Les EMI chez les enfants

 

Quasiment les mêmes étapes que les adultes

Durant les expériences de mort imminente, les enfants traversent les mêmes étapes que les adultes comme le fait de se voir soi-même depuis dessus, la traversée du tunnel ou la perception d’une grande lumière qui n’éblouit pas. D’ailleurs, les personnes qui ont le souvenir d’avoir eu une EMI quand ils étaient jeunes enfants se souviennent qu’ils se percevaient alors comme des adultes. Leur perception n’était pas en relation avec leur âge et encore moins avec le développement de leur cerveau immature.

Durant leur EMI, les enfants sont très souvent accompagnés par un de leurs grand-parents et même d’animaux familiers déjà décédés au moment de l’expérience. Il n’est jamais fait allusion aux parents vivants, alors qu’un enfant devrait normalement provoquer ce type de présence rassurante si tout cela n’était qu’une hallucination.

Par contre, peu d’entre eux font référence avant l’âge de 10 ans à la phase de revue de vie. Sans doute à cause de leur jeune âge.

On peut encore relever que les enfants ont clairement conscience qu’ils sont décédés durant leur EMI, mais avant l’âge de 7 ans, la mort leur apparaît être un simple phénomène temporaire.(1)

 

Élimination du conditionnement culturel

Les enfants de deux ans qui racontent (avec leurs mots à eux) avoir vécu une NDE [EMI] n’ont pas pu être conditionnés par des reportages et émissions de télévision. Pourtant, ils racontent exactement les mêmes choses qu’un adulte, même si c’est avec des moyens d’expression différents,ce qui prouve qu’un récit de NDE n’est pas lié à un conditionnement social. Et quand on demande à un adulte de raconter à nouveau une expérience de NDE qu’il a faite dans l’enfance, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de transformation du récit avec l’âge, quand tu le compares au récit qu’il avait fait à chaud, quand il était petit. C’est un élément de plus pour dire que le récit d’une NDE n’est pas le produit d’un conditionnement culturel.” (2)

 

Témoignages d’enfants

Le médecin britannique Sam Parnia a pris le témoignage d’un petit garçon qui a fait un arrêt cardiaque à l’âge de 3 ans: « Quand j’étais dans la voiture du docteur, la ceinture s’est détachée et je regardais d’en haut ». Puis il a ajouté : « Quand on meurt, ce n’est pas fini… une dame est venue me prendre… Il y en avait beaucoup d’autres, qui recevaient de nouveaux habits, mais pas moi, parce que je n’étais pas vraiment mort. Je devais retourner ».

Sam Parnia donne encore cet autre témoignage d’un petit garçon qui avait dû subir une opération à cœur ouvert à l’âge de 3 ans. Quinze jours plus tard, il a demandé à sa maman si elle pouvait l’emmener dans “l’endroit ensoleillé avec toutes les fleurs et les animaux”. Sa maman pensait d’abord qu’il souhaitait aller au parc, mais l’enfant lui expliqua: « Ce n’est pas toi qui m’a emmené là, la dame est venue et m’a pris. Elle tenait mes mains et on flottait. Tu étais dehors quand on réparait mon cœur… c’était bien. La dame s’est occupée de moi ; elle m’aime. Je n’avais pas peur, c’était beau. Il y avait plein de lumière et de couleurs, mais je voulais revenir pour te voir.» Sa mère lui demande alors : « Quand tu es revenu, tu étais réveillé ou endormi en train de rêver ? » Et il m’a dit : « J’étais réveillé, mais j’étais en l’air au plafond, et quand j’ai regardé en bas, j’ai vu que j’étais sur un lit avec mes bras sur les côtés, et les docteurs faisaient quelque chose à ma poitrine. C’était tout brillant, et j’ai flotté jusqu’en bas. » (3)

Un an plus tard, alors qu’il regarde l’émission « L’Hôpital des enfants », le petit garçon identifie correctement une machine cœur-poumon de circulation extra-corporelle, la même que celle utilisée pour son opération. Il a également reconnu sur une photo (présentée après son expérience) qui était la fameuse dame qui l’avait accompagné dans son étrange voyage: il s’agissait de sa grand-mère décédée avant sa naissance.

 

Pourcentage d’EMI chez les enfants

Le pédiatre Melvin Morse a étudié les EMI chez les enfants sur une période de 10 ans. Il s’est aperçu à l’issue de cette recherche que ni le stress psychologique provoqué par l’hospitalisation, ni la prise de médicaments puissants ne provoquaient de récits d’expérience de mort imminente. Par contre, 67% des enfants étudiés ayant survécu à un coma ou à un arrêt du cœur ont déclaré avoir eu une EMI. (4)

 

Grandir différemment

Les adultes qui se souviennent avoir eu une EMI durant leur enfance, même s’ils étaient alors très jeunes, réalisent souvent qu’ils ont toujours été différents des autres enfants et même des autres personnes qu’ils ont été amenés à côtoyer ensuite. Et il est vrai que le retour à la vie quotidienne montre des grosses différences, puisque l’enfant n’a pas les mêmes filtres que les adultes. Il ne comprend pas qu’il ne doit pas parler de son expérience et pourquoi son entourage scolaire, familial ou autre ne partage pas ce qu’il a vécu. Il peut remettre en question beaucoup de choses en disant: “C’est faux ! ça marche pas comme ça”.

 

Les effets de l’EMI chez les enfants et les adolescents

La chercheuse P.M.H Atwater s’est beaucoup penché sur les effets de l’EMI chez les enfants (5) et elle a noté de nombreuses caractéristiques de ces expériences chez les plus jeunes. Le Dr Van Lommel en a fait la liste dans son ouvrage “Mort ou pas”:

Ils acceptent la mort comme faisant partie de la vie. Ils ne vivent pas la mort de leur chien ou de leur chat comme leurs frères et sœurs ou leurs camarades. Ils ne voient pas que la conscience élargie, l’empathie pour les autres, la plus grande sensibilité intuitive – qui sont leur réalité quotidienne – ne sont pas partagées par les autres enfants. Après une EMI, les enfants écoutent “au-delà” des mots  prononcés, ils comprennent pourquoi les choses sont dites d’une certaine manière. Ils éprouvent aussi un sentiment de perte fondamental qu’ils ne savent pas exprimer verbalement. La beauté et la paix qu’ils ont ressenties pendant leur expérience sont parties. Ils ont tendance à rester à l’écart des autres enfants et préfèrent souvent les observer que de se mêler à eux. Ils ne supportent pas le bruit ni les sons perçants et ont tendance à préférer la musique douce ou classique dès leur plus jeune âge. Ils ont le besoin de se sentir l’objet d’un intérêt ou d’une attention réels. Très jeunes, ils sont parfois surpris en communication avec des êtres invisibles qu’ils appellent des anges ou des amis. Et tout en soupçonnant que leur degré de compréhension surpasse celui de leurs pairs, ils sont incapables d’en parler. Ils n’apprécient pas les conversations intellectuelles et préfèrent qu’on leur parle au niveau émotionnel. Pendant les cours d’instruction religieuse, à l’école, ils peuvent détourner l’attention de tous par leurs incessantes questions. Mentalement, ils sont beaucoup trop mûrs pour leur âge ce qui les rend parfois moins joueurs que la plupart des autres enfants de leur âge.

Au début de l’adolescence, un tiers environ de ces enfants va avoir des problèmes d’alcool ou de drogue, substances auxquelles ils peuvent être beaucoup plus sensibles que d’autres. Une difficulté de concentration, causée par l’afflux (involontaire) d’impressions et provoquant un comportement perturbateur ou hyperactif, leur vaut parfois le diagnostic de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité. A cet âge-là, ils peuvent aussi tomber en dépression ou développer des tendances suicidaires. Cette période de leur vie est souvent caractérisée par le refoulement plutôt que par l’acceptation et l’intégration des changements dus à l’EMI.

Ces enfants sont éveillés, malicieux et souvent très intelligents. Ils choisiront souvent d’étudier la philosophie, la théologie ou la physique. Ou bien ils opteront pour une profession créative telle que la peinture, la photographie ou la musique, afin d’exprimer les émotions qu’ils ont du mal à mettre en mots. Toujours prêts à aider les autres, certains choisissent le domaine de la santé, devenant infirmière, médecin ou travailleur social. Ils veulent travailler dans un domaine qui leur permette d’utiliser leurs fortes capacités d’intuition.

Les adultes, parents, tuteurs, enseignants, psychologues et autres professionnels de santé devront approcher ces enfants sans préjugés. Il faut absolument qu’ils connaissent l’existence des EMI et de leurs effets pour mieux comprendre ces enfants, les aider à grandir et favoriser un processus d’intégration au lieu d’un processus (souvent inconscient) de refoulement.” (6)

 

Alexandra Urfer Jungen

 

1.Melvin Morse, Near-Death Experience in a Pediatric Population, 1985
2. Dr Olivier Chambon & William Belvie, Expériences extraordinaires autour de la mort, réflexion d’un psychiatre sur la science de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, p.88
3. Sam Parnia, What happens when we die? A Groundbreaking study into the nature of life and death, Hay House, 2007
4. Melvin Morse, Paul Perry, Closer to the Light, Random House, 1990
5. P.M.H. Atwater, The New Children and Near-Death Experiences, Bear & Compagny, 2003
6. Dr Pim van Lommel, Mort ou pas, les dernières découvertes médicales sur les EMI, InterEditions, 2015, pp.81-82

 

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