Le vécu subjectif de contact avec les défunts se déroule généralement de manière spontanée. Il existe cependant des techniques qui facilitent la relation avec les proches décédés.
L’EMDR devient IADC
L’EMDR qui est l’abrégé anglais pour dire Eye Movement Desensitization and Reprocessing (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) est une technique généralement utilisée pour soigner les traumas psychiques.
« Lors d’une séance d’EMDR, on demande au patient de faire le vide dans sa tête et de se concentrer sur une pensée ou une image négative en lien avec un événement affligeant. En parallèle, le patient doit suivre les doigts du thérapeute que celui-ci déplace latéralement dans le champ de vision du patient pendant 20 ou 30 secondes. Ensuite, le patient est invité à se concentrer sur une croyance positive, préalablement définie en début de séance, puis de focaliser son attention à nouveau sur le souvenir douloureux. Après plusieurs cycles de mouvements oculaires rapide, la croyance positive du patient est ancrée et son trouble émotionnel disparaît » (1)
Le psychologue américain Allan Botkin a découvert par hasard que ses patients pouvaient entrer en contact avec leurs proches défunt grâce à cette méthode. Même si, à la base, il est plutôt sceptique, il a suffisamment d’ouverture d’esprit pour faire primer le bien de ses patients et il utilise à de nombreuses reprises cette méthode qui devient dès lors l’IADC, c’est-à-dire « Induced After-Death Communication » (communication induite après la mort).
Le bilan après des milliers de séance est des plus positifs, puisque cette méthode fonctionne dans 70% des cas et cela quelles que soient les croyances du patient. Elle touche même des athées convaincus. Cette méthode aujourd’hui adoptée par d’autres thérapeutes à travers le monde permet d’aider grandement le processus de deuil en maintenant un lien avec le proche décédé. « Quand ils ont un contact avec un défunt, les patients savent qu’ils le retrouveront. Ils ont moins peur de la mort et de leur propre mort », explique le psychiatre et psychothérapeute français Olivier Chambon (2)
Durant une séance d’IADC, le sujet peut ressentir un contact physique, avoir des visions, entendre des voix télépathiques. Les messages de pardon, d’amour ou informationnels transmis ont un sens profond pour les patients et l’incitent parfois à changer profondément de comportement. Le patient ressent un mieux-être psychologique et un apaisement. Ces éléments prouvent qu’il ne s’agit pas d’hallucinations, de mécanismes de défense ou de l’apparition de désirs inconscients.
L’usage de l’hypnothérapie
» La psychologue et hypnothérapeute belge Evelyne Josse travaille elle aussi sur la dimension du deuil et elle estime que les défunts sont de « véritables alliés thérapeutiques ». Il s’agit en effet de « les re-susciter pour ressusciter les endeuillés », selon la formule de Vinciane Despret. Evelyne Josse a également développé cette pratique après avoir constaté que, même non sollicités, les défunts se manifestaient spontanémentlors de séances d’hypnose, qui devenaient de véritables séances médiumniques. Les endeuillés recommencent à vivre après un message qui amène le pardon, l’explication d’un geste incompréhensible, l’assurance que la paix est trouvée…
Les nombreux thérapeutes formés à ces techniques constatent un processus de guérison des douleurs du deuil permis par ces contacts. C’est pourquoi ils n’insistent pas sur la « réalité » de ces phénomènes. S’agit-il d’un « vécu subjectif de contact avec un défunt » ou d’une authentique « communication avec un défunt » ? La question reste ouverte. Mais quand on les interroge à titre personnel, ils n’ont aucun doute sur ce qui se passe effectivement. Et Evelyne Josse de reprendre la formule de Victor Hugo (parfois attribuée à saint Augustin) : « Les morts sont invisibles, mais ils ne sont pas absents. » (3)
Le psychomanteïon
On doit le psychomanteïon au Dr Raymond Moody, celui-là même qui a popularisé les expériences de mort imminentes avec notamment son ouvrage La vie après la vie. Il s’est inspiré d’une installation dédiée à la divination et aux oracles utilisée par les Grecs anciens.
« Une chambre des apparitions a été construite par un artisan d’après un dessin que j’ai exécuté. Elle consiste en une petite pièce fermée, sans lumière, insonorisée, dont les murs sont complètement noirs.
Sur l’un d’eux, un miroir carré d’un mètre vingt de côté. Le bas est environ à quatre-vingt-dix centimètres du sol. Devant, à un peu moins d’un mètre, un fauteuil relax dont les pieds ont été sciés et dont l’appuie-tête est légèrement incliné vers l’arrière. Quand on allume, porte fermée, la petite lampe avec une ampoule de 4,5 watts que j’ai placée contre le dossier, une lumière diffuse illumine la chambre des apparitions et quelqu’un assis dans le fauteuil ne voit pas son reflet. Dans le miroir, il n’y a qu’une limpide profondeur optique »…
Mais cette pièce hors-norme ne fait pas tout. Le Dr Moody prépare psychologiquement la personne souhaitant contacter un défunt pendant plusieurs jours. Cela débute par une déconnexion totale du monde matériel dans un logement au milieu des bois ne comprenant aucun repère spatial et temporel. Il n’y a là que des livres d’arts, de contes, de légendes, etc.
Le Dr Moody organise aussi des promenades dans les bois avec le sujet de l’expérience pour discuter avec lui de la personne décédée dont l’apparition est demandée. Et parfois celui qui veut contacter son proche défunt amène avec lui un objet lui appartenant pour faciliter le contact.
C’est seulement après cette longue préparation que le sujet entre dans le psychomanteïon
« A peu près la moitié ont senti qu’une réunion s’opérait ; beaucoup virent l’être cher en taille réelle et en trois dimensions. Parfois celui-ci apparaissait dans le miroir, parfois en sortait. Dans un tiers des cas, les sujets entendirent la voix tant aimée ; presque tous ceux qui n’eurent pas de contact sonore eurent le sentiment d’une communion de l’esprit ou de l’âme. De longues conversations eurent lieu. Tous, pratiquement, ont ressenti très nettement une présence. A ma grande surprise, ils ont tous interprété ces réunions comme étant des faits réels. Des blessures se sont cicatrisées. Cette expérience a aidé les sujets à surmonter leur deuil » (4)
» En France, deux chercheuses ont adapté son protocole pour le mettre à l’épreuve. Evelyne-Sarah Mercier, économiste et anthropologue, était à l’époque présidente de l’association IANDS-France (association pour l’étude des états proches de la mort) qu’elle avait cofondée. La psychologue et psychanalyste Djohar Si Ahmed l’accompagnait dans cette recherche (5). Les auteures ont notamment observé qu’un certain nombre de facteurs prédisposaient à l’établissement d’un contact, fut-il réel ou « projeté », et notamment un deuil assez récent d’une personne très proche, ainsi qu’une croyance préalable à l’établissement d’un tel contact (dans le sens d’une ouverture spirituelle). Le facteur peur est lui-même un obstacle et ne doit pas être sous-estimé, d’où l’importance de l’accompagnement. En reprenant en détail les observations de Raymond Moody, elles ont noté que les expériences variaient assez largement, depuis » une sensation de présence » jusqu’à l’apparition en trois dimension du défunt dans l’espace de la cabine, avec un éventail de nuances dont la sensation d’entrer soi-même dans le miroir, d’entendre des vois, de se sentir touché ou frôlé, etc… Elles notaient en complément : le pourcentage de contact visuel dans l’expérience (31%) est supérieur à celui observé dans la population générale des endeuillés (14%). » (6)
La transcommunication hypnotique (TCH)
Le Dr Jean-Jacques Charbonier a élaboré une technique de contact avec les défunts basée sur l’hypnose, un domaine qu’il maîtrise parfaitement grâce à son métier d’anesthésiste.
Voilà comment il décrit le déroulement d’une séance de TCH :
« Dans une première partie qui dure environ une heure, j’explique ma démarche, les bits et attentes de la TCH. J’expose mon concept de CIE [conscience intuitive extraneuronale] et de CAC [Conscience analytique cérébrale] ainsi que les principes et le fonctionnement de l’hypnose… Il s’agit surtout de rassurer l’auditoire, car il y a encore beaucoup de craintes et de fantasmes non fondés par rapport à l’hypnose. Les 4’ participants sont assis sur des fauteuils classiques derrière une table de conférence disposée en « U », sur laquelle se trouve un questionnaire individuel qui sera complété en fin de séance. Ils ont devant eux un fauteuil relaxant et un casque HD relayé par câble à une table de mixage.
Une première pause de 15 minutes est nécessaire pour assimiler tranquillement les informations données en première partie… La deuxième partie est de la même durée que la première. Cette heure est dédiée à la séance d’hypnose. Je prends une dizaine de minutes pour leur expliquer la manière de détendre leurs muscles et la façon de respirer en privilégiant la respiration abdominale par rapport à la respiration thoracique. Je leur détaille des points particuliers qui seront repris pendant l’hypnose ; la méthode d’ancrage au sol et la présentation des 7 points énergétiques du corps : les 7 chakras des yogis, qui seront activés avant l’expérience de sortie de corps. Je leur demande ensuite d’éteindre leur portable, de mettre leur casque et de fermer les yeux. Je leur souhaite un bon voyage. L’hypnose peut commencer.
La deuxième pause de 15 minutes s’impose à la sortie de l’hypnose. L’émotion est grande et palpable. Pas mal de mouchoirs sortent des poches, mais ce ne sont pas des larmes de tristesse que l’on efface ; comme me l’a fort justement dit une participante : « Ce sont des larmes de joie et d’émotion ». Après avoir récupéré, il est temps que tous regagnent leur fauteuil classique et remplissent le petit questionnaire qui leur est proposé.
La troisième et dernière partie, qui dure une trentaine de minute, est consacrée aux résultats obtenus dans les questionnaires remis et à la discussion avec les participants, qui pourront également m’écrire dans un deuxième temps une fois qu’ils auront « digéré » leur TCH. Ce retour est pour nous très important, car il permet de progresser et d’améliorer la qualité des séances. »
L’épluchage des questionnaires montre que 65% des participants ont eu la sensation d’être mis en contact avec un défunt. Ce score monte à 89% chez les personnes ayant l’habitude de méditer. « Rien de bien étonnant, puisque ces personnes ont de la facilité pour mettre leur CAC [conscience analytique cérébrale] en veilleuse pendant l’hypnose. » (7)
Faire preuve de prudence
Avant toute démarche, il est important de toujours vérifier quel est l’intérêt commercial des personnes pratiquant des états modifiée de conscience (EMC) en vue de contacter des défunts. » Sans compter que l’utilisation des EMC n’est jamais anodine. Non seulement ces méthodes peuvent induire un état où l’on est plus susceptible de se faire manipuler ou d’être sous emprise, mais elles peuvent aussi déclencher des effets secondaires inattendus selon la psyché de chacun. Mieux vaut donc bien se renseigner sur l’accompagnement et la prise en charge fournis, avant et après la séance, avant de se lancer dans ce genre d’expérience. » (8)
Alexandra Urfer Jungen
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Dr Mario Beauregard, Un saut quantique de la conscience, pour se libérer enfin de l’idéologie matérialiste, Guy Trédaniel éditeur, 2019, p. 135
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https://www.inrees.com/articles/Communiquer-avec-un-defunt-deuil-EMDR/
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Romuald Leterrier & Jocelin Morisson, Se souvenir de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, 2020, pp.89-90
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Raymond Moody, Rencontres, l’histoire fantastique des contacts avec les disparus : de l’Antiquité aux plus récentes expériences, Robert Laffont, 1994, pp.202 et 204
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Evelyn-Sarah Mercier, Djohar Si Ahmed, Expériences autour d’un miroir, JMG, 1998
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Romuald Leterrier & Jocelin Morisson, Se souvenir de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, 2020, pp.74-75
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Dr Jean-Jacques Charbonier, La conscience intuitive extraneuronale, un concept révolutionnaire désormais reconnu par la médecine, Guy Trédaniel éditeur, 2017, pp176-182
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Sylvie Déthiollaz et Claude Charles Fourrier, ConneXions. Etude sur les contacts avec l’invisible, Guy Trédaniel éditeur, 2023, p.72