Mémoire génétique

 

L’hypothèse de la mémoire génétique

Selon cette hypothèse, une mémoire cellulaire pourrait se transmettre de génération en génération. Cette hypothèse est d’autant plus intéressante qu’un quart des cas concernant les souvenirs d’autres existences chez les enfant concernent leur propre famille. L’enfant va ainsi s’identifier à un membre de sa famille décédé avant sa naissance et donner des informations précises sur le vécu de cette personne. Selon cette hypothèse, les renseignements sont encryptés dans l’ADN, probablement pour des raisons épigénétiques et sont transmis via le spermatozoïde et l’ovule qui sont les seuls liens matériels entre les générations.

 

Les secrets de famille

Il est vrai que certaines mémoires semblent effectivement traverser les générations d’une même famille. On parle dans ce cas des « secrets de famille ». Ils sont souvent tellement bien cachés que les nouvelles générations n’en connaissent pas l’existence. Et pourtant, elles en souffrent.

« A la troisième génération… l’existence même d’un secret est ignorée. L’enfant, puis l’adulte qu’il devient, perçoit en lui-même des sensations, des émotions, des potentialités d’action et des images qui lui paraissent « bizarres » et qu’il lui est impossible d’expliquer par sa vie psychique propre ou par ce qu’il connaît ou pressent de son histoire familiale… Ces enfants peuvent développer les mêmes troubles qu’à la génération précédente, mais aussi des troubles beaucoup plus graves, dont le point commun est d’être apparemment dénués de tout sens : en particulier des troubles psychotiques, des formes graves de débilité ou diverses formes de délinquance ou de toxicomanie. » (1)

 

Mémoire de drames familiaux

La psychothérapeute française Ann Ancelin Schützenberg a fait de nombreuses recherches sur les drames familiaux affectant des familles entières de génération en génération. Ainsi, le choc psychologique ressenti par des soldats napoléoniens après avoir vu les boulets de canon décimer leurs camarades était si profond que certains descendants en avaient gardé une trace. Ce même phénomène touche les familles dont un membre a été enfermé dans un camp de concentration. Dans ce cas, le syndrome post-traumatique est plus fort chez les enfants que chez les prisonniers des camps ! Les forts traumatismes semblent ainsi marquer les générations suivantes.

Ann Ancelin Schützenberg a également constaté qu’aux dates anniversaires d’ancêtres passés sous la guillotine leurs arrières-petits-enfants se blessaient systématiquement au sang. Il en est de même pour certains accidents qui se répètent inlassablement à l’image de ces premiers nés qui décèdent tous dans des circonstances identiques.

Les boulets de famille peuvent être si lourds que des techniques ont été élaborées pour les mettre à jour et les verbaliser. Le travail avec des psychologues spécialistes en constellations familiales et l’utilisation de génogrammes, ces arbres généalogiques qui permettent de repérer les répétitions de générations en générations de comportements limites ou de secrets de famille, est un moyen efficace pour gérer ces situations.

 

Les incohérences de cette hypothèse

Il faut cependant relever que les souvenirs sont globaux et non détaillés (pour ne pas dire inconscients) dans le cas des “mémoire génétique”. De ce fait, cette hypothèse est improbable lorsque les enfants connaissent les noms et la vie de personnes totalement inconnues de leur propre famille, ce qui est le cas de 75% des sujets examinés par le Dr Stevenson et le Dr Tucker : “Même si l’on admet que cette transmission peut se faire, le fait d’utiliser la mémoire génétique comme explication de ces cas pose un problème évident : la plupart du temps, l’enfant n’appartient pas à la même famille que le défunt ». (2)

Le Dr Stanislav Grof soulève par ailleurs un élément contradictoire, et non des moindres : « Une personne morte ne peut pas procréer et passer génétiquement la mémoire de son angoisse terminale à ses générations futures » (2). Or, les enfants qui ont des souvenirs d’autres existences ont souvent gardé un fort traumatisme lié à une mort violente. Le traumatisme est souvent tel qu’il est très similaire au stress post-traumatique connu par les anciens combattants ou les personnes ayant échappé de peu à la mort, par exemple suite à un accident d’avion. Comment cette mémoire de mort peut-elle dès lors être transmise aux générations futures ?

D’autre part, l’hypothèse matérialiste pose la postulat qu’on est dans une transmission génétique passant par la reproduction. Or, “même cette passerelle matérielle ténue vers le passé fait défaut, puisque ces souvenirs franchissent non seulement les lignées ancestrales, mais souvent même les frontières raciales et héréditaires. Il n’est pas rare, par exemple, que des Blancs se souviennent de vies antérieures où ils étaient des Noirs africains, des Amérindiens ou des Asiatiques, et vice-versa.

L’approche génétique n’explique de ce fait qu’une petite partie des souvenirs d’anciennes existences.

 

Alexandra Urfer Jungen

 

  1. Serge Tisseron dans l’ouvrage collectif La transmission dans la famille : secret, fictions et idéaux, publié sous la direction de Chantal Rodet, Editions de l’Harmattan, 2003, p.22
  2. Dr Jim Tucker, Une vie avant la vie, Dervy, 2015, p.42
  3. Dr Stanislav Grof, « The Experience of Death and Dying : Psychological Philosophical and Spiritual Aspect », Spirituality Studies, 2015
  4. Dr Stanislav Grof, Quand l’impossible arrive, aventures dans les réalités non ordinaires, Guy Trédaniel éditeur, 2018, p.213
     

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