Les visages dans les orbes

 

Sylvie Joubert, docteur en sociologie et chercheuse, s’est intéressée de près au phénomène des orbes. Sur près de 7’000 images, elle en a pris 3’000 significatives de ces sphères luminescentes. Après grossissement et examen, elle s’est aperçue, comme d’autres avant elle, que des visages pouvaient être aperçus dans ou en extension de certains orbes. Ces visages semblent avoir des caractéristiques quantiques, puisqu’ils montrent en certains cas des intrications : un même visage peut apparaître sur la photo ou l’arrêt sur image dans des positions différentes.

Les visages montrent par ailleurs des expressions (étonnement, sourire, etc.) qui semblent s’adresser au photographe ou à un interlocuteur invisible.

 

A-t-on affaire à des paréidolies ?

Une paréidolie est une sorte d’illusion d’optique qui consiste à associer un objet informe comme un nuage, des taches, etc. à un élément clair et identifiable, souvent une forme humaine ou animale. C’est un phénomène bien compris: le cerveau structure en permanence son environnement et il peut ainsi transformer les informations fournies par la rétine en objets connus.

Contrairement aux illusions d’optique qui, elles, sont universelles, les paréidolies peuvent être interprétées différemment d’une personne à l’autre, cela en fonction de la culture, des attentes ou des prédisposition du sujet. On utilise d’ailleurs cette caractéristique dans les tests psychodiagnostics de Rorschach.

Si l’explication des paréidolies apparaît de premier abord évidente quand on parle de représentations humaines dans les orbes, celle-ci ne tient plus lorsqu’on a affaire à la vision en série, par de nombreuses personnes, d’un même objet. En effet, l’hypothèse de la paréidolie n’est plus valide s’il y a généralisation de la même vision par de nombreux individus différents. Or, c’est ce qu’il se passe lorsqu’on copie les images des visages découverts dans les orbes pour les replacer dans un autre contexte (par exemple on le colle à l’intérieur d’un médaillon). Dans ce cas, les images issues des orbes sont identifiées beaucoup plus rapidement comme étant des faces humaines (ou humanoïdes et animales).

« Lorsque des personnes voient le même visage dans un orbe et que nous affirmons qu’il s’agit de paréidolie, cela revient à affirmer que le psychisme de ces personnes fonctionne de façon semblable, qu’il procède aux mêmes associations de formes. Autrement dit, cela revient à dire que chacun, dans cette circonstance, face aux photos d’orbes, enclenche les mêmes mécanismes face à la montée des profondeurs du moi, des désirs, des angoisses, des intérêts, des obsessions, etc. Sur un cas isolé, ceci peut être vrai, mais sur l’ensemble des orbes cela devient tout simplement absurde… Mon expérience me montre qu’environ 70% des personnes voient des visages sur les échantillons sélectionnés que je leur ai présentés… Sur certains orbes. Des visages sont vus par 90% des personnes. Sur d’autres, par seulement 50%, et d’autres moins encore. Ces variations sont dues partiellement à la subjectivité de la vision, mais, surtout, au fait qu’il arrive que les visages sautent aux yeux jusque dans les détails, tandis que d’autres sont moins nets. » (1)

 

Comment faire la différence ?

Sylvie Joubert explique pour sa part comment elle fait la différence entre paréidolie et visages ayant une autre provenance :

« Lorsque, par un agrandissement de l’orbe suivi d’une projection de lumière en sa direction, le visage que je croyais percevoir au départ s’estompe ou disparait, j’opte alors pour la paréidolie. Lorsque, au contraire, il devient par cette action de plus en plus précis, que ses détails émergent comme si le visage avait été dessiné, alors j’écarte la probabilité de la paréidolie. » (1)

 

Alexandra Urfer Jungen

 

  1. Sylvie Joubert, Le monde de Peter, Eveil à une sociologie des orbes, Editions Le temps Présent, 2014, pp.97 et 106

 

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