort clinique apparente ébranlent la conception d’une conscience exclusivement localisée dans le cerveau. » (3)
En d’autres mots: » Le cerveau est d’une certaine manière équipé d’un bouton « Eject », qui permet à la conscience de sortir du corps, comme un avion de chasse avec un siège éjectable. » (4)
Corrélation ne signifie pas causalité
En résumé, voilà ce que disent les chercheurs Sylvie Déthiollaz et Claude Charles Fourrier :
« Actuellement, tout neuroscientifique « orthodoxe » part du postulat de base que les impulsions dans notre cerveau sont à l’origine du phénomène de la conscience. Tout ce que nous vivons, y compris nos pensées, nos croyances, nos intentions, notre sens du moi, résulterait d’impulsions neurochimiques. Bien que cette idée soit souvent énoncée comme une vérité qui aurait été prouvée scientifiquement, il est important de rappeler qu’il n’en est rien. En fait, cette affirmation repose uniquement sur trois constats :
– Premièrement, il existe une corrélation entre l’activité mentale et l’activité cérébrale. Pourtant… cela n’implique ni causalité, ni identité entre les deux…
– Deuxièmement, certaines lésions cérébrales provoquent l’altération ou la perte partielle, voire totale, des fonctions cognitives supérieures (comme la pensée, les émotions, la mémoire, etc.). Prenons l’analogie avec un poste radio : lui couper quelques circuits altère en général fortement ou même totalement son fonctionnement. Pourtant l’origine des sons ne se trouve pas dans l’appareil…
– Troisièmement, on peut provoquer des états modifiés de conscience en stimulant électriquement le cerveau. Pourtant… là encore, pour les mêmes raisons évoquées précédemment, cela ne prouve rien. » (5)
La conscience à l’origine de l’activité cérébrale
» En réalité, toutes ces observations peuvent aussi être expliquées par une vision non matérialiste de la conscience, c’est-à-dire où celle-ci serait au contraire à l’origine de l’activité cérébrale. Il s’agit simplement d’une question d’interprétation. Et les neurologues ont-ils vraiment opté pour la plus convaincantes ? Car la vision matérialiste ne permet pas d’expliquer les phénomènes hors norme de la conscience autrement qu’en les réduisant à des hallucinations. Elle n’explique pas non plus les nombreux cas répertoriés et étudiés scientifiquement de personnes vivant une vie tout à fait normale, présentant même parfois un QI au-dessus de la moyenne et une carrière brillante, alors qu’elles n’ont pas de cerveau « discernable », par exemple en raison d’une anomalie de développement au cours de l’enfance ! Des cas extrêmement difficiles à expliquer en évoquant la seule plasticité neuronale… d’autant plus quand ils apparaissent à l’âge de la retraite, suite à une affection qui détruit tout le tissu cérébral. Sans oublier des nombreux cas d’EMI survenues lors de morts cliniques, où la conscience a été capable de prouesse étonnantes, alors qu’elle n’aurait même pas dû être en mesure d’halluciner !
Mais surtout, la vision matérialiste ne permet toujours pas de résoudre ce que le philosophe australien David Chalmers a nommé « le problème difficile de la conscience ». On peut le résumer ainsi : comment nos expériences subjectives peuvent-elles naître de processus physiques dans notre cerveau ?… L’identification des processus cérébraux ne nous renseigne pas sur le vécu intime d’une personne et ne nous dit rien de la conscience. » (5)
La science rejoint la religion
Comme l’explique le Père George de Saint Hirst : « Dans cette nouvelle perspective, le cerveau serait une émanation de la conscience et non le contraire. et cette conscience appartiendrait au corps énergétique, donc à une dimension subtile. Nous autres, religieux, sommes tout à fait en accord avec cela. Depuis des siècles, nous employons l’expression « En notre âme et conscience « . Pour nous, la conscience, c’est l’esprit. L’âme, c’est le véhicule qui transporte l’esprit. Et l’esprit habite l’âme. » (6)
Alexandra Urfer Jungen
1. Marie-Odile Riffard & Olivier Chambon, 8 raisons de croire en l’existence de la vie après la mort, lettre ouverte à ceux qui doutent encore, Larousse, 2022, p. 76
2. Marie-Odile Riffard & Olivier Chambon, 8 raisons de croire en l’existence de la vie après la mort, lettre ouverte à ceux qui doutent encore, Larousse, 2022, pp 87-88
3. B. Greyson, « Incidence and Correlates of Near-Death Experiences in a Cardiac Care Unit », General Hospital Psychiatry, 25, 2003, p.275
4. Dr Olivier Chambon & William Belvie, Expériences extraordinaires autour de la mort, réflexion d’un psychiatre sur la science de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, p. 72
5. Sylvie Déthiollaz, Claude Charles Fourrier, Voyage aux confins de la conscience, Guy Trédaniel éditeur, 2016, pp.203-205
6. Père Georges de Saint Hirst, L’exorcisme, guérison des maladies de l’âme, entretiens avec Julie Klotz, Guy Trédaniel éditeur, 2018, p.74
Retour à la page : « Ce mystérieux cerveau«