Pendant longtemps, la grande question qui taraudait les scientifiques était de savoir ce qui venait en premier : le cerveau ou la conscience ? Face à cette interrogation, la physique quantique a apporté les éléments prouvant que la seconde hypothèse était la bonne. Elle démontre en effet que sans observation, un objet quantique ne peut avoir ni localisation dans le temps et l’espace, ni propriétés définies.
Modifier la réalité par l’hypnose
» Aussi incroyable que cela puisse paraître, certains physiciens quantiques, et non des moindres, affirment que, d’un point de vue théorique, le monde n’existe pas quand personne ne regarde, parce que seule l’observation prouve qu’il existe réellement. Ces physiciens pensent que l’observation créé un monde individuel subjectif à partir d’un nombre infini de possibilités illimitées. On peut pousser plus loin cette idée en manipulant la conscience : si, après avoir hypnotisé un sujet, on lui dit que toutes les personnes présentes sont chauves, il ou elle va effectivement voir partout des têtes sans cheveux. Ou si après lui avoir dit qu’on allait le/la toucher avec un objet brûlant, on pose sur son bras un simple crayon, par exemple, sa peau va tout de même présenter des marques de brûlure (1). L’esprit est préparé par l’hypnose à percevoir son environnement d’une certaine façon. Ce à quoi s’attend l’esprit déclenche même une réaction visible au niveau du corps. L’esprit ainsi influencé détermine la manière d’appréhender la réalité. » (2)
L’information à la base de la réalité
Nos cinq sens peu performants nous laissent croire qu’il y a bien un monde complet à l’extérieur de nous-mêmes, mais ce n’est qu’une interprétation et non un fait établi. « Cette réalité perçue est constituée d’informations dont nous devrions même dire qu’elles sont apparemment acheminées par le cerveau. Si je précise « apparemment », c’est parce que nous ne savons pas exactement ce qu’est le cerveau, puisque lorsque nous l’observons, nous avons le même problème que lorsque nous observons la réalité environnante, à savoir que ce qui transite par le système visuel, par exemple, se réduit à de l’information sur une image perçue, la forme du circuit de transit étant illusoire… Nous n’avons donc pas de perception directe de la forme du circuit ou du mécanisme qui fabrique l’information arrivant à la conscience, mais seulement du résultat « conscientisé » d’un traitement de l’information, de même que lorsqu’on utilise une caméra, l’image restituée est très différente de l’information captée, à cause du filtrage considérable qui sépare la source de l’image, laquelle n’est souvent plus qu’une trace déformée voire informe de la source. » (3)
Comme le résume l’académicien Thibault Damour, spécialiste de la relativité générale : « La notion de Réel est créée par l’esprit humain et il n’existe pas de réalité en dehors de nous. »
Une construction mentale
On peut ainsi dire, comme le souligne le Dr Eben Alexander : « Dans tout effort pour comprendre la réalité à un niveau plus profond, il est primordial de comprendre que tout ce que vous avez observé depuis votre naissance – toute substance « à l’extérieur » a été, en réalité, un modèle interne : une construction à l’intérieur de l’esprit dont nous présumons qu’elle représente quelque chose qui doit se trouver « à l’extérieur »… Ce que nous percevons n’est rien de plus que notre interprétation codifiée d’information pure. La principale pierre d’achoppement dans cette prise de conscience est la façon incroyablement efficace avec laquelle le cerveau humain et l’esprit nous trompent en nous faisant croire que le monde physique existe à l’extérieur, tel que nous le percevons « indépendamment » de nous. Une excellente métaphore pour cette situation consisterait à demander à un poisson ce que cela fait de vivre dans l’eau. « Quelle eau ? » pourrait facilement répliquer le poisson. Il n’a jamais rien connu d’autre que l’eau et il est donc inconscient de son existence. Il en va de même pour nous qui nageons dans la mer de la conscience – c’est la seule chose que nous n’ayons jamais connue. » (4)
La réalité consensuelle
Et pour continuer le mal de tête, on peut même s’interroger si la réalité que nous captons est bien identique à celle perçue par notre entourage. On peut seulement supposer que nous partageons une vision commune du monde qui nous entoure, une sorte de réalité consensuelle qui nous permet d’interagir les uns avec les autres comme c’est le cas pour des jeux vidéos en ligne. D’ailleurs, Albert Einstein n’avait-il pas dit : « J’aime penser que la Lune est là, même si je ne la regarde pas ».
On peut ainsi dire qu’il y a sur Terre une réalité consensuelle partagée par ses habitants. Mais celle-ci a quelque chose du décor de théâtre, parce que quand on gratte un peu la surface, on s’aperçoit que tout ce monde matériel qui nous entoure et qui nous semble si solide, si présent, si inaliénable, n’existe en fait pas en tant que tel. Cette réalité que nous partageons est au final un outil qui nous permet de jouer notre « partie de vie » en étant totalement plongés dans l’expérience.
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1.E.D. Kelly, E. Williams-Kelly, Irreducible Mind: Toward a Psychology for the 21st Century, Lanham, Rowman & Littlefield, 2007, pp 199-218
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Dr Pim Van Lommel, Mort ou pas? Les dernières découvertes médicales sur les EMI, InterEditions, 2015, p.217
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Philippe Guillemant, Jocelin Morisson, La physique de la conscience, Guy Trédaniel éditeur, 2015, pp 25-26
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Dr Eben Alexander et Karen Newell, Voyage d’un neurochirurgien au cœur de la conscience, Guy Trédaniel éditeur, 2017, pp. 95 à 97
Alexandra Urfer Jungen