Le psychiatre Stanislav Grof a partagé dans son ouvrage Quand l’impossible arrive un cas qui l’a fortement marqué par sa composante maléfique. Je vous invite à le retrouver ici.
Rencontres avec des forces mauvaises
« Les rencontres avec diverses divinités courroucées et autres forces démoniaques sont très courantes chez les individus ayant pris des psychédéliques, participant à des séances de respiration holotropique ou confrontés à une émergence spirituelle. Un examen montre qu’il existe un lien étroit entre les entités maléfiques qui se manifestent dans ces états et les situations traumatisantes très difficiles et douloureuses vécues dans la vie présente ou dans une incarnation passée, telles qu’une anoxie à la naissance ou une souffrance fœtale, une quasi-noyade, des événements mettant la vie en danger ou des abus physiques et sexuels… Dans de nombreux cas, la rencontre intérieure avec le mal s’accompagne de diverses manifestations, qui peuvent être perçues de l’extérieur, telles que des grimaces bizarres, des expressions maléfiques du regard, des contractions spasmodiques de diverses parties du corps, des changements dans la voix, des vomissements. Dans un cadre thérapeutique, de tels épisodes peuvent avoir un effet de guérison et de transformation remarquable. »
Angoissante métamorphose
Le Dr Statinslav Grof aborde le cas de Flora, une jeune femme au parcours de vie très lourd, qui souffrait notamment de crampes faciales très pénibles. Durant sa troisième séance « les choses prirent soudain une tournure inattendue. Flora se mit à pleurer et à se plaindre de la douleur causée par sa crampe faciale qui devenait intolérable.
Sous mes yeux, les spasmes de son visage s’accentuèrent de façon grotesque et son visage se figea en ce que l’on pourrait qualifier de « masque du mal ». Elle se mit à parler d’une voix masculine grave, et tout en elle était si différent que je ne discernais plus guère de similitude entre son apparence actuelle et ce qu’elle était en temps normal. Ses yeux exprimaient une méchanceté indescriptible, qui me rappelait la dernière scène du film « Rosemary’s baby » montrant un gros plan du bébé conçu par le diable. Et pour compléter le tableau, elle avait les mains crispées qui ressemblaient à des griffes. Puis l’énergie qui s’était emparée de son corps et de sa voix prit la forme personnifiée du diable.
Chantage et intimidations
« Il » se tourna directement vers moi, m’intimant de ne plus m’approcher de Flora et de renoncer à tenter de l’aider. Il affirma qu’elle lui appartenait et menaça de punir quiconque oserait envahir son territoire. Suivirent un chantage explicite et des tentatives d’intimidations décrivant ce qu’il adviendrait de moi, de mes collègues et de notre programme, si nous n’obéissions pas. Il est difficile de décrire l’atmosphère étrange de cette scène ; on sentait à proprement parler la présence tangible du mal dans la pièce.
Ce chantage était d’autant plus impressionnant qu’il portait sur des informations concrètes que cette patiente ne pouvait pas connaître. Certaines me concernaient personnellement, mais beaucoup se référaient à mes collègues de Spring Grove. Lorsque je leur en fis part ultérieurement, ils furent stupéfaits, car il était impossible que cette patiente ou moi-même ayons pu avoir connaissance de données aussi précises sur leur vie privée par des moyens conventionnels…
L’aide de la Lumière
Je me mis en état de méditation et visualisai une bulle de lumière blanche qui nous enveloppait tous les deux. S’il y a une chose dont je me souvenais, de mes lectures d’ouvrages spirituels, c’était que les entités maléfiques n’aiment pas la clarté. Tout en méditant sur la lumière, Je pris la main crispée de Flora et me concentrai sur son visage défiguré en m’efforçant de retrouver celle que je connaissais. Cette situation dura plus de deux heures qui, en termes de perception temporelle subjective, furent les plus longues de mon existence, mises à part mes propres séances psychédéliques.
Passé ce temps, les mains de Flora se détendirent et son visage reprit son apparence habituelle. Ces transformations furent aussi soudaines que l’avait été la manifestation de cet étrange état. Je découvris rapidement qu’elle ne se souvenait pas de cet épisode. Plus tard, lorsqu’elle fit le compte-rendu de sa séance, elle décrivit les premières heures et enchaîna avec les événements postérieurs à son « état de possession ». Je m’interrogeai longuement pour savoir s’il fallait ou non aborder avec elle cet épisode survenu durant sa période d’amnésie, mais ne voyant aucune raison de lui faire part d’un moment aussi macabre, je n’en fis rien. Elle était lumineuse et se sentait bien.
Guérison spectaculaire
A ma grande surprise, cette séance provoqua chez Flora des avancées thérapeutiques remarquables. Ses tendances suicidaires disparurent et elle retrouva goût à la vie. Elle renonça à l’alcool, à l’héroïne et aux barbituriques, et se mit à assister assidûment aux rencontres d’un petit groupe religieux. Elle n’eut pratiquement plus de crampes faciales ; il semble que ce « masque du mal » qu’elle avait affiché pendant deux heures avait épuisé toute l’énergie qui les sous-tendait…
En cinquante années d’exercice de la psychiatrie, je n’ai jamais vu d’amélioration aussi durable et spectaculaire que celle dont je fus le témoin dans le cas de Flora. Après avoir passé des années à étudier et à exercer la médecine et la psychiatrie, je ne peux m’empêcher de voir une certaine ironie, et même de déceler une touche d’humour cosmique dans le fait que le résultat thérapeutique le plus flagrant que j’aie pu constater dans ma vie ne soit pas le fruit d’un traitement psychiatrique dans les règles, mais provienne d’un processus s’apparentant davantage à un exorcisme médiéval ou à l’intervention d’un sorcier qu’à une procédure thérapeutique rationnelle, fondée sur les découvertes de la science moderne. » (1)
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Dr Stanislav Grof, Quand l’impossible arrive, Aventures dans les réalités non ordinaires, Guy Trédaniel éditeur, 2018, pp402-405
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