Les visions à l’approche de la mort

 

Le phénomène des visions à l’approche de la mort fait partie des “expériences de fin de vie” (EFV) ou en anglais: “end-of-life-experience” (ELE). On utilise aussi le terme : “état de conscience accrue au seuil de la mort” (ou “near-death awareness”) pour qualifier ce type de phénomène.  Ce phénomène est reconnu depuis une centaine d’années avec les publications de Bozzano en 1923 (1) et de Barrett en 1926 (2).

Le 90 % des individus en phase terminale est dans un coma trop profond pour pouvoir communiquer, mais sur les 10% restant 30 à 50% affirme observer d’étranges choses au pied de leur lit.

L’étude de la psychologue Emily Williams Kelly et de ses collègues montre que 41% des patients mourants affirment avoir eu des visions près de leur lit quelques heures ou quelques jours avant leur décès (3). D’autres études affirment même que plus de la moitié des mourants encore conscients font de telles affirmations. A noter que ce phénomène touche également les personnes qui ignorent la gravité de leur état ou dont on n’attend pas forcément une mort prochaine.

Le déroulement est très peu sensible aux différences de culture et de religion. Ainsi, l’étude de Osis et Haraldsson (4), comparant USA et Inde, conclut que “les similitudes qui existent entre les deux pays, quant à l’essentiel des visions précédant la mort, parlent d’elles-mêmes et appuient de toute évidence l’hypothèse de la survie de la conscience après la mort.”(5)

 

Caractéristiques des visions à l’approche de la mort

En moyenne, les visions vont apparaître dans les 72 heures avant le décès et elles sont généralement de courte durée. Les mourants  disent apercevoir des proches décédés, des êtres angéliques et des paysages paradisiaques.

Elles sont plus souvent vécues par les personnes sans traitement médicamenteux et qui ne souffrent ni de fièvre, ni de troubles psychiatrique. Plus le mourant est lucide et plus il a de probabilité d’avoir une vision.

L’effet de surprise est important pour la personne qui a des visions à l’approche de la mort. Elle n’a pourtant aucun doute sur la réalité de ses observations, cela quelles que soient ses croyances, y compris si elle est une athée convaincue.

Le mourant a généralement conscience que lui seul peut voir et entendre ce qui lui fait face. Il fait la différence entre les deux réalités auxquelles il a accès. Lorsque l’état de santé ne permet plus à la personne en phase terminale de s’exprimer, son comportement permet de comprendre qu’elle vit ce phénomène : cris, agitation, bras tendu et doigt pointé pour montrer quelque chose, sourires dans le vide, apaisement soudain, mouvements laissant entendre une discussion, etc.

A noter encore que les mourants se sentent souvent physiquement très bien au moment de leur vision, même si peu avant ils souffraient beaucoup. Leur état d’esprit change aussi beaucoup. Ils deviennent calmes, voire même euphoriques. Ces perceptions ont en tous cas un effet apaisant :

Même si les détails des expériences de fin de vie (EFV) sont évidemment spécifiques d’une personne à une autre, leur impact est étonnamment similaire, tout âge, sexe et nature de la pathologie confondus. Un sentiment de paix, de quiétude, de réconfort est presque toujours présent. De surcroît, si ces personnes ont encore suffisamment d’énergie pour interagir avec leurs proches, elles se montrent plus aimantes, plus enclines à leur parler de la dimension spirituelle de l’existence ou d’une dimension de transcendance au-delà de cette vie. Mais le point le plus caractéristique des EFV est la quasi totale disparition de la peur de la mort. Suite à ces expériences, celle-ci est abordée avec tranquillité, presque avec joie et impatience.” (6)

 

Ce que perçoivent les patients en phase terminale

  • Des proches déjà décédés : comme dans le cas des expériences de mort imminente, le mourant aperçoit des proches décédés (conjoint, parents, enfant, frère ou sœur, grands-parents, ami), dont parfois elle ignore le décès. Il ne fait aucun doute pour la personne mourante que ce ou ses proches sont venus le chercher pour le guider de l’Autre Côté. En général, la communication se fait télépathiquement, mais le dialogue peut prendre la forme d’une discussion tout à fait normale dont on n’entend que les dialogues du mourant. Il s’agit d’un vrai échange qui peut paraître étrange par son étonnante normalité. On peut relever que le mourant n’est parfois pas au courant du décès de la personne qu’il aperçoit à côté de son lit, ce qui exclut toute hallucination.
  • Des paysages d’une beauté indescriptible, souvent en lien avec ce qu’aimait la personne mourante : montagnes, bords de mer, etc. Le mourant peut aussi apercevoir des édifices extraordinaires et de superbes jardins.
  • Dans des cas plus rares sous nos latitudes : des entités en lien avec leur religion ou croyances, mais dans d’autres pays, notamment en Inde, c’est ce type de vision qui prime. Des êtres mythiques peuvent également être observés, ainsi que des anges ou autre êtres de l’au-delà.
  • Des éléments suggérant le passage : pont, fleuve/rivière, porte, bateau, etc.
  • Une grande lumière qui n’aveugle pas.
  • Dans certains cas, perceptions d’odeurs (par exemple un parfum de roses).

Les mourants n’ont pas la vision de personnalités célèbres à moins, bien entendu, d’avoir un lien de parenté avec elles.

Ces visions, contrairement aux hallucinations, ont dans tous les cas un effet très positif. Un sentiment de paix et de confiance succède à ce qui était parfois un effroi intense face à sa propre finitude et la peur de la mort disparaît immédiatement.

 

Réactions des témoins

Les visions des agonisants sont un phénomène dont on pourrait croire qu’elles sont des hallucinations. Régulièrement vécues par des personnes en fin de vie, elles sont encore très souvent incomprises ou niées par les personnels soignants ou les proches qui généralement n’en ont pas connaissance et ne savent qu’en faire ou alors qui en ont peur. Cela peut être perturbant ou inquiétant pour quelqu’un qui accompagne un proche mourant de l’entendre dire : “Je vois ma sœur décédée qui me sourit dans le coin de la pièce. Elle dit qu’elle est là pour m’accompagner !” Si cela vous arrive, surtout ne niez pas ce que perçoit cette personne et n’ayez pas peur. Elle ne délire pas. Écoutez-la, avec empathie, intérêt et bienveillance… ” (7)

 

Les différences entre les visions à l’approche de la mort et les hallucinations

  • Courte durée des visions par rapports aux hallucinations qui durent au minimum plusieurs jours.
  • Effet apaisant et réconfortant des visions par rapports aux hallucinations qui sont effrayantes. Un sentiment de bien-être et même d’amour est souvent exprimé.
  • Cohérence des visions mettant en avant la mort prochaine de celui qui les vit, alors que les hallucinations sont décousues et sans thématique propre.
  • Délivrance de la peur de la mort dans le cas des visions, alors que les hallucinations font peur et ne changent pas l’approche que le patient a face à la mort.

 

Témoignages

Yvon Chevalier donne ce témoignage dans l’ouvrage Nos vies oubliées de Pascale Lafargue. Il raconte ce qu’il s’est passé alors qu’il accompagnait son beau-père (athée convaincu) sur son lit de mort : ” La dernière semaine avant qu’il nous quitte, des périodes d’inconscience alternaient avec son état éveillé où il semblait être en contact avec d’autres plans de réalité. Il tendait le bras valide en pointant son doigt pour nous montrer ce qu’il voyait au-dessus de lui. Dans ses yeux se lisait son étonnement et un sourire illuminait son visage. Inlassablement il répétait le même geste en essayant parfois d’attraper l’objet de sa vision et semblait ne pas comprendre notre passivité.“(8)

La théologienne Lytta Basset témoigne également: “Il me revient en mémoire la mort d’une amie d’enfance, que j’ai pu visiter quelques heures avant son départ. Elle était incapable de dire un mot. Mes quelques paroles alternaient avec de longs silences. Alors que, croyant la communication définitivement révolue, je lui demandais si elle recevait des visites, je l’ai entendue murmurer: “Les Blanc.” J’ai  cru que c’était un nom propre. mais après son décès, j’ai su par sa famille que personne dans son entourage familial ou amical ne s’appelait Blanc. J’ai alors compris qu’elle m’avait parlé de ces êtres lumineux venus à sa rencontre pour l’accompagner dans son passage vers ce royaume d’Amour auquel elle avait tant aspiré.” (9)

 

Alexandra Urfer Jungen

 

1. Bozzano E., Baudi di Vesme C., Phénomènes psychiques au moment de la mort, Éditions de la Bibliothèque de philosophie spiritualiste, 1923
2. Barrett W., Death-Bed Visions – The psychical experiences of the dying, publié initialement en 1923, Editions The Aquarian Press, 1986
3. E. Kelly, B. Greysin, I. Stevenson, Can Experiences on Near-Death Furnish Evidence of Life After Death?, Omega, 40,1999-2000
4. Osis K., Haraldsson E., Ce qu’ils ont vu… au seuil de la mort, Editions du Rocher, 1982
5. Dr Olivier Chambon & William Belvie, Expériences extraordinaires autour de la mort, réflexion d’un psychiatre sur la science de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, p.200
6. Dr Christophe Fauré, Cette vie… et au-delà. Enquête sur la continuité de la conscience après la mort, Albin Michel, 2022, p.94
7. Marie-Odile Riffard & Olivier Chambon, 8 raisons de croire en l’existence de la vie après la mort, lettre ouverte à ceux qui doutent encore, Larousse, 2022, p.95
8. Pascale Lafargue, Nos vies oubliées, JMG éditions, 1999, p. 162
9. Lytta Basset, Cet Au-delà qui nous fait signe, Albin Michel, 2022, p.112

 

Retour à la page : “Les phénomènes paranormaux autour de la mort