« Ceux qui espéraient en savoir plus sur l’au-delà en seront pour leurs frais. Les messages ne contiennent aucune information sur la nouvelle forme d’existence supposée des défunts et ne révèlent rien sur leur « nouvelle demeure ». Seul l’état d’esprit du proche décédé est décrit sommairement: « Je suis en vie et heureux… ». C’est comme si les défunts n’avaient pas le droit ou la possibilité de donner des informations sur sa nouvelle existence, outre le fait qu’il est vivant et bien portant » (1), analyse Evelyn Elsaesser.
Le VSCD comme message en soi
« Aux yeux des récepteurs, le fait de vivre un VSCD quel qu’en soit le type, constitue en soi un message – le message que le proche défunt est apparemment encore en capacité de se manifester à eux. Comme les récepteurs l’interprètent, le fait même qu’ils semblent pouvoir se mettre en contact avec les vivants implique que les défunts continuent une existence – ailleurs – dont la nature dépasse notre entendement. L’impact le plus fort provient sans doute de cette apparente capacité de prise de contact, une révélation pour les uns, la confirmation d’une conviction préexistante pour d’autres (une forme de conscience survit à la mort physique).
Outre le message inhérent à la survenue même du VSCD, une grande majorité de nos sondés ont perçu un message personnalisé. Chaque message est évidemment unique car adressé à une personne en particulier et façonné par un passé commun. Cependant, on peut schématiser les contenus car, dans leur essence, ils sont relativement homogènes:
Les messages sont le plus souvent imprégnés d’amour (« Je t’aime, je serai toujours à tes côtés, je veille sur toi ») et rassurants (« Je vais bien, ne t’inquiète pas pour moi »). Ils encouragent les endeuillés à sortir de leur deuil (« Ne sois pas triste, continue ton chemin de vie »), mais également à ne pas les retenir (« Laisse-moi partir, ton chagrin m’attriste ») ; parfois ils laissent entrevoir une réunion future (« Nous nous reverrons un jour »).
D’autres messages sont davantage centrés sur le défunt qui informe son proche qu’il est toujours en vie et qu’il se porte bien, à l’instar d’un voyageur qui prévient sa famille que le voyage s’est bien passé et qu’ils peuvent être rassurés.«
Messages à caractère utile
» Certains VSCD servent parfois à annoncer le décès d’un proche. Quelle en est l’utilité puisque le décès ne pourra évidemment pas être évité pour autant ? On peut imaginer que le récepteur ainsi averti puisse saisir l’occasion pour échanger des derniers mots d’amour avec cette personne, des paroles qui auraient été perdues à jamais en l’absence de cette annonce. Par ailleurs, la connaissance préalable du décès du proche peut aider le récepteur à se préparer mentalement et émotionnellement à l’épreuve à venir.
D’autres messages offrent des conseils, fruit d’une sagesse acquise au cours d’une vie.
Certains récepteurs disent avoir perçu des informations sur des événements qui allaient se produire dans le futur et qui ont effectivement été confirmés avec le passage du temps. Ce type de message est rare. »
Évolution dans un sens positif des conflits
Quand les relations entre le récepteur et le défunt étaient conflictuelles, les contacts servent de demandes de pardon, parfois de justification (« Je t’ai fais du mal, je te demande pardon, voilà les raisons qui m’ont amené à agir de la sorte… »). La dynamique relationnelle peut changer après le décès. Le décédé peut faire ressentir au vivant dans quel état physique et mental il se trouvait avant de mourir. C’est souvent important lors de cas de suicides. Mais ils peuvent aussi faire ressentir leur joie et sérénité d’être dans l’Au-Delà.
La chercheuse met en effet par contre un élément étonnant faisant suite à son enquête: « La relation ne reste pas forcément figée comme elle l’était à l’heure de la mort – elle peut encore évoluer comme le montrent certains témoignages. » L’un des nombreux éléments novateurs de cette étude, c’est notamment l’impact sur la culpabilité – de celui qui part comme de celui qui reste. Des problèmes relationnels douloureux ou conflictuels restés en suspens semblent parfois trouver leur résolution pendant ces contacts. Une participante confie ainsi s’être figée dans la culpabilité, incapable de traverser son deuil, car elle s’était fâchée avec son père quelques jours avant son décès. « Une fin de nuit, j’ai entendu la porte d’entrée s’ouvrir et j’ai vu mon père monter les escaliers qui menaient à ma chambre. Il s’est assis sur une marche et je l’ai rejoint. Je lui ai demandé pardon et il m’a dit qu’il n’y avait rien à pardonner, que je n’étais coupable de rien, pas plus que lui. Que la seule chose qui importait était l’amour qui nous unissait et ne disparaissait pas… » Elle a alors pu commencer son deuil, et le simple souvenir de ce contact éveille une paix et un amour indicible qui la portent encore des années plus tard. « La mort semble avoir balayé tout ce qui séparait les êtres – l’ego, les rancœurs, les blessures jamais cicatrisées – pour laisser place à l’essentiel, aux sentiments authentiques qui ont lié les êtres », souligne Evelyn Elsaesser. A travers les VSCD, les morts aident donc les vivants… et, plus surprenant, les vivants peuvent aider les morts. « Les témoignages nous permettent de comprendre que nous pouvons les accompagner et les aider en faisant notre possible pour ne pas les retenir trop longtemps par notre chagrin. Comme une ultime preuve d’amour. Ces moments de grâce nous enseignent qu’il n’est jamais trop tard pour réparer, comprendre, pardonner et se faire pardonner. Non, il n’est jamais trop tard pour exprimer son amour.« (2)
1. Carine Anselme, « Quand nos défunts nous (é)veillent », Inexploré, N°50, p.98
2. Carine Anselme, « Quand nos défunts nous (é)veillent », Inexploré, N°50, p.100
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