Qui est touché par les expériences de mort imminente ?

 

Un phénomène qui touche l’ensemble des populations

Il est impossible de prédire qui vivra une expérience de mort imminente puisque aucune population ne semble plus susceptible qu’une autre de vivre cet événement.

« Ring explique (1) : « Aucune corrélation significative n’a été repérée entre l’âge [même par rapport à de jeunes enfants], l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, le statut économique et la probabilité de vivre une EMI, son contenu et sa profondeur ».  Aucune relation significative n’a par ailleurs été trouvée entre les croyances religieuses et la probabilité de vivre une EMI, ou sa profondeurBush (2) ajoute « qu’aucune corrélation n’a été établie entre la biographie, les croyances, le comportement ou l’état d’esprit d’une personne et la probabilité de vivre une EMI radiante ou au contraire une expérience extrêmement pénible. » (3)

 

La cohérence par-delà les différences

Des petites différences peuvent néanmoins apparaître en fonction des cultures. On peut les comprendre comme une adaptation destinée à faciliter « le Passage ». Par exemple, le « tunnel » si courant dans les récits provenant d’Occident sera remplacé au Japon par des caves qui symbolisent dans ce pays le passage à une nouvelle réalité. De même, dans la partie transcendantale de l’expérience, un musulman pourra rencontrer un mufti, un hindou des dieux de sa religion et un catholique un Saint qu’il vénère particulièrement.

Mais les expérienceurs relèvent plus souvent que leur EMI est fort différente de ce qu’ils avaient imaginé par rapport à ce qu’on leur avait répété dans leur religion et dans leur culture. Ce qui frappe, c’est qu’au-delà de quelques images rassurantes et certaines différences propres à chaque individu, le schéma de base des expériences de mort imminente reste le même pour tous, démontrant un tronc commun allant bien au-delà des religions et des cultures. A noter que les personnes qui reviennent à la vie après une tentative de suicide rapportent, elles aussi, le même schéma que les personnes ayant vécu une expérience de mort imminente issue d’un accident ou d’une grave pathologie médicale.

 

Un bouleversement des convictions

L’expérience bouleverse souvent radicalement de nombreuses convictions intimes comme dans le cas de ces nombreux athées qui se mettent à croire en l’Au-Delà après leur EMI. Il en a été ainsi pour Eben Alexander, un professeur de chirurgie à Harvard (USA). Ce matérialiste professait que les EMI avaient toutes une cause hallucinatoire avant d’en faire lui-même l’expérience en 2008. Il est désormais l’un des plus ardents défenseurs de la réalité du phénomène. On peut donc affirmer que les expériences de mort imminentes ne sont pas des projections de l’inconscient.

 

Pourcentage de la population touchée

Loin d’être marginal, on a longtemps estimé que plus de 4% de la population occidentale a vécu une expérience de mort imminente en se basant sur des études effectuées aux États-Unis et en Allemagne (4). Des chercheurs de la Faculté de médecine de New-York indiquent un chiffre beaucoup plus élevé dans leur étude datant de 2020. Pour leur part, ils atteignent une prévalence de 11%, soit 850 millions de personnes pour une population de 7,8 milliards d’habitants !

Le Dr Jean-Jacques Charbonier indique qu’environ 18% des personnes ayant eu un arrêt cardiaque et déclarées cliniquement mortes ont vécu une EMI. Le Dr Bruce Greyson, psychiatre à l’Université de Virginie, (5) et le cardiologue néerlandais Dr Pim Van Lommel (6) montent pour leur part à 20%. Il y a évidemment plus de cas dans les régions possédant un système de santé efficace que dans les pays manquant de soins médicaux, puisque le nombre de cas dépend des possibilités de réanimation.

A noter que les enfants sont nettement plus susceptibles de vivre une EMI que les adultes, puisque 65% à 67% d’entre eux rapportent une expérience de mort imminente après un arrêt cardiaque. D’ailleurs les études ont montré que plus un patient est jeune et plus il a de probabilité de vivre une EMI. 

 

L’étude de François Lallier

La Thèse de doctorat « Facteurs associés aux expériences de mort imminente dans les arrêts cardio-respiratoires réanimés » de l’étudiant en médecine François Lallier, reprise ici par le Dr Charbonier, conclut : « Les EMI sont relativement fréquentes dans les ACR [arrêts cardio-respiratoires] (15,3%). Aucune augmentation significative des EMI n’a été mise en évidence chez les patients ayant des antécédents psychiatriques, neurologiques ou cardio-vasculaires. Il y avait en revanche significativement moins souvent d’EMI chez les sujets prenant des traitements au long cours, en particulier des bêtabloquants [médicament anti-hypertenseur] ou des benzodiazépines [médicaments utilisés pour réduire l’anxiété]. Outre l’importante fréquence du phénomène, que l’on connaissait déjà, les travaux de François Lallier attestent que l’EMI n’est ni liée à une maladie psychiatrique, ni en rapport avec un traitement psychotrope. Cette conclusion permet donc d’écarter facilement l’explication hallucinatoire chère aux matérialistes. » (7)

 

Ce qui favorise les EMI

L’infirmière Penny Sartori a pour sa part mené en Grande-Bretagne une étude clinique de cinq ans auprès de patients ayant survécu à un épisode critique. Elle constate que plus une personne est proche de la mort et plus elle a de probabilités de vivre une EMI. Comme François Lallier, elle remarque elle aussi que la prise de médicaments a plutôt tendance à diminuer les cas d’expérience de mort imminente qu’à les augmenter.

Aux Etats-Unis, Bruce Greyson, professeur émérite de psychiatrie et de science neuro-comportemental à l’Université de Virginie, constate pour sa part que l’occurrence de vivre une EMI augmente en fonction de la gravité de la maladie. (8)

 

Alexandra Urfer Jungen

 

1) Ring K., Life at Death : A scientific Investigation of the Near-Death Experiment, New York, Coward, Mc Cann and Geoghean, 1980
2) https://iands.org/ndes/about-ndes/key-nde-facts21.html?showall=1&limitstart
3) Evelyn Elsaesser-Valarino « Expérience de mort imminente / EMI », in Expériences extraordinaires, le manuel clinique sous la direction de Stéphane Allix et Paul Bernstein, EnterEditions, Paris, 2013
4) Institut Gallup 1993, US News and Word Report 1997, INA Schmied 1999
5) Greyson B., Kelly E., W. et Kylly E.F., “Explanatory models for near-death experiences”, in J.M.Holden, B. Greyson et James D. (éd.), The Handbook of Near-Death Experiences. Thirty Years of Investigations, Praeger/ABC-CLIO, 2009, 213-235
6) Van Lommel P., Wees Van R., Meyers V. et Elfferich I.,”Near-Death experiences in survivors of cardiac arrest. A prospective study in the Netherlands”, The Lancet, 2001, 358, 2039-2445
7) Jean-Jacques Charbonier, La Conscience intuitive extraneuronale, Guy Trédaniel éditeur, 2017, p.15
8) Bruce Greyson, “Incidence and correlates of near-death experiment in cardiac care unit”, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12850659

 

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