L’hypertrophie du cerveau gauche
Depuis le siècle des Lumières, l’homme occidental s’est de plus en plus lancé dans une rationalisation extrême du monde en même temps que s’éloignaient les valeurs religieuses. Le lobe temporal gauche, celui de la raison logique a été hypertrophié, alors que le lobe temporal droit, celui qui nous relie avec l’invisible, a été peu à peu déconnecté.
Un rythme de vie qui ferme la porte à l’inconnu
Notre rythme de vie de plus en plus démentiel n’a fait qu’amplifier le problème. Aujourd’hui, tout notre temps est monopolisé par des activités plus ou moins utiles et épanouissantes, comme en témoigne le journaliste Stéphane Allix : « Je m’aperçois que dans ma vie […] tous mes actes ont un objectif ou une raison. Aller ici, faire cela, etc. Pas une seconde je ne suis disponible, pas un instant mon esprit ne fait rien. Et je m’étonne d’être coupé de mes ressentis ? Mais à quel moment de mes journées serais-je disponible pour permettre l’éclosion de ces manifestations si subtiles, si fragiles, alors que je cours en permanence ? Comment être interpellé par l’inattendu quand je suis constamment occupé ? […] Je mesure confusément combien mon activité permanente et mon désir mental de tout interpréter cachent une peur, la peur de cet inconnu qui m’apparaîtrait si je laissais mes perceptions s’ouvrir pleinement. De quoi, ou de qui, ai-je peur ? Où va m’emporter cette énergie qui est en train d’exploser en moi ? » (1).
Ce que nous imposons à nos enfants
Ce rythme qui ne laisse aucune place à l’imaginaire, à l’inconnu, à la perception de ses talents et de ses dons, nous l’imposons trop souvent à nos enfants. Activités extra-scolaires qui se cumulent en agendas de ministres, auxquelles viennent s’ajouter les visites aux répétiteurs, aux psys, aux logopédistes et autres spécialistes qui permettront à l’enfant d’entrer dans le cadre que la société lui fabrique.
Coupé peu à peu de ce qui fait sa spécificité, l’enfant peut avoir le sentiment d’étouffer. Combien s’échappent derrière leurs écrans pour se déconnecter d’une société qui ne respecte plus les talents de l’enfance ? Combien de fragilités physiques et psychiques apparaissent, bien souvent à l’adolescence, parce qu’il a fallu cacher des dons, quels qu’ils soient, au risque de créer des « courts-circuits » dans le corps ?
Le sentiment d’impuissance
Cela fait penser à cette expérience menée avec des souris. Elle a démontré que ce n’est pas le stress qui est le plus grand facteur de risque pour la santé, mais le sentiment d’impuissance et le manque de contrôle sur le cours de sa vie. Et cela ne touche pas seulement les animaux comme l’a montré cette étude menée par des chercheurs de Yale et de Harvard auprès de personnes âgées en maison de retraite. Résultat :« Les patients qui avaient davantage de contrôle sur leur vie étaient plus heureux, plus optimistes et il n’y avait parmi eux que 15% de mortalité, contre 30% pour l’autre moitié qui suivait les règles draconiennes classiques » (2).
Les enfants (mais aussi les adultes) qui sont forcés de cacher -voire de nier- leurs compétences sont eux aussi dans un profond sentiment d’impuissance. Il faut aujourd’hui avoir un puissant « ego » pour faire sa place dans ce monde. Dans ces conditions, comment peuvent s’épanouir ceux qui ont la certitude d’appartenir à un tout et ont une vocation de partage ? On peut se demander pourquoi la phobie scolaire fait autant de ravages aujourd’hui.
Des catastrophes pour nous réveiller
Lorsque nous nous coupons de nos ressentis, il faut souvent une catastrophe pour qu’on puisse reprendre le cours de nos aspirations les plus profondes. Comme le dit Marie-Pierre Dillensenger, maître Feng shui : « Une culture comme la nôtre, qui refuse de laisser la place aux forces subtiles, ne laisse malheureusement à ses membres que la possibilité de chocs majeurs tels des accidents ou des problèmes de santé pour se connecter à ces réalités-là. Plus la culture est féroce en tenant à distance ces forces, plus c’est par le biais de gros pépins qu’elles se révèlent à nous, puisqu’il y a des carcans partout ailleurs » (3)
S’abandonner pour vivre l’incroyable
Les capacités extra-sensorielles ne demandent pas d’effort pour exister, si ce n’est d’abandonner toute idée préconçue. Il faut laisser faire, « reposer son cerveau », devenir réceptif et être en quelque sorte l’observateur de soi-même. Bref être dans le lâcher-prise. Dans ces conditions, pas étonnant que les enfants aient des capacités paranormales plus développées que les adultes. Pas étonnant que dans une société qui ne nous laisse pas une seconde de “temps de cerveau disponible”, nous ne puissions plus nous connecter non seulement à l’invisible, mais aussi à nos aspirations profondes.
Nous avons oublié qu’un Ailleurs existe. Il n’est pas une lubie de l’esprit, ni un quelque chose qui demeure loin de nous. Il est constamment présent à nos côtés. Accessible pour qui souhaite ouvrir sa porte ou plutôt rouvrir la porte que la majorité d’entre nous avons refermée durant l’enfance.
Pathologisation du paranormal comme l’était l’homosexualité
Le psychologue clinicien français Nicolas Dumont s’exprime ainsi sur les dangers qui attendent les adolescents qui restent isolés face à leurs expériences paranormales : « Ce n’est pas très différent de phénomènes plus habituels comme la problématique homosexuelle chez l’ado, qui, pathologisée par l’entourage et considérée comme un motif d’exclusion, va créer une souffrance. Il en est de même pour les expériences extraordinaires… Chez un adolescent déjà fragile, ou vivant dans un milieu familial pathologique, ces expériences peuvent alors révéler ou accentuer une pathologie qui était déjà en germe. » (4)
La société a été conscientisée aux problèmes de l’homosexualité. Quand est-ce qu’elle s’ouvrira enfin à toutes celles et à tous ceux, si nombreux (tellement nombreux !), qui vivent des phénomènes paranormaux et n’osent pas en parler de peur d’être rejetés ou hospitalisés ?
Et on peut rêver qu’au moment même où la société acceptera enfin cette part de l’être humain, au moment où nous pourrons enfin faire la paix avec notre partie “hors-norme” et vivre sereinement avec nos talents personnels, des changements en profondeur de notre réalité pourront enfin voir le jour. Des changements qui pourraient bien amener la venue de ce monde meilleur auquel nous aspirons tous.
Alexandra Urfer Jungen