Les expériences de fin de vie sont-elles des hallucinations ?

 

 

Hallucinations métaboliques et EFV

Il est vrai que de nombreuses manifestations survenant en fin de vie relèvent d’hallucinations métaboliques, d’effets secondaires des traitements médicamenteux ou de troubles neurologiques ; peut-on pour autant résumer toutes les expériences de fin de vie à ces seules explications ? En écho aux propos d’Ineke Koedam (1), le Dr Fenwick et son épouse affirment qu’« il est difficile de trouver un mécanisme cérébral spécifique qui sous-tendrait toutes les expériences spirituelles de fin de vie ».(3)

 

Peu de ressemblance avec des états hallucinatoires

Les Fenwick (2) ont interrogé des soignants s’étant trouvés auprès de personnes qui faisaient une expérience de fin de vie. La grande majorité d’entre eux s’accordent sur le fait que ces expériences ne sont pas dues à des états confusionnels, médicamenteux ou métabolique. Contrairement à la symptomatologie des états hallucinatoires de fin de vie, elles n’ont pas le caractère confus, angoissé, onirique, désorganisé de la confusion terminale. Au contraire, elles surviennent très souvent dans un contexte de calme, voire de grande vivacité psychique. Le sentiment de paix, de sérénité, de quiétude, d’acceptation prédominent.” (3)

 

Capacité de communiquer conservée

Il faut également souligner que les patients faisant une EFV ont la capacité de communiquer en même temps avec les personnes présentes dans la pièce. Ils peuvent souvent rester en relation claire et cohérente avec leurs proches ou leurs soignants, ce qui est beaucoup plus rare ou difficile lors d’authentiques troubles hallucinatoires ou dans les états confusionnels. Par ailleurs, pour bon nombre d’entre eux, on ne retrouve que peu ou pas de traitement médicamenteux susceptible d’induire des hallucinations. Détail intéressant : ces études montrent que les personnes en fin de vie font moins d’EFV quand elles sont davantage sédatées par des médicaments – comme si les médicaments y faisaient partiellement obstacle.“(3)

 

Impact positif des EFV

Au regard de l’impact très positif de ces expériences pour les personnes en fin de vie, les soignants interrogés considèrent qu’il s’agit là d’événements d’une profonde valeur spirituelle qui aideraient les personnes à lâcher prise au seuil de leur mort, en les apaisant, en les affranchissant de la peur de la mort. Il est clair qu’aucun processus hallucinatoire n’est capable d’induire un tel résultat.” (3)

 

  1. Koedam I., In the Light of Death. Experiences on the Threshold Between Life and Death, White Crow Books, 2015
  2. Fenwick P. et E., The Art of Dying, Bloomsbury, 2008. Brayne S., Lovelace H. et Fenwick P., « End-of-life experiences and the dying process in Gloucestershire nursing home as reported by nurses and care assistants”, Am J Hosp Pall Care, 2008, 25, 195-206. Brayne S. Farnham C. et Fenwick P., « Death-bed phenomena and their effect on palliative care team. A pilot study”, Am J Hosp Pall Care, 2006, 23, 17-24.Fenwick P et Brayne S., “End-of-life experiences. Reaching out for compassion, communication, and connection-meaning of deathbed visions and coincidences”, Am J Hosp Pall Care, 2011, 28, 7-15. Fenwick P., Lovelace H. et Brayne S., “Comfort for the dying. Five-year retrospective and one-year prospective studies of end-of-life experiences”, Arch Gerontol Geriatr., 2010, 51, 173-179
  3. Dr Christophe Fauré, Cette vie… et au-delà. Enquête sur la continuité de la conscience après la mort, Albin Michel, 2022, pp 203-205