Michael

 

J’ai attendu. Si longtemps.

Attendu d’être entendu. Mais toujours le néant.¨

Maintenant je marche vers ma destinée. Vers mon chemin.

Croyez-vous au destin ?

Je crois au mien.

J’avance. Sans savoir où mes pas me mèneront.

J’avance avec cette certitude que l’Homme deviendra grand.

Il le sera. C’est un fait. Indiscutable.

Il le sera et le monde sera transformé.

Et moi dans tout cela ?

J’avancerai.

Peut-être un peu moins présent.

Peut-être d’un peu plus loin.

Ou d’un peu plus près.

Qui peut savoir avec les humains ?

Surprise. C’est le mot.

Surprenante espèce.

Mélange de douleur et de joie.

Du pire comme du meilleur.

Douleur de l’enfantement.

Joie de l’enfant qui grandit.

Et puis l’écueil de la vie qui rend parfois si beau et d’autres fois si terribles.

 

Je me demande souvent si je viendrai un jour au bout de mes surprises.

De mes surprises humaines.

Je suis de ceux qui passent inaperçus.

De ceux qui sont appelés dans le malheur et oubliés dans la joie.

Généralement.

On fait appel à moi et j’accours.

C’est mon travail.

Le travail d’une vie. D’une éternité.

Je suis là depuis si longtemps pour ceux qui ne veulent plus croire en moi.

Et pour ceux qui ne peuvent pas même rêver mon existence.

Moi, le combattant.

Moi le passeur.

Moi l’envoyé.

Moi.

Etre au service du Divin.

Plus qu’un travail. Une fin.

Je rêve de pouvoir transformer.

De pouvoir insuffler.

Mais l’être humain est-ce qu’il est.

Parfois tenace à refuser l’aide.

Obnubilé par l’idée de s’en sortir seul.

Certains jours, je désespère.

Ne la voyez-vous pas cette main que je vous tends ?

Ne sentez-vous pas combien je suis proche de vous ?

Des jours, je voudrais tout changer.

Les vues à court terme.

L’insolente richesse des uns et l’intolérable pauvreté des autres dans un monde qui a suffisamment pour chacun.

Un monde construit pour offrir tout à tout le monde.

L’inégalité comme moteur du pouvoir.

Comment l’humain peut-il se battre pour une illusion tenace qui s’évanouira au réveil de la mort ?

 

J’aime pourtant.

J’aime tous ces gens. Les petits, les grands. Les instruits et les innocents.

Je les aime plus que mon âme ne peut l’exprimer.

Plus qu’un cœur ne pourrait supporter.

Je suis à leur service. Je suis né pour eux.

Je n’attends rien.

Rien d’autre qu’un soubresaut. Un réveil. Le frisson d’une re-Connaissance.

J’aime. C’est tout.

Au-delà de tout.

C’est mon cadeau de vie à cette espèce.

Le cadeau qui m’a été fait par mon créateur. Leur Créateur.

Le lien par-delà les espèces, par-delà le temps, au-delà du néant.

Je serai pour toujours leur Combattant.

Celui qu’on appelle dans le désespoir et celui qu’on oublie dans le bonheur.

Mais toujours présent en tous temps.

 

 

Alexandra Urfer Jungen