Qu’est-ce que l’inédie ?
Le mot inédie est tiré du latin « inedia » qui signifie « jeûne ».
L’inédie, ou jeûne extrême, caractérise le phénomène dans lequel des personnes sont capables de vivre sans manger et même parfois sans boire durant des mois, voire des années. Cela ne les empêche pas de mener une existence et d’avoir un fonctionnement physiologique normaux, hormis le fait qu’elles ne font ni selles, ni urine (si abstention de boisson). Cette normalité des constantes biologiques dans l’inédie démontre que nous ne sommes pas dans des pathologies comme l’anorexie.
Qui est capable d’inédie ?
Les personnes capables d’inédie sont le plus souvent très religieuses. Elles se caractérisent par une foi très forte.
On a comptabilisé plusieurs cas en Inde, mais des cas d’inédie ont été enregistrés dans toutes les religions. Par exemple, de nombreux Saints occidentaux ont apparemment bénéficié des mêmes capacités au Moyen-Age et à la Renaissance : Sainte Catherine de Sienne, Sainte Lidwina, Le Bienheureux Nicolas de Flüe et la Vénérable Domenica dal Paradiso pour ne citer qu’eux. On trouve aussi des femmes très pieuses comme Domenica Lazzari et Louise Lateau qui étaient réputées pour ne se nourrir que de l’hostie de la communion.
Les recherches sur l’inédie
Évidemment, le premier réflexe est de penser que les personnes affirmant vivre une inédie mangent et boivent en cachette. Pourtant, les cas étudiés n’ont pas confirmé cette hypothèse.
Plusieurs études ont été menées, en particulier en Inde. L’institut militaire indien pour la physiologie et les sciences afférentes (DIPAS) s’est par exemple penché sur le cas de Prahlad Jani. Après quinze jours passés à l’hôpital sous observation constante, les chercheurs durent convenir qu’en dehors de bains et d’ablutions, le vieux yogi n’avait rien mangé, rien bu et qu’il n’avait rien éliminé durant toute la période de l’étude. Pourtant, contrairement à ce qu’il se passe normalement en cas de jeûne prolongé, l’organisme de Prahlad Jani ne montrait aucun des changements métaboliques attendus après deux semaines d’absence d’alimentation (1). Une autre étude menée en 1983 donnait les mêmes résultats.
Mais l’un des cas les plus documenté sur l’inédie concerne une occidentale : Thérèse Neumann. Cette mystique allemande, qui présentait également des stigmates, est morte en 1962, mais elle s’est arrêtée de manger en 1922. Sous l’impulsion de l’évêque de Reggensburgg, une commission d’enquête a été montée pour étudier son cas. Examinée en permanence par deux sœurs infirmières durant quinze jours , il s’avéra qu’elle n’avait ni mangé, ni bu durant toute cette période. Étonnamment, les pertes de poids étaient toujours récupérées quelques jours plus tard.
L’explication du phénomène
Pour le pape Benoît XIV, il ne faisait pas de doute que l’inédie était une capacité naturelle de l’être humain. Et non une capacité surnaturelle.
Je laisse ici la parole au biochimiste Rupert Sheldrake qui s’est intéressé à ce phénomène : « En Inde, l’explication la plus courante de cette capacité à vivre sans nourriture est que l’énergie provient de la lumière solaire ou du « prana », une force vitale à l’œuvre dans la respiration – raison pour laquelle certaines de ces personnes s’appellent elles-mêmes des « respirants ». Curieusement, la théorie du prana ne s’oppose pas en elle-même au principe de conservation de l’énergie : elle suggère que certains peuvent obtenir leur énergie d’une autre source que l’alimentation. » (2)
Certains se demandent par ailleurs s’il n’y aurait pas de liens entre l’inédie et le processus d’hibernation de certains mammifères. Des études supplémentaires sur ce phénomène seraient sans doute d’un grand apport dans notre compréhension de la physiologie et de la nutrition.
Alexandra Urfer Jungen
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M. Dasgupta, « DIPAS concludes observational study on « Mataji », The Hindu, 10 mai 2010
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Rupert Sheldrake, Réenchanter la science, une autre façon de voir le monde, J’ai Lu, 2016, p.137