Le « sortilège d’amour »

 

 

La création d’un lien artificiel avec l’être aimé

Un « sortilège d’amour » a pour but d’attirer à soi l’être que l’on désire. L’idée est de changer le point de vue de quelqu’un sur une situation, en entrant suffisamment dans son intimité pour agir sur son comportement. Grâce à un rituel couplé éventuellement d’un choc émotionnel et d’une grande volonté, le bourreau entre en contact avec sa victime. Le cas le plus courant est celui d’un homme qui s’éprend d’une femme à qui il ne plaît pas. Pour l’attirer à lui, il lui jette un sort, en ayant recours à un rituel, ou bien fait appel à un tiers. La femme qui n’avait que peu d’intérêt pour lui va soudain ressentir une attirance irrésistible jusqu’à tomber amoureuse.

Tout d’abord, l’auteur du sortilège met en place un lien professionnel et/ou amical avec sa victime. Grâce à un rituel répété chaque soir, à heure fixe, il créé en elle une programmation pour l’attirer à lui. Le rituel peut utiliser son nom, son prénom, sa date de naissance, sa photo, ses cheveux, ses rognures d’ongles ou encore n’importe quel objet lui appartenant comme un mouchoir, un linge de corps, etc. C’est d’ailleurs pour protéger des sortilèges qu’en Amérique latine, les coiffeurs remettent toujours à leurs clients leurs cheveux coupés, soigneusement emballés dans un sachet. Idem pour les manucures avec les ongles. Dans certaines cultures, on est très attentif à cela, mais malheureusement pas en France !

Dans l’objectif de déstabiliser émotionnellement sa victime, le bourreau créé tout d’abord avec elle une dépendance affective en devenant son plus proche confident. Pui, sans explication, il disparaît du jour au lendemain pendant un temps donné – deux ou trois jours – afin de créer un vide et susciter le manque chez sa proie. Le choc émotionnel peut aussi être déclenché par une tierce personne envoyée par le programmateur du sortilège auprès de sa victime, en suscitant, par exemple, une dispute, en déposant un animal mort devant sa porte ou encore en lui rayant la carrosserie de sa voiture. Toutes ces situations, bien ciblées, ont pour objectif de créer en elle de la colère ou de la peur afin de la faire entrer dans un processus négatif. C’est ainsi que la programmation installée patiemment chaque jour va pouvoir agir pleinement.”

 

Le philtre d’amour

Autre cas, celui du sortilège avec un philtre d’amour. A Madagascar, de nombreux expatriés tombent dans le piège. La femme amoureuse d’un homme très en place socialement – le plus souvent marié avec enfants – s’en remet au « dada-rabé » qui lui propose d’administrer à sa victime une préparation à base de plantes – un mélange de champignons, de « katcha-feuille » (écorce d’arbre en macération) et de marijuana -, provoquant un effet euphorisant, voire hallucinogène, tout en favorisant l’érection. Après avoir séduit son homme en usant de ses charmes physiques, la « belle » lui fait boire le philtre d’amour. Le plus souvent, la scène se déroule en discothèque, avec la complicité du barman. L’homme est tellement détendu qu’il perd toute notion de réalité et ne résiste pas longtemps aux avances de la créature qui va s’offrir à lui. Comme il a tous ses sens déployés sous l’effet de la drogue, il passe une nuit extraordinaire auprès d’elle. A chaque nouvelle rencontre, celle-ci lui fait boire le breuvage. La victime retrouvant le même bien-être, elle finit par confondre désir et sentiment d’amour.

Au bout d’un certain temps, toujours sur les conseils du « dada-rabé », la belle donne à son homme un autre cocktail à base de matière fécale et d’acide de batterie à verser dans son café. Celui-ci attaquant son foie, va engendrer chez lui de l’irritation, voire des crises de violence. Chaque fois qu’il rentre chez lui, le conflit surgit alors inévitablement avec sa femme et ses enfants. Las, il se réfugie de plus en plus souvent chez sa belle qui lui offre, toujours grâce à l’effet du philtre d’amour, des sensations qu’il n’a plus avec sa femme. A travers des massages ou des pratiques sexuelles, elle fait tout pour lui être agréable. Elle est douce, gentille, à l’écoute et pleine d’attention. Persuadé d’avoir trouvé la femme idéale, l’homme finit par quitter son épouse. Toujours fourni par le « dada-rabé », un autre breuvage, composé de marijuana, d’artichaut et de radis noir, lui nettoie le foie et lui fait retrouver une pleine santé.

Quand [le Père George de Saint Hirst] soupçonne ce type de phénomène, [il] demande toujours à la victime si elle a la bouche pâteuse, se surprend à avoir des relents gastriques ou des maux de tête quand elle rejoint précisément sa conjointe. Les philtres d’amour font des ravages. La femme acariâtre perd tout et la douce manipulatrice atteint son objectif. La première potion est utilisée sur tous, la deuxième et la troisième uniquement sur les hommes mariés. Des rituels sont faits en parallèle, grâce à une photo et à la récitation de certaines formules répétitives, en fonction des cycles de la lune.

Comme l’illustre très bien l’exemple, le sortilège jeté sur une personne en touche plusieurs autres. On les appelle les « dommages collatéraux ». Par exemple, toutes les femmes s’approchant de l’homme ensorcelé peuvent être atteintes dans leur être, si celles-ci sont dans une position de faiblesse ou victimes d’un dysfonctionnement. Les symptômes vont de la confusion mentale à la dépression jusqu’aux envies suicidaires. Dans ce cas, il est nécessaire de procéder à des « prières de délivrance » sur tous ».

 

Tiré de l’ouvrage : Père Georges de Saint Hirst, L’exorcisme, guérison des maladies de l’âme, entretiens avec Julie Klotz, Guy Trédaniel éditeur, 2018, pp 82-85