Activités féminines au Japon il y a 500 ans

 

 

Laura Jungen fait la liste des activités qui étaient celles des femmes japonaises il y a 500 ans. La cérémonie du thé est sur une autre page.

 

La danse

Les danses étaient presque des danses énergétiques : comme si la danseuse essayait d’hypnotiser les gens autour d’elle. C’étaient des danses pour faire oublier les choses aux gens. Des danses où le public était immergé tout de suite dedans. C’était comme jouer avec l’énergie autour des spectateurs pour enlever le côté négatif, purifier l’air, purifier les gens présents pour qu’après ils se sentent mieux. Mais à « mon époque », les gens s’intéressaient moins à cette sorte de danse et beaucoup plus aux spectacles et aux danses de théâtre. Je trouvais ça dommage. Les gens oubliaient petit à petit tout ce qui était dans les traditions. Il y avait un côté ignorant des populations qui pensaient que ces danses-là étaient seulement destinées aux maisons de passe. Beaucoup considéraient que c’était la même chose. Mais ce n’étaient pas les mêmes mouvements.

La danseuse traditionnelle devait être un mélange parfait entre un phénix et un serpent. Les manches du kimono représentaient les ailes du phénix (les kimonos avaient des manches très longues qui amplifiaient le côté ailes et les doigts pouvaient représenter les plumes. La danseuse devait en même temps être fluide, harmonieuse, rapide et gracieuse comme le serpent. Elle devait donner l’impression d’être dans sa bulle. Qu’elle dansait pour elle-même. C’est un stade où elle va tout ressentir : les mouvements et même l’énergie (comme en Qi-Gong). La danseuse devait s’imaginer comme une déesse dans l’eau qui fait des vagues autour d’elle, comme si c’étaient des lignes de lumière. Elle devait imaginer que chaque mouvement qu’elle faisait créait des vagues/des traces. Ce qui attirait le regard, c’était que tout tourne [toute l’énergie tourne] autour de la danseuse de manière harmonieuse.

En danse, tout était pensé pour ne pas fatiguer les yeux et que ce soit le plus agréable possible à regarder. Tout devait être calme et reposant à regarder. La danseuse ne tournait pas beaucoup sur elle-même. Il n’y avait pas de mouvements brusques (le public était souvent très alcoolisé et il n’aurait pas supporté !). Tout ça, c’était fait pour la haute société. Il ne fallait pas que la danse dérange. La danseuse devait imaginer qu’elle était comme un arbre avec une brise dans les branches et en même temps comme un cours d’eau qui suit son cours. Tout devait être harmonieux et délicat.

Tout le corps devait s’imprégner des mouvements et de la danse. Pas seulement les extrémités. La danseuse ne devait pas avoir l’air coincé. Les clients des maisons de passe ne voulaient pas regarder quelqu’un de coincé. Si un client avait payé pour avoir une danseuse et que celle-ci dansait mal, elle pouvait avoir la main coupée, voire même perdre la vie !

La danse était le seul domaine où la femme pouvait émaner du sensuel sans être considérée comme une prostituée.

 

Usage de l’éventail

Quand il y avait des danses avec éventail, celui-ci était dans la main droite et, s’il n’y avait pas de deuxième éventail, la main gauche suivait la manche pour que celle-ci ne se balance pas dans tous les sens. La danseuse suivait des yeux l’éventail et les mouvements qu’elle effectuait. De cette manière, son expression montrait clairement qu’elle ne regardait pas les gens (la danseuse ne devait absolument pas regarder les gens !). Elle jouait beaucoup avec les yeux.

Les genoux n’étaient pas fléchis comme dans les danses traditionnelles montrées aujourd’hui et les kimonos étaient moins longs.

L’éventail devait s’ouvrir et se fermer exactement au début ou à la fin des mouvements.

On dansait alors souvent les saisons. On montrait une coupure à la fin de chaque saison en mettant les deux éventails devant la tête pour la cacher et en dissimulant le corps complètement derrière les manches (très longues et larges) du kimono. Les manches devaient être parfaitement horizontales.

Les éventails qui servaient d’arme pouvaient avoir deux barres en métal à chacune des extrémités. Ce qu’on voit dans « Mulan » [le dessin animé de Disney] où elle désarme le méchant avec son éventail, c’est vrai ! Il pouvait aussi y avoir des lames qui ressortaient de chacune des extrémités de l’éventail et qui pouvaient contenir du poison au bout. C’était très courant d’avoir des éventails avec les deux côtés extérieurs renforcés et aussi certains qui avaient les pointes qui ressortaient.

 

Le koto

On disait déjà à « mon époque » que le koto était un instrument très dur à dompter. Avec le koto, plus l’instrument est lourd et plus la qualité est bonne. En fait, il y avait un poids idéal. Si l’instrument était plus léger ou plus lourd, il ne faisait pas le bon son.

Pour jouer du Koto, la musicienne utilisait parfois des bagues en jade qui restaient sur la première phalange. Elles étaient comme des ongles et pouvaient avoir des formes de griffes. C’étaient des bijoux fabriqués sur mesure par des artisans. Les hommes regardaient beaucoup les mains. Il fallait qu’elles soient élégantes. Aujourd’hui, il y a des « ongles » de forme carrée qu’on attache au bout des doigts. Cela n’aurait pas convenu à « mon époque ».

Quand on jouait de la musique sur le koto, le début était toujours très lent. Il y avait un moment où cela allait très vite, puis de nouveau lentement. La musicienne emportait la personne dans sa musique. Au début, on laissait chaque note résonner jusqu’à la fin pour emmener le public.

La musique « Sakura, Sakura »: “On jouait déjà à mon époque la musique « Sakura, Sakura ». Les paroles actuelles ne sont pas tout à fait les mêmes qu’à « mon époque » et on ne la jouait pas tout à fait de la même manière. Cette chanson parlait de l’éclosion des fleurs d’un cerisier qui pousse sur un rocher sur une montagne dans la brume. Les paroles reflétaient beaucoup plus cela qu’aujourd’hui. La musique était profonde, solennelle, et elle devait résonner comme si on se trouvait sur la montagne.

 

Les chants

J’étais contente en entendant la chanson japonaise « Lullaby of Takeda » ,parce que c’était la première fois que je trouvais quelque chose qui ressemblait de près aux chants qui étaient interprétés il y a 500 ans au Japon.

Cette chanson ressemble beaucoup (avec néanmoins des différences de paroles et de tonalité) à une chanson que j’ai apprise à l’époque. Ce chant était relativement méconnu à ce moment-là et seules quelques personnes pouvaient l’interpréter. Je me demande si cette ancienne chanson que j’ai apprise il y a 500 ans n’aurait pas servi d’inspiration pour « Lullaby of Takeda » qui est sorti dans les années 1960.

Les femmes chantaient normalement de cette manière à l’époque et non, comme on le dit aujourd’hui, avec des chants dits traditionnels parfois disharmonieux. Ces chants-là, surtout quand ils sont forcés/exagérés étaient ceux du théâtre kabuki.

Je me souviens aussi que les voyelles chantées étaient souvent tenues plus longtemps à l’époque qu’aujourd’hui, parce que les chants accompagnaient les danses. Ces dernières imitaient souvent les mouvements des oiseaux avec les bras en effectuant des mouvements d’ailes. Il fallait de ce fait le temps au danseur d’effectuer son geste.

 

Les serviettes hygiéniques

Les « serviettes hygiéniques » étaient faites avec une espèce de tissu très absorbant qui rappelait celui qui nous servait pour nous sécher et surtout celui pour nous sécher les cheveux. Au niveau de l’impression d’absorption, cela ressemblait à du molleton. Les femmes pouvaient faire l’équivalent de serviettes hygiéniques d’urgence : dans les kimonos, il y avait plusieurs couches (surtout dans les kimonos des femmes) avec des couches plus douces à l’intérieur. On pouvait déchirer l’intérieur (surtout dans la manche) pour en faire une serviette d’urgence.

 

La fécondité des femmes

Je me rappelle que les femmes ne tombaient pas enceintes par surprise, mais elles décidaient quand elles voulaient avoir un enfant y compris dans les maisons closes (même les pires d’entre elles). Je n’ai quasiment jamais vu de prostituées enceintes et quand c’était le cas, c’était volontaire. Chez Baru [un tenancier de maison close], beaucoup de femmes ne voulaient pas entendre parler d’avoir un enfant. Elles ne souhaitaient pas endommager le corps qu’elles avaient mis beaucoup de temps à rendre aussi parfait que possible pour leur clientèle. De plus, les hommes ne fantasmaient absolument pas de faire l’amour avec des femmes enceintes.

 

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