Les capacités psi : des capacités naturelles de l’être humain ?

 

Un sixième sens ?

Dans le courant du XXe siècle, on a obtenu la preuve que les capacités paranormales ne sont pas le fait de quelques individus, mais sont en fait universelles. Chacun possède à des degrés divers des capacités psi.

Ces capacités peuvent être améliorées grâce à un entraînement adéquat. Voilà ce qu’en dit le biologiste Rupert Sheldrake : « De toutes les expressions utilisées pour décrire des phénomènes tels que la télépathie, le sixième sens me semble être celle qui a la meilleure approche. Elle a une signification plus positive que perception extrasensorielle ou paranormal dans la mesure où elle se réfère à une sorte de système sensoriel qui serait au-dessus et au-delà des sens connus mais en étant tout de même un sens. En tant que tel, il se situerait dans le temps et dans l’espace, et il serait biologique et non pas surnaturel. Il s’étendrait au-delà du corps, bien que son mode de fonctionnement nous soit encore inconnu. » (1).

En cela, Rupert Sheldrake rejoint son éminent prédécesseur, le pionnier de la recherche scientifique dans le domaine de la parapsychologie : Frederic W.H. Myers. Celui-ci affirmait déjà au début des années 1900 que les phénomènes psi étaient des fonctions naturelles chez l’être humain.

 

Les capacités des jeunes enfants

Bien plus proche de nous, la psychologue québécoise Denise Roussel pose la même hypothèse. Selon elle, l’enfant naît avec des capacités hors-normes, mais il est peu à peu forcé de les faire disparaître :

« A la suite des recherches que j’ai menées depuis une quinzaine d’années, il m’est désormais impossible de croire qu’un enfant vienne au monde « tabula rasa » – comme disait Freud- c’est-à-dire qu’il commence de zéro, qu’il n’est soumis qu’aux influences de la grossesse et n’est redevable qu’aux liens héréditaires. Toute l’éducation est une compression de cet être global et une suppression de nos facultés psi. Dans notre culture rationaliste, certaines zones de notre conscience sont sujettes à des tronquages culturels.

Par exemple « l’enfant magique » : chaque être humain passe naturellement par une phase d’expansion du champ de conscience, c’est un processus spontané chez le jeune enfant qui voit, entend et sent des choses que les adultes ne peuvent plus expérimenter. Cet enfant magique est forcé de disparaître parce que notre culture ne lui laisse aucune place. Cependant, si la famille à laquelle l’enfant appartient accueille cette dimension sans réserve, elle peut persister et s’intégrer dans les autres fonctions de la civilisation.” (2)

 

La “porosité psychique” des enfants

D’autres chercheurs rejoignent Denise Roussel: ” Les enfants seraient plus en contact avec leur inconscient, non encore barré par la conscience; celui-ci apparaît encore ouvert, libérant son contenu au quotidien”, explique Joachim Soulières dans son livre “Les enfants et le Paranormal.(3) La “porosité psychique” de l’enfant lui permettrait de capter les informations non accessibles par la majorité d’entre nous. “L’enfant n’a pas encore acquis les codes sociaux… qui déclarent hors-jeu les perceptions extra-sensorielles et les facultés psychokinétiques, il peut les exprimer tant que son milieu ne les bannit pas.” Certains enfants sont doués d’une sensibilité particulière. Ils ont la capacité de se retrancher du monde quotidien. Ce qui est surprenant, c’est que les fantasmes d’évasion, les émotions de peur ou de colère “prennent corps” et se cristallisent en une énergie psi qui se matérialise . Chez certains sujets, cette énergie psychique se décharge sur un objet. C’est le verre qui glisse de la table, tombe et se casse, ou la porte qui claque sans qu’aucun courant d’air de l’ait poussée.” (4)

 

Pourquoi les capacités disparaissent

Le psychologue américain Keith Harary explique que les enfants ont de nombreuses facultés psi, y compris la télékinésie, jusqu’à l’âge de quatre ans. Mais deux facteurs vont le pousser à abandonner ces compétences hors-normes :

  1. L’enfant va choisir le moyen le plus rapide et le plus efficace pour satisfaire ses besoins. Il se rend vite compte qu’un mode de fonctionnement ordinaire est plus efficace à utiliser que l’usage du psi. Demander à haute voix pour qu’on lui donne un verre d’eau fonctionne généralement mieux que le faire par télépathie !
  2. L’enfant comprend très vite, dès qu’il a une bonne maîtrise du langage, que ses capacités psi ne correspondent pas à la dynamique familiale et qu’elles ne sont pas forcément les bienvenues. (5)

C’est ainsi que, à force d’interdits et de tabous plus ou moins clairement exprimés, notre cerveau s’empêche lui-même de décoder les perceptions de cette zone frontière entre la psychologie et la pathologie. Le docteur Harary précise : « Adultes, nos désirs et nos peurs nous empêchent de voir ces choses-là. Un « bruit mental » fait barrage aux facultés psi – télépathie, clairvoyance ou prémonition – qui sont les impressions rapides et flottantes. Aussi, lorsqu’une personne, par accident, voit un événement qui lui arrive dans le réel quelques jours après, elle prend peur et souhaite bien ne plus revivre une expérience aussi traumatisante.” (6).

 

Le langage comme moteur de disparition des capacités psi

Mais alors, comment comprendre notre incapacité à utiliser au quotidien ces capacités qui sont très probablement naturelles ? Le professeur de psychologie Daniel Cappon a mis au point un test de quotient intuitif, le « IQ2 » permettant d’évaluer notre faculté innée d’intuition et a développé une théorie expliquant la perte de nos compétences :

« L’apparition du langage chez l’être humain, il y a des milliers d’années, a peu à peu refoulé la pensée et l’expression intuitive dans une zone très profonde de l’inconscient… L’information intuitive est donc emmagasinée, sous forme d’images, et ne répond généralement pas aux stimuli extérieurs. Mais, en tant que faculté générique de l’espèce humaine, elle peut se réveiller à tout moment chez chacun d’entre nous. » (7)

 

La perte de capacités dans les sociétés industrielles

Le psychiatre Stanislav Grof, qui a beaucoup étudié les états modifiés de conscience, regrette lui aussi : “A l’évidence, la civilisation industrielle a émoussé les facultés intuitives de ses membres, qui ne sont plus conscients des dimensions cachées de la réalité, et elle les a immunisés contre les aspects sacrés de l’existence. Entrer en état non ordinaire de conscience, de façon spontanée ou en ayant recours à des techniques, soulève le voile et nous ouvre à des réalités habituellement invisibles et imperceptibles…

Nous sommes conditionnés par notre croyance en un monde matériel prévisible, à l’existence objective. Notre investissement et notre engagement émotionnel sont puissants pour préserver cette illusion. ” (8)

 

Quand le naturel devient pathologique

On note ainsi ce paradoxe : pour les chercheurs dans le domaine paranormal, les capacités psi semblent être une capacité naturelle et un aspect positif de la psyché humaine, mais elles sont interprétées comme une pathologie chez les psys et les médecins. On peut regretter le manque d’informations donné dans ce domaine auprès des professionnels qui exercent dans les milieux médicaux, ce d’autant plus que des facultés psi reconnues et correctement encadrées peuvent être un plus indéniable pour l’individu. Même Sigmund Freud pensait que du matériau émotionnel réprimé pouvait être mis en valeur par la télépathie !

 

Les effets positifs des capacités psi

Pour le psychologue Mario Varvoglis (9), le fait de développer des capacités psi est un cadeau de grande valeur donnant plus d’étoffe à l’existence. Parmi les avantages d’avoir pu développer librement ses capacités psi, il note :

  • Une plus grande créativité.
  • La capacité d’effectuer les bons choix dans la vie privée ou dans le domaine scolaire/professionnelle.
  • Une empathie et une ouverture au monde bien supérieures à celles de la plupart des gens.
  • Une meilleure connaissance de soi et de ses ressources propres.

Permettre le développement de ces facultés serait donc un indéniable atout non seulement pour les individus, mais également pour la société du future.

 

Alexandra Urfer Jungen

 

1) Rupert Sheldrake, Le Septième Sens, Editions du Rocher, 2004
2) D. Roussel, « L’enfance des médiums » (entretien avec Erik Pigani), Psychologies magazines, n°70, décembre
3) Joachim Soulières, Les enfants et le Paranormal, Editions Dervy, 2010
4) Patricia Serin, en collaboration avec Alix Lefief-Delcourt, Les enfants indigo, comprendre et accompagner ces enfants à la sensibilité extra-ordinaire, Editions Eyrolles,2023
5) M.Varvoglis, La rationalité de l’irrationnel, Paris, InterEditions, 1992
6) Erik Pigani, « Les perceptions extra-sensorielles : le psi » in Manuel clinique des expériences extraordinaires, InterEditions, 2013
7) Erik Pigani, « Les perceptions extra-sensotielles : le psi » in Manuel clinique des expériences extraordinaires, InterEditions, 2013, p.318
8) Dr Stanislav Grof, Quand l’impossible arrive, Aventures dans les réalités non ordinaires, Guy Trédaniel éditeur, 2018, p.311 et 321
9) Mario Varvoglis, La rationalité de l’irrationnel, Paris, InterEditions, 1992

 

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