La lévitation

 

 

Qu’est-ce que la lévitation ?

La lévitation est ce phénomène dans lequel un objet ou une personne a la capacité de rester en l’air ou même de se déplacer au-dessus du sol sous l’effet d’une force plus grande que la gravitation, cela sans aide technique.

 

Qui est touché par la lévitation ?

Les cas de lévitation authentifiés sont extrêmement rares. La plus grande partie des images que l’on a du phénomène montrent en réalité des personnes, souvent des yogis, qui ont été photographiés en train de sauter ou faisant un tour d’illusionniste. Il en ressort des représentations folkloriques, mais nullement représentatives d’un phénomènes hors-norme.

A ce jour, personne n’a réussi à léviter dans des conditions scientifiquement contrôlées. L’histoire nous rapporte cependant quelques cas intéressants.

 

L’envol mystique

Plusieurs récits de lévitation concernent des mystiques de l’Eglise catholique romaine.

On retrouve ainsi cette capacité dans la biographie de Saint-François d’Assise, mais la véracité de l’événement semble peu probable. En effet, le premier récit de vie du Saint rédigé en 1260, soit une trentaine d’années après son décès, ne mentionne nullement la lévitation. Il n’en est fait état qu’en 1266 et sa capacité semble augmenter au fil du temps, puisqu’une biographie de 1320 parle d’un François d’Assise ayant subitement la possibilité de voler au sommet des arbres.

D’autres cas semblent beaucoup mieux documentés, comme celui de Thérèse d’Avila au 16ème siècle. La religieuse montre alors des capacités de lévitation qui souvent l’effraient. Elle est soulevée d’une cinquantaine de centimètre dans la position qu’elle a initialement adoptée. Elle n’appréciait pas beaucoup cette expérience, mais elle raconte que quand elle ne parvenait pas à s’y opposer, la sensation de légèreté qu’elle ressentait était « délicieuse ».

A cheval entre le 18eme siècle et le 19ème siècle, une religieuse allemande, Anne-Catherine Emmerich a également cette faculté de s’envoler dans les airs. Un phénomène constaté à plusieurs reprises par ses sœurs. Loin d’être effrayée par ce vécu hors-normes, la sœur augustine utilise ce don pour aller chercher du raisin haut placé ou, mieux, pour effectuer à la perfection sa tâche de sacristine. Elle explique ainsi : « Il m’arrivait souvent d’être soulevée ; je pouvais alors atteindre les parties les plus élevées de l’église, telles les fenêtres, les sculptures, les pierres en saillie. Je pouvais nettoyer et ranger des endroits inaccessibles à un être humain. Je me sentais transportée dans les airs et n’avais pas la moindre peur : mon ange gardien était à mes côtés depuis l’enfance. »

Mais le religieux qui a sans le moindre doute vécu le plus souvent des phénomènes de lévitation est Joseph de Cupertino (1603-1663). Chaque fois qu’il avait une grande émotion, le moine franciscain italien s’élevait dans les airs. Il pouvait être soulevé alors qu’il priait, qu’il célébrait la messe, ou lorsqu’il s’arrêtait pour contempler un tableau au motif religieux. On recense une septantaine de vols généralement non-maîtrisés. D’illustres témoins assistent au prodige : l’Amiral de Castille Juan Alfonso Enriquez de Cabrera, ambassadeur d’Espagne auprès du Saint-Siège et son épouse qui en a eu un tel choc qu’elle s’évanouit. Il y eut aussi son médecin et de nombreux cardinaux. Jean-Frédéric, duc de Brunnswick-Calenberg, qui assista au phénomène durant une messe célébrée par le Père Joseph, vit le prêtre s’élever durant quelques minutes au-dessus de l’autel où il célébrait l’Eucharistie. Craignant une supercherie, le duc passa son épée sous les pieds, au-dessus de la tête et tout autour du moine franciscain sans découvrir de subterfuge.

Le témoin le plus prestigieux des élévations du franciscain est le pape Urbain VIII. L’événement se déroula durant une audience qu’il accordait aux moines du couvent où vivait Joseph de Cupertino. Au moment de baiser à son tour les pieds du pape, il s’éleva au-dessus du niveau du trône pontifical et resta en l’air de longs instants sous les yeux de nombreux témoins oculaires. Il fallut que son supérieur lui ordonne sévèrement de redescendre sur-le-champ pour qu’il repose les pieds sur terre. Le pape Urbain VIII, qui observa tout cela sans broncher dit alors froidement au père supérieur : « Si le frère Joseph meurt durant Notre pontificat, Nous voulons servir de témoin à son procès [de canonisation] pour déposer du prodige dont nous venons d’être témoin. »

En ayant de telles capacités, Joseph de Cupertino est dans le viseur de l’Inquisition qui se méfie, mais ne trouve rien à lui reprocher. Cependant, à cause du désordre occasionné par ses compétences hors-normes, il reçoit à plusieurs reprises l’ordre de se mettre à l’écart. Saint Joseph accepte toujours ces mesures avec une profonde humilité et sans jamais se plaindre.

Le « merveilleux saint volant » est aujourd’hui le saint patron des pilotes d’avions.

 

La lévitation yogique

Au XIXe siècle, de nombreux voyageurs européens se rendant en Inde affirment avoir vu des yogis s’élever dans les airs. Olivier Leroy rapporte ainsi dans son ouvrage « Lévitation » (paru en 1922) le témoignage d’un français qui aurait vu en 1866 le fakir Covindassamy s’élever à plusieurs reprises de plusieurs dizaines de centimètres au-dessus du sol.

En Inde, il est admis que les sadhus puissent développer certaines capacités paranormales qu’ils appellent « siddhis ». La lévitation, ou laghima qui signifie « devenir aussi léger qu’une plume », en fait partie. Le recueil « Yoga Sutras » indique que la personne suivant l’enseignement yogique obtient naturellement des siddhis au fur et à mesure que la kundalini monte le long de sa colonne vertébrale et active ses chakras. Dans son livre « Lévitation », Steve Richards écrit : « La lévitation provient de la pranayama, elle-même issue du contrôle d’une énergie de l’air appelée prana… c’est-à-dire l’énergie sous sa forme la plus pure ». Le contrôle de la matière par l’esprit est possible, « parce que non seulement prana contrôle l’esprit, mais est l’esprit ». (1).

La lévitation serait également pratiquée par des moines bouddhistes au Tibet.

 

Le cas Daniel Dunglass Home

L’un des cas de lévitation souvent mis en avant est celui du médium écossais Daniel Dunglass Home.

L’homme était selon les témoins capable de défier bien des lois de la physique, par exemple en étant capable de plonger ses mains dans un feu de cheminée sans en être brûlé. Mais il s’est surtout fait connaître par sa capacité à virevolter en l’air. Il explique ainsi dans son autobiographie « Pendant des élévations ou lévitations, je ne ressens rien d’autre qu’une puissance électrique autour des pieds. Je me sens soulevé et n’ai jamais éprouvé la moindre peur. Souvent mes bras se raidissent et s’étirent au-dessus de ma tête, comme si je saisissais le pouvoir invisible qui m’a lentement arraché du sol. » (2)

En 1870, la Société de dialectique a mené une expérience avec Home dans le quartier de Westminster à Londres. Trois jeunes invités de prestiges assistèrent à la performance du médium : Le Vicomte Adare qui travaillait pour le journal Daily Telegraph, James Ludovic Lindsay, le futur président de la Société royale d’astronomie et administrateur du British Museum, et Charles Bradstreet Wynne, officier en poste à la Tour de Londres. Tous trois crurent voir Home s’élever par lévitation, flotter dans la pièce, traverser une fenêtre et revenir par une autre d’une pièce voisine. Si Sir Conan Doyle était enthousiaste en affirmant face à cet exploit : « On est en droit de se demander s’il n’y a jamais eu de preuve plus évidente de la présence du surnaturel », bien d’autres se sont interrogés sur la réalité de ce cas. Il faut ainsi rappeler que cette expérience s’est déroulée au domicile même de Home, ce qui pouvait faciliter une supercherie. En outre, des contradictions dans les témoignages mettent en doute la réalité de l’expérience. Trevor H. Hall qui a beaucoup étudié le cas rappelle dans son ouvrage  The Enigma Daniel Home : medium or Fraud ? , que le Vicomte Adare et James Ludovic Lindsay étaient obnubilés par le médium et passaient le plus clair de leur temps à ses côtés. L’influence qu’avait sur eux le médium charismatique n’en fait pas des témoins totalement crédibles. Trevor Hall conclut ainsi dans son ouvrage : « A mon avis, la seule explication possible est que les observateurs étaient dans un état second durant toute la séance et plus généralement pendant tout le temps où ils ont fréquenté Home, qui avait un énorme pouvoir de suggestion sur son entourage… La séance de lévitation à Ashley House était une habile supercherie, mise au point par Home dans son propre intérêt. » (3)

La question qui reste est de savoir si l’expérience, très certainement faussée, de Westminster est un cas unique. Le médium a en effet été aperçu à de nombreuses autres reprises en train de léviter, mais de manière autrement moins spectaculaire, à seulement quelques centimètres du sol. A-t-il organisé une seule fraude dans sa maison pour impressionner des personnes honorables et s’assurer de leur soutien ou a-t-il chaque fois trompé son monde ?

 

Alexandra Urfer Jungen

 

1. Steve Richards, Levitation, Aquarian Press, 1980
2. Daniel D. Home, Incidents in my Life », A. J. Davis & Co, 1863
3. Trevor H. Hall, The Enigma Daniel Home : medium or Fraud ? , Prometheus Books, 1984

 

Retour à la page : « La psychokinèse«