Comprendre le scepticisme

Le Pr Gary Schwartz explique pourquoi il est si difficile de croire les résultats positifs qui apparaissent dans la recherche sur le paranormal.

 

Syndrome de stress post-éducatif ?

Certains travaux ont mis en lumière des raisons psychologiques profondes expliquant pourquoi beaucoup d’entre nous, pas uniquement les sceptiques professionnels, ont du mal à croire. Souvenez-vous des célèbres expériences du physiologiste russe Ivan Pavlov, menées il y a un siècle: des chiens étaient conditionnés à saliver dès qu’ils entendaient une cloche sonner. Je me suis rendu compteque de nombreuses personnes dans notre société contemporaine, y compris moi-même, souffraient d’une forme insidieuse de névrose conditionnée. Nous avons été conditionnés depuis l’enfance à associer des mots tels que “âme”, “esprit” et “survie de la conscience” à des termes négatifs comme “stupide”, “impossible”, “faux”, “dément”, “Honteux”, “scandaleux”, “superstition”, erroné”, voire “trop beau pour être vrai”. Nos croyances sont tellement conditionnées que même les résultats d’expériences de laboratoire contrôlées suscitent de fortes émotions négatives. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser systématiquement aux termes “impossible”, “fraude” ou “c’est trop beau pour être vrai”. Les traumatismes émotionnels répétés peuvent aboutir à un syndrome de stress post-traumatique. Que se passe-t-il lorsque toute une société souffre d’un conditionnement émotionnel répété? Développe-t-elle un syndrome de stress post-éducatif ?

 

La différence entre sceptiques professionnels et scientifiques

Les sceptiques professionnels encourent peut-être le même risque que les ingénieurs en génie civil: si un pont s’effondre, la réputation et la carrière du concepteur de l’ouvrage s’écrouleront sans doute aussi. De la même manière, si la science parvient à démontrer que l’un des plus grands édifices conceptuels d’un sceptique s’est écroulé – la conviction que tous les médiums font semblant, par exemple -, le sceptique risque fort de perdre sa réputation et son gagne-pain. Qui sait ce que cet édifice entraînera dans sa chute?

En revanche, les scientifiques professionnels ne sont pas confrontés à de telles conséquences. Les théories vont et viennent. La Terre a été plate, puis ronde. Le soleil a d’abord tourné autour de la Terre, puis c’est la Terre qui a tourné autour du Soleil. Les objets matériels ont été solides (physique classique), puis essentiellement composés de vide (physique quantique). Si un édifice conceptuel s’effondre, les scientifiques en bâtissent simplement un autre… La science n’a pas pour objectif de confirmer nos croyances conditionnées, mais de révéler des vérités, quelles qu’elles soient.

 

Transcender nos cicatrices émotionnelles

[Nous sommes porteurs de] profondes cicatrices émotionnelles résultant du conditionnement dont nous sommes victimes, à cause desquelles beaucoup d’entre nous qualifient les données scientifiques [sur le paranormal], et leurs implications, d’ “insensées”. Le fait est que c’est notre incapacité collective à réparer les dégâts et à panser les plaies causées par ce fâcheux conditionnement qui est insensée.  Si les humains ont une dimension spirituelle fondamentale, notre futur en tant qu’espèce dépendra de notre capacité à transcender nos vies ou à s’en élever et à exploiter pleinement notre aptitude à apprendre et à évoluer.”  (1)

 

1. Gary Schwartz, William Simon, Extraordinaires contacts avec l’au-delà, les découvertes scientifiques irréfutables sur la vie après la mort, Guy Trédaniel éditeur, 2017, p. 257