Champs morphogénétiques

 

 

Instructions de montage

Nous sommes dans les années 1920. Un biologiste, Paul Weiss, va s’appuyer sur la régénération des membres chez les amphibiens pour développer une nouvelle théorie: celle des champs morphogénétiques (1). Ces champs auraient la capacité de ressembler à des instructions de montage qui vont guider le développement des structures et des êtres vivants. Ils ont la caractéristique d’être placés dans l’espace non local, celui décrit par la physique quantique. Les règles de notre monde (espace-temps) ne les concerne donc pas.

Au début du XXème siècle  » le biologiste et chercheur en médecine Alexander Gurwitch a postulé que ni les propriétés individuelles des cellules ni leurs relations avec les cellules adjacentes ne pouvaient expliquer le rôle des cellules individuelles pendant l’embryogenèse (processus par lequel un embryon se forme et se développe), mais qu’un facteur extérieur à l’embryon paraissait déterminer l’ensemble de son développement. Il a appelé ce facteur champ de force ou champ embryogénique.

Le transfert d’information à partir des champs se produit via la résonance, c’est-à-dire une vibration à la même fréquence et à la même phase. La résonance n’est pas limitée à la résonance acoustique des sons ou à la résonance électromagnétique de la recherche de station de radio ou de chaîne de télévision ! Elle existe aussi au niveau subcellulaire le plus infime en tant que résonance de spin de l’électron et résonance magnétique nucléaire… Chaque cellule vivante a d’innombrables structures moléculaires vibrantes qui ont elles-mêmes des oscillations spécifiques. Le transfert réciproque d’informations entre le champ et les structures de la cellule vivante s’effectue par résonance avec ces fréquences spécifiques. » (3)

 

Des savoirs qui se diffusent hors de toute logique

Le biologiste anglais Rupert Sheldrake est sans aucun doute l’un des chercheurs qui a le plus travaillé autour du concept de champs morphogénétiques.

 » Soulignons combien l’hypothèse de la résonance morphique  de Sheldrake a anticipé les découvertes de l’épigénétique. nous aurions un patrimoine morphogénétique qui se transmettrait et permettrait d’admettre des formes d’évolution plus rapides que celles des théories néo-darwiniennes.

Les exemples de « résonance morphique » ne manquent pas. ainsi, dans les années 1920, une mésange des îles britanniques avait été entraînée à piquer dans les capsules de bouteilles de lait déposées devant les maisons par le laitier. Le phénomène a été observé à Southampton, sur le côte sud de l’Angleterre, puis l’habitude s’est étendue par imitation aux oiseaux de la région, et on s’est aperçu qu’ils faisaient finalement cela un peu partout où se trouvaient ces bouteilles : Danemark, Suède, Pays-Bas… Or, ces oiseaux ne volent que dans un rayon de quelques kilomètres, et ils ne pouvait s’agit d’une communication entre eux. Autre étrangeté, la livraison du lait à domicile a été interrompu aux Pays-Bas par la guerre et l’occupation allemande en 1940, et elle n’a repris qu’en 1948, aussi, la pratique des volatiles a réapparu. mais ces oiseaux ont une durée de vie de trois ans seulement… L’habitude ne peut donc pas avoir été transmise physiquement, via mutation génétique, mais relève d’une transmission de caractère.

Un autre exemple bien connu est celui du « 110e singe », à partir d’un cas présenté dans le livre « Lifetide » de Lyall Watson (4) puis popularisé par celui de Ken Keyes  (  » The Hundredth Monkey « ) (5). Des scientifiques japonais étudiaient des macaques de l’île de Kojima, dans les années 1950; et un individu avait pris l’habitude de tremper les patates douces dans l’eau d’une main et de retirer le sabre qui les couvrait de l’autre avant de les éplucher et de les manger. Ce nouveau comportement s’est répandu en quelques années à tous les jeunes singes de l’île, par mimétisme, puis aux singes des autres îles. Or les singes ne volent pas... » (6)

 

Les annales du savoir

L’ethnobiologiste Romuald Leterrier partage ce qu’il a appris auprès du chamane Ernesto:

« Les leçons de biologie et d’écologie dispensées par Ernesto se révélaient une vision de la vie indissociable d’une certaine dimension surnaturelle. un jour que nous marchions dans la forêt, il me parla du lien entre la science des signes et les interactions reliant tous les êtres vivants. « Regarde, Romualdo, tout ici est en harmonie. Chaque espèce a uns avoir qui lui est propre. Tout ce que les êtres vivants de la forêt ont besoin de connaître leur est révélé par les esprits maîtres de chaque espèce par la science des signes ». Pour Ernesto, l’écosystème entier fonctionnait par le biais des synchronicités. si un animal a un besoin dans la nature, ce besoin trouve immédiatement une réponse par un mécanisme proche de celui des synchronicités. Au cours d’une autre de nos promenades, nous nous sommes retrouvés très tôt le matin afin d’observer l’impressionnant ballet de plus d’une centaine de grands perroquets qui venaient à cette heure matinale sur une falaise argileuse afin d’ingérer du kaolin (argile blanche) pour pouvoir digérer convenablement des graines très tanniques. comment le grand ara rouge (Ara macao) avait-il appris à utiliser du kaolin pour faire des pansements gastriques? A travers cette question se pose tout le problème de l’acquisition du savoir utile pour une espèce. Comment les animaux connaissent-ils de façon instinctive quelle nourriture ingérer, quelle plante pour se soigner, etc.? Ernesto avait sa réponse. Chaque espèce animale possède un super-esprit collectif. Cet esprit maître réside dans une dimension hors du temps et de l’espace, dans un lieu fait de savoirs, qui ressemble à une immense bibliothèque. C’est dans cet espace que l’esprit d’une espèce enseigne, par la voie des signes, comment s’adapter et survivre dans la forêt. Ernesto évoquait des espaces de connaissances ressemblant à des plateformes du savoir, elles-mêmes comparables à un web cosmique qu’il avait visité par le biais des plantes de visions. Des archives ayant l’aspect de grandes bibliothèques flottantes et infinies. Cette vision archétypale de la métamémoire extratemporelle n’est pas sans évoquer de façon troublante les archives akashiques des traditions hindouistes, ou quelques métaphores cinématographiques contemporaines, comme la singularité du trou noir du film « Interstellar », démultipliant à l’infini une immense bibliothèque. » (7)

 

Alexandra Urfer Jungen

 

  1. Paul Weiss, Principles of Development, Holt, 1939
  2. Alexander Gurwitsch, « Über den Begriff des embryonales Feldes », Archiv für Entwicklungsmechanik, 51, pp383-415
  3. Dr Pim van Lommel, Mort ou pas, les dernières découvertes médicales sur les EMI, InterEditions, 2015, p. 224
  4. Lyall Watson, Lifetide, Hodder & Stoughton Ltd, 1979
  5. Ken Keyes, The Hundredth Monkey, Vision Books, 1984
  6. Romuald Leterrier & Jocelin Morisson, Se souvenir du futur, guider son avenir par les synchronicités, Guy trédaniel éditeur, 2019,2021, p.187
  7. Romuald Leterrier & Jocelin Morisson, Se souvenir du futur, guider son avenir par les synchronicités, Guy trédaniel éditeur, 2019,2021, pp 206-207

 

Retour à la page : « Un espace informationnel«