Techniques de combat

 

Laura Jungen a en mémoire d’innombrables techniques de combat datant de la deuxième moitié du XVIe siècle, en particulier celles liées à l’usage du sabre. En voici une liste.

Il faut relever que ma fille n’a suivi qu’une dizaine de cours découverte de Yoseikan et d’iaido. Néanmoins, en regardant des vidéos données par des maîtres d’iaido, elle m’a prouvé qu’elle avait la capacité d’indiquer spontanément les erreurs faites par les élèves et comment les corriger. Les rencontres avec un maître en iaido a par ailleurs permis de confirmer que ses souvenirs étaient corrects (pour en savoir plus, voir la page “Souvenirs de vies antérieures japonaises“).

Laura renonce très vite aux cours d’arts martiaux, parce que ce qu’on y apprend aujourd’hui est, dit-elle, trop loin de ses souvenirs et les techniques enseignées lui semblent inadéquates pour arriver à réellement se défendre. Elle regrette profondément que l’art du combat se soit perdu durant ces 500 dernières années et elle m’indique souvent quels étaient les gestes qui lui étaient enseigné à “son époque” pour me montrer l’écart profond qu’il y a entre ses souvenirs et ce qu’on apprend de nos jours. Je constate que ce qu’elle me raconte est toujours d’une très grande cohérence.

 

Les fondamentaux

L’école des samouraïs, c’est en fait un peu comme une école de chevaliers. Oto-Sama [le père adoptif et responsable d’un “dojo-monastère”] ne disait pas trop qu’on était samouraï : il disait qu’on était entraînés pour défendre ceux qui nous sont chers et pour défendre notre village. Ça arrive très souvent qu’un samouraï ne se décrive pas comme un samouraï (comme le chevalier qui va dire qu’il n’est pas un chevalier, mais un paladin). Le vrai samouraï se décrit juste comme quelqu’un qui a eu la chance d’apprendre à se battre et qui met cette chance au service des autres. On savait qui avait la grosse tête rien qu’à sa manière de se décrire ! Moi, je disais que je n’étais pas un samouraï, mais quelqu’un qui voulait apprendre à se défendre et qui voulait défendre les femmes et les enfants de la violence des hommes.

 

Les vêtements

Il y avait deux largeurs de hakamas : les traditionnels et ceux moins larges. Mais pour moi, il n’y avait rien de mieux que les pantalons « ninja » ! Ces pantalons ressemblaient à des sarouels, mais avec le tissu reliant les deux jambes beaucoup plus en haut de la cuisse. Le tissu était agréable à porter avec une certaine élasticité par rapport aux hakamas. Des pièces en cuir étaient ensuite ajoutées au niveau des tibias, ainsi qu’une protection sur les genoux.

Je me souviens que le hakama était attaché plus haut qu’il ne l’est aujourd’hui, ce qui explique qu’il n’y avait pas besoin de remonter tout le temps le tissu pour, par exemple, s’asseoir ou monter des marches. Il était attaché plusieurs centimètres au-dessus du nombril et il nous arrivait au-bas du mollet. C’était la hauteur normale. On voyait toujours nos pieds quand on était à genoux. On ne devait quasiment jamais bouger le hakama pour nous asseoir ou faire certains mouvements.

 

Le sabre en bois d’entraînement

On s’entraînait beaucoup avec les sabres en bois. Ils faisaient le même poids que les sabres en métal. Il y avait un trou à l’intérieur du sabre en bois pour mettre des poids dedans et on utilisait un bois spécial, particulièrement lourd et compact, de manière à ce qu’il résiste aux chocs. La poignée avait la même forme et les mêmes lacets en tissu que les sabres en métal. Le tsuba (la garde) était aussi présent sur les sabres en bois d’entraînement.

 

L’usage de colorants

Chez moi, on utilisait une sorte de pâte rouge qui était répandue sur les sabres en bois durant les entraînements. C’était un peu comme au paintball : elle permettait de visualiser les points faibles en laissant des traces rouges sur les vêtements, ce qui permettait ensuite de s’améliorer. J’ai importé plus tard cette technique de colorant dans les camps d’entraînement de l’armée.

La pâte était faite à partir de pétales de fleurs séchées, de fruits séchés et de mochi (pâte de riz très gluante) qui étaient ensuite écrasés dans un peu d’eau. Cela donnait une pâte assez consistante pour coller sur les lames.

 

Le sabre

Le sabre devait respecter la taille de son propriétaire, donc il était personnel. On ne pouvait pas passer son sabre à quelqu’un.

Je cachais des poisons, du fil pour recoudre les plaies, ainsi qu’un baume gras pour stopper les épanchements de sang (des objets très légers) dans mon sabre. D’autres faisaient aussi ça.

 

Le salut au sabre

Le sabre était mis en face de nous et on le saluait comme s’il était une personne. Pour nous, il y avait une énergie/âme dedans. On salue de face les personnes. On ne va pas se mettre de côté à 45°! Ce serait un manque de respect. Et on n’est pas non plus collé à cette personne : le sabre était à une quarantaine de centimètres de nous.

Pour nous, le sabre était un prolongement du bras et un ami fidèle.

A mon époque, on saluait le sabre également à la fin de l’entraînement.

 

Le salut à l’adversaire avec le sabre posé à sa droite

La symbolique de base était : je présente mes respects avec mon sabre à la personne en face de moi. Je mets donc le sabre au niveau de mes mains lorsque je fais le salut. Si le sabre est derrière moi, je suis supérieur à lui. Ce n’est plus un partenaire et nous ne sommes plus ensemble pour saluer l’adversaire.

Nous n’avions pas la garde de notre sabre posée vers l’arrière, même si on se mettait en position de saluer. A l’époque, on aurait pris la personne qui fait ça comme quelqu’un qui ne sait pas tenir un sabre ! On avait un respect plus grand pour quelqu’un qui tenait son sabre de manière à le dégainer et qui ne le dégainait pas plutôt que le contraire.

 

Dégainer son arme

Pour dégainer la lame, on repoussait légèrement le fourreau en arrière, juste assez pour faire passer toute la lame. On ne mettait pas le fourreau totalement derrière nous.

 

Tenir son sabre

La position pour tenir le sabre dépendait de la taille du sabre et de la taille des mains.

Comment on tenait son sabre : la main du haut était à deux doigts (3 doigts si les doigts sont très fins) du tsuba. C’est cette main qui amène la finesse du mouvement. En ayant la main à cet endroit, la lame apparaît également moins lourde. La main du bas est située entre 1 et 2 doigts de la main du dessus. L’index de la main située en haut fait l’arrêt des mouvements. Il faut imaginer que c’est comme tenir un pinceau géant à deux mains. Tout doit être fluide. La main située en bas du manche dirige le sabre. La main au-dessus permet de partager le poids et de donner un mouvement fluide et coulé.

 

Les échauffements

A l’époque, nous nous échauffions chacun avec nos sabres dans nos fourreaux avec des mouvements en solo, puis à deux avec des combats d’échauffements avec les sabres en bois.

Les combats d’échauffement de mon époque : c’étaient des combats au ralenti où chacun sait quels mouvements faire. Ces mouvements de « danse » permettaient de s’échauffer pour voir si on était bien et si on avait les bons appuis.

 

Créer une absence de tension dans les mouvements

Il ne faut pas créer de tensions dans le corps lorsqu’on manie le sabre. Cela amènerait aussi un certain déséquilibre. Il ne faut pas tenir le sabre à bout de bras. La seule situation où l’on avait cela, c’était dans un enchaînement de mouvements avec un ennemi très réactif. Autrement, les bras doivent être détendus et plus rapprochés du corps.

En tenant le sabre à une main, pour certains mouvements l’avant-bras servait de support et permettait de répartir le poids. Il y avait ainsi moins de pression dans le poignet.

La position de nos pieds au sol était en triangle.

 

Les mouvements

A l’époque, quand on était en mode « élève », il était clair qu’on n’était pas en vrai combat. On était en mode « jeu », un peu comme des chats qui jouent ensemble. On n’était pas en mode « Je te vise pour te toucher ».

A l’époque, nous apprenions le mouvement de base comme s’il y avait un cran d’arrêt dans les bras quand on se trouvait à l’horizontal par rapport au sol. Le cran d’arrêt n’est pas fixe selon les personnes : selon la longueur du bras, il peut être un peu plus haut ou un peu plus bas. Le manche pourra être en dessous du nombril ou au-dessus (mais pas trop au-dessus). On sent quand on fait le geste juste ou faux. Le sabre est forcément bien positionné quand on a trouvé son cran d’arrêt personnel.

Personne ne progressait avant que ce mouvement de base ne soit totalement acquis. C’était la base de tous les mouvements de savoir s’arrêter pile au bon endroit avec fermeté. Comme ce mouvement était la base pour tout, si celui-là n’était pas ferme, cela signifiait qu’on ne ressentait pas son sabre, ni ses bras. Donc aucun autre mouvement n’allait être ferme. Quand ce geste était maîtrisé, on pouvait manier le sabre dans tous les sens, parce qu’on partait forcément du bon endroit.

De « mon temps », nous apprenions en premier à bouger le haut du corps jusqu’à obtenir un mouvement fluide et ferme, puis nous bougions le bas. Ce n’est pas naturel de devoir bouger les jambes en même temps que les bras quand le mouvement du haut du corps n’est pas acquis : dans ce cas, on ne réfléchit pas au mouvement, mais aux pieds.

Lorsqu’on était à l’aise et qu’on avait parfaitement compris un mouvement, on enchaînait. On travaillait jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune hésitation, ce qui est logique en situation de combat où le geste devait être précis.

Lors des entraînements, nous travaillions un peu avec les deux mains, même si on avait forcément une main dominante. L’idée était de pouvoir se dégager du combat, même si on était blessé du côté de notre bras dominant.

Le poids devait généralement revenir sur le pied arrière à l’issue du mouvement pour permettre l’enchaînement avec d’autres gestes.

Nous ne rengainions jamais le sabre avec une jambe en avant. Cela ne permettait pas de dégainer suffisamment rapidement en cas de besoin. On revenait au point mort (en se tenant droit, jambes parallèles) et, ensuite, on rengainait.

On évitait de trop dégainer et rengainer notre sabre : ça ne servait à rien. En plus cela abîmait le sabre et, surtout, le fourreau.

Il fallait toujours visualiser un point fixe quand on s’entraînait. Il ne devait pas bouger.

Mon prof n’aimait pas qu’on fasse des mouvements pour « planter » l’adversaire avec notre sabre. Il nous disait : « Tu te rends compte si ton sabre reste coincé dans l’armure ? ». Il devait y avoir du vécu pour qu’il nous dise ça et c’est pour cela qu’il nous l’enseignait.

 

Fin de l’entraînement

Nous faisions des mouvements de décharge de l’énergie du sabre et des membres à la fin de l’entraînement. Ces mouvements permettaient aussi d’éviter les courbatures.

 

Combats à genoux

Les mouvements à genoux : il n’y avait quasiment pas de situation où on pouvait utiliser ça, à moins de vouloir dégager l’espace pour permettre de se relever (lors d’une bataille de bar, par exemple). Autrement, on ne combattait pas à genou ! Jamais ! On se levait le plus vite possible, sinon on ne pouvait pas voir l’ennemi derrière soi. Quand on est à genou, on n’a pas la même rapidité que debout ! On est une cible facile ! On pouvait faire un mouvement de sabre vers l’arrière pour toucher l’ennemi, mais on n’était pas certain de toucher notre cible et le plus souvent, on touchait à peine la jambe !

Quand on était à genoux, le sabre était toujours posé à côté de nous, Cela aurait été inconfortable de le garder à la ceinture ! Quand on entrait dans un bar, on ne le gardait pas à la ceinture : les gens étaient agenouillés et le sabre aurait pu assommer quelqu’un en passant à côté de lui ! A cette époque, cela aurait pu vite dégénérer ! On tenait le sabre dans la main gauche (si on était droitier, ce qui était le cas de la quasi-totalité des gens) de manière à pouvoir tout de suite dégainer en cas de besoin.

Aujourd’hui, durant les cours d’arts martiaux, on devrait apprendre des mouvements à genoux où le sabre n’est pas à la ceinture et pas dégainé, comme c’était le cas avant. Il faut déjà parer le coup avec le fourreau, puis dégainer le sabre en se levant rapidement.

 

Prendre en compte la courbure du sabre

La gravité oblige à effectuer un mouvement de sabre avec une petite courbe et donc à la fin du mouvement, le sabre est légèrement ramené vers soi, un peu comme lorsqu’on rame.

Le sabre a une forme courbée, de ce fait les mouvements optimaux doivent adopter une courbe. Par exemple, la manière de couper doit intégrer une légère courbe. Si un mouvement s’arrête droit en face, on va se retrouver en déséquilibre.

 

La frappe

Si un sabre est grand et long, ce n’est pas pour rien ! A l’époque, on utilisait toute la lame. On pouvait par exemple viser le cou de l’adversaire avec le centre de la lame, puis faire un mouvement de rotation en tournant autour du cou pour achever l’ennemi.

Lorsque j’entraînais mes hommes, je faisais en sorte que les coupes ne soient pas toujours les mêmes lors des entraînements. Quand les élèves étaient à l’aise et efficaces avec un mouvement, je les mettais deux par deux. Si là aussi, ils étaient à l’aise, je leur demandais de changer de coupe : une fois à gauche, une fois à droite, au milieu, etc.

Le sabre peut être pointé vers l’arrière sur le côté droit avant de frapper. A l’époque, il était important que l’adversaire ne voie pas le sabre. Il était caché par le corps positionné de côté. Si cette position demande une plus grande amplitude pour réagir et un plus long déplacement du bras, il y a un gain face à un ennemi, parce qu’il ne peut pas savoir à l’avance quel mouvement sera effectué.”

Efficacité du mouvement

Il ne faut pas de lenteur du mouvement, parce que ça a pour conséquence de faire perdre l’équilibre. Il faut imaginer qu’en combat, c’est comme d’être dans l’eau : il faut battre des mains et des pieds à un certain rythme pour être efficace.

Alors que je commençais à apprendre à manier le sabre, on me répétait sans arrêt, du matin au soir pendant deux ans, qu’il fallait absolument manger l’espace de l’adversaire. Pour cela, il était important de faire rapidement des grands pas en direction de l’adversaire. On n’arrêtait pas de nous dire : « Il faut manger la distance pour que l’adversaire ne puisse pas réagir. Il ne va pas s’attendre à ce qu’on avance aussi rapidement ! ».

Le but, en combat, c’est de déstabiliser l’ennemi. Pas de lui laisser une seconde chance.

Chaque mouvement que nous faisions avait un sens. On savait pourquoi nous l’exécutions. C’était un art pour défendre nos vies. Nous devions savoir nous défendre réellement avec notre sabre !

 

Les combats

Lors des combats, le mouvement 1 engendrait la réaction 2 qui engendrait la réaction 3, etc. Il fallait réagir au dernier moment, parce qu’en combat, il ne fallait pas que l’ennemi comprenne trop vite quelle riposte allait être utilisée. Il ne fallait pas lui laisser le temps de riposter, parce qu’il avait vu notre réaction ! Il fallait que chacun attende le mouvement de l’adversaire pour agir. Il ne pouvait pas anticiper son mouvement de riposte.

Un sabre n’est pas un pistolet. On ne vise pas le front : le front, c’est dur ! Il n’y a qu’une toute petite zone où on peut traverser la tête. A la limite, on vise l’œil.

Dans un vrai combat, on criait lorsqu’on faisait les mouvements, mais pas en entraînement. Mon prof disait : « Je veux entendre un oiseau chanter ! ».

On ne lâchait pour ainsi dire jamais une arme au sol. On risquait de se blesser ou de blesser quelqu’un si on faisait ça.

En combat au sabre, on pouvait faire une ou deux feintes, mais pas plus et c’était le signe d’un haut niveau de maîtrise. En fait, dans ce cas, on était tellement doué et rapide qu’on arrivait à arrêter notre premier mouvement plus tôt pour passer à un autre. Ou alors, on était capable de terminer notre mouvement très vite, comme en accéléré, avant d’enchaîner avec un deuxième.

 

Combats au bâton et au kama par rapport à un combattant au sabre

Pour le bâton, on utilise des mouvements amples pour gagner en force centrifuge, alors qu’avec le sabre, les bras sont souvent plus collés au corps pour avoir la force physique de trancher les chairs.

Le samouraï n’aurait aucune chance de gagner face à trois adversaires avec un kama (faucille) dans chaque main. Ces armes, utilisées par les ninjas, étaient particulièrement difficiles à parer. Bien utilisées, elles permettaient de bloquer un sabre et, même dans certains cas, de casser la lame. Le seul moyen de faire face était de s’arranger pour que le ninja perde une de ses armes. Face à une seule d’entre elles, le combat était plus équilibré”.

Laura se souvient qu’elle arrivait à se battre contre ces armes en utilisant également l’effet de surprise avec des mouvements de sabre inhabituels.

 

Égoutter le sabre

On ne peut pas égoutter un sabre avec un mouvement court. Pour égoutter le sabre, on effectue un mouvement vertical qui part de derrière la tête et quand on arrive un niveau de la cuisse, on effectue un petit mouvement du poignet pour donner plus de force centrifuge.

Un mouvement de côté (de l’épaule gauche à la cuisse droite) est aussi possible pour égoutter le sang. Il était utilisé pour impressionner l’ennemi en situation de combat.

Si on n’avait pas la place d’égoutter son sabre, on l’essuyait sur son épaule ou dans le creux du coude (ce qui n’était pas recommandé par les médecins à cause des risques de coupures).

Le mouvement de poignet était primordial lorsqu’on égouttait le sang : c’est lui qui allait faire partir toutes les gouttes. La lame ne devait pas goutter du sang dans le fourreau, sinon il sentait mauvais et on devait le changer !

 

Rengainer le sabre à la fin du combat et les fourreaux

En combat, on ne rengainait pas sans arrêt. Seulement à la fin de la bataille. Il y avait un côté beaucoup plus méditatif pour rengainer le sabre à la fin du combat, parce qu’il fallait décharger notre arme de l’énergie (et nous aussi !). On ne rengainait pas sans arrêt, parce qu’il fallait aussi vérifier que le sabre était propre avant de le mettre dans son fourreau !

A part avec les fourreaux en métal, on ne pouvait rien faire s’il y avait du sang dans ceux en bois. Il fallait les jeter tellement ça sentait mauvais. Ce n’était pas forcément parce qu’on avait rengainé une lame sale. Va récupérer un fourreau quand tu tombes dans une mare de sang ou que du sang gicle dans le fourreau ! Tu changes de fourreau ! Tu ne peux pas dire que tu le rinces : le bois gonfle et le sang s’incruste encore plus ! Les fourreaux en métal avaient la plupart du temps l’intérieur en bois pour protéger la lame. A cause de tout cela, ça pouvait arriver qu’on ait plusieurs fourreaux. On pouvait aussi les perdre sur le champ de bataille. J’avais un de mes soldats dont le fourreau avait giclé vers l’ennemi durant les combats et il ne l’avait pas retrouvé.

Si on avait perdu ou endommagé un fourreau, en attendant d’en avoir un nouveau, on avait une protection en bois avec en haut un rebord une forme de « T ». Pour que le sabre ne sorte pas de sa protection on l’entourait avec une corde sur cette forme en « T ». Mais du coup, le sabre était bloqué dans cette protection. On ne pouvait pas le dégainer.

Pour les soldats lambda avec des sabres créés à la chaîne, on avait de nombreux fourreaux de rechange. Mais comme chaque forgeron faisait la lame de manière légèrement différente (c’était sa marque de fabrique), les fourreaux ne s’adaptaient pas toujours.

 

Les petites blessures causées par l’usage du sabre

Beaucoup de personnes maniant le sabre avaient des cicatrices sur les mains, surtout causées par le stress du combat et l’empressement à dégainer. Mais on pouvait aussi se blesser dans l’empressement à rengainer lorsqu’on doit vite faire quelque chose. Cela m’arrivait souvent de me couper pour aller m’occuper des blessés après les combats. On pouvait même plus souvent se blesser en rengainant qu’en dégainant !

Les cicatrices sur les doigts (et le reste du corps) signifiaient qu’on s’était réellement battu. Quelqu’un qui disait « je suis super fort » et qui n’avait aucune cicatrice, on ne lui faisait pas confiance. Soit c’était quelqu’un qui ne savait pas se battre, soit c’était quelqu’un qui attaquait dans le dos ! On pouvait aussi se couper en entretenant le sabre. Lorsqu’on mettait un peu trop d’huile le sabre glissait des doigts. On disait aussi que le sabre pouvait être fâché contre nous si on s’était mal battu ou si on avait mal communiqué avec lui. Le chiffon qu’on utilisait pouvait alors être facilement déchiré et nous nous coupions.

Notre sabre était notre frère d’arme tout autant que les soldats qui se battaient à côté de nous ! Les sabres des soldats lambda, comme ils étaient créés à la chaîne n’avaient pas forcément tous une âme dedans. Mais une âme pouvait venir par lien affectif avec un soldat. Si un soldat était bien en symbiose avec son sabre, il pouvait avoir une impression d’entendre son sabre et avoir un guidage de son sabre. C’était absolument normal !

 

Une de mes particularités

J’avais des tiges métalliques [sonores] accrochées au bout de mon sabre. J’avais expliqué que j’entendais une différence si mon mouvement n’était pas fluide et ferme. Dans ce cas, les tiges sonnaient plus fort et de façon différente que si mon geste était précis et rapide. C’est quelque chose que j’ai gardé par la suite. Après, j’ai donné ce truc à ceux qui avaient de la peine à sentir quand leur mouvement était fluide et ferme. Quand ils entendaient le bon son, ils savaient que le geste était pratiquement juste.

 

Retour à la page : “Quand j’étais samouraï