ECO = état de conscience ordinaire
ECC = état de conscience chamanique
État modifié de conscience et survie
« Certains pourraient avancer que la raison pour laquelle nous autres humains passons la plus grande partie de notre vie de veille en ECO est que la sélection naturelle le voulait ainsi, parce qu’il s’agit de la vraie réalité, et que les autres états de conscience, excepté le sommeil, constituent des aberrations qui interfèrent avec notre survie. Autrement dit, si nous suivons cet argument, nous percevons habituellement la réalité de cette manière-là, parce qu’il s’agit toujours de la meilleure manière en terme de survie. Mais les récents progrès de la neurochimie montrent que le cerveau humain possède ses propres drogues de modification de la conscience , y compris des hallucinogènes tels que la diméthyltryptamine [DMT]. En termes de sélection naturelle, il semble peu probable que ces drogues soient présentes si leur capacité à modifier l’état de conscience ne pouvait pas conférer quelque avantage pour la survie. Il apparaît que la Nature elle-même a décidé qu’un état modifié de conscience est parfois supérieur à un état de conscience ordinaire.
En Occident, nous commençons seulement à comprendre l’impact que l’état d’esprit a sur ce qui, auparavant, était trop souvent perçu comme des aptitudes purement physiques. Lorsque dans un cas d’urgence, un chamane aborigène australien ou un lama tibétain s’engage dans un « voyage rapide » – une transe à grande vitesse -, il s’agit clairement d’une technique de survie qui, par définition, est impossible en ECO.
De la même manière, nous apprenons aujourd’hui que nombre de nos meilleurs athlètes entrent dans un état modifié de conscience lorsqu’ils réalisent leurs plus grands exploits. »
La transe au tambour et hochet
On utilise souvent le terme de transe chamanique, mais ce terme ne semble pas le mieux approprié, puisque le chamane se trouve dans un état modifié de conscience qui « n’implique pas forcément l’amnésie. En état de conscience chamanique, une partie de la conscience du chamane reste d’habitude légèrement connectée à la réalité ordinaire de l’environnement physique ou matériel où il se situe. La faible intensité de sa transe explique pourquoi le battement du tambour doit souvent être tenu par un assistant afin de le maintenir en ECC. Si le battement du tambour cesse, il se peut que le chamane revienne rapidement en ECO, et échoue ainsi dans son travail.
Le tambour et le hochet sont les instruments principaux utilisés pour entrer en ECC. En général, le chamane restreint son utilisation du tambour et du hochet à l’évocation et au maintien de l’ECC, ainsi, son inconscient en vient-il automatiquement à associer leur emploi au travail chamanique sérieux. Lorsque le son régulier et monotone du hochet et du tambour commence à se faire entendre, et qu’il a été maintes fois auparavant associé à l’ECC, il agit sur son cerveau comme un signal de retour en ECC. Par conséquent, seules quelques minutes de son familier du hochet et du tambour suffisent généralement à un chamane expérimenté pour entrer dans la transe légère au sein de laquelle la plus grande partie du travail chamanique est effectuée. »
L’effet du tambour et du hochet sur le cerveau
Des recherches en laboratoire menées par Neher ont démontré que le son du tambour produit un changement dans le système nerveux central. La stimulation rythmique affecte l’activité électrique dans de « nombreuses zones sensorielles stimulées » (1). Cela semble dû en partie au fait que le simple battement d’un tambour comporte de nombreuses fréquences sonores et transmet ainsi simultanément des impulsions le long de diverses voies nerveuses dans le cerveau. En outre, les battements du tambour sont principalement constitués de basses fréquences, ce qui signifie que plus d’énergie peut être transmise au cerveau par un battement de tambour que par un stimulus sonore de haute fréquence. Ce processus est rendu possible, affirme Neher, parce que « les récepteurs de basses fréquences de l’oreille sont plus résistants que les récepteurs de hautes fréquences, et peuvent ainsi supporter des amplitudes de son plus élevées avant que la douleur ne soit perçue.(1). Des recherches sur les danses de vision des Indiens Salish de la côte nord-ouest d’Amérique du Nord appuient et élargissent les découvertes de Neher sur la capacité du rythme du tambour à induire un état modifié de conscience. Jilek et Ormestad ont découvert que les fréquences de son du tambour situées dans la zone de fréquences des ondes thêta de l’EEG (quatre cycles par seconde) prédominaient durant les procédures d’initiation qui faisaient du tambour Salish en peau de cerf. Cette zone de fréquence, observe Jilek, qui « est censée être la plus efficace pour la production d’états de transe » (2)
Le son du hochet du chamane provoque une stimulation de plus hautes fréquences nerveuses dans le cerveau que ne le fait le tambour, et renforce ainsi les battements du tambour tout en augmentant l’effet sonore global. Mais cela dit, le son de la plupart des hochets est d’une amplitude suffisamment basse pour ne pas infliger de douleurs aux récepteurs de l’oreille.»
Le chant de pouvoir
« Avant d’entreprendre le voyage chamanique pour recouvrer un animal de pouvoir, vous devriez posséder un chant de pouvoir. Chaque chamane dispose d’au moins un chant qu’il utilise pour réveiller son gardien et ses autres alliés afin qu’ils l’aident dans les soins et d’autres pratiques. Pour acquérir un chant de pouvoir, prévoyez de passer une journée seul dans un lieu sauvage, où vous ne rencontrerez personne et où l’environnement naturel n’a pas été trop modifié par les humains. »
Jeûner toute la journée, se balader sans planifier d’itinéraire, se laisser imprégner éventuellement d’une présence animale et écouter ce que dicte l’inspiration sont d’autres moyens de se préparer au voyage chamanique.»
Les synchronicités
« L’un des points intéressants d’un voyage chamanique de recouvrement de l’esprit gardien couronné de succès est qu’il provoque souvent des synchronicités ou des coïncidences remarquables. Par exemple, il est courant que le patient, après avoir reçu un animal, révèle au chamane qu’il avait déjà une connexion inhabituelle avec cet animal en particulier. Il peut s’agir d’un souvenir d’enfance, d’une rencontre récente particulière ou de l’habitude ancienne de collectionner des images et des dessins représentant précisément cette créature
Un autre type fréquent de synchronicité que l’on rencontre fréquemment est la connaissance par le patient de certains de détails du voyage du chamane, bien qu’aucune communication verbale n’ait lieu. »
Les grands rêves
« D’un point de vue chamanique, les rêves sont de deux types : ordinaires et non ordinaires, ou « grands » rêves. Les chamanes ne se préoccupent normalement que des grands rêves. Un grand rêve est celui qui se répète plusieurs fois de façon similaire lors de nuits différentes, ou alors, n’a lieu qu’une fois, mais est tellement vivant qu’il donne l’impression d’être éveillé – c’est un rêve inhabituellement puissant. Les grands rêves sont généralement des communications de votre esprit gardien – par exemple votre animal de pouvoir. Parfois, l’esprit gardien, lui-même, apparaît dans le rêve. »
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info 47, Neher, Andrew, « A physiological explanation of unusual behavior in ceremonies involving drums », Human Biology 34 (2),1962, pp151-160
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Jilek, Wolfgang, Salish Indian Mental Health and Culture Change : Psychohygienic and Therapeutic Aspects of the Gardian Spirit Ceremonial, Holt, Rinehart and Winston of Canada, 1974
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Michael Harner, La Voie du chamane, un manuel de pouvoir & de guérison, mama éditions, 2011, pp 25, 26, 95-97, 124 et 157
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