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Les cas d’expériences hors du corps sont généralement interprétées par le corps médical traditionnel comme des rêves, des hallucinations ou alors les symptômes de troubles mentaux comme la schizophrénie ou la dissociation : « En effet, des formes d’hallucinations ressemblant aux OBE sont parfois rapportées par des patients psychiatriques souffrant de schizophrénie, de dépression ou de désordres de la personnalité. Pourtant, … même si l’impression de voir un double de son corps est un point commun entre ces états, ces illusions présentent des différences phénoménologiques importantes avec les OBE rencontrées chez des sujets sains, tant sur le plan psychique que physiologique.” (1)
Les sorties de corps sont-elles le signe d’une schizotypie?
En 1995, le Dr McCormick et le Dr Claridge ont mené des recherches auprès d’expérienceurs pour savoir si leur vécu hors-norme était le signe d’une schizotypie. Pour mémoire, la schizotypie est la présence de traits de personnalité montrant une potentielle tendance à la schizophrénie. Bien qu’ils aient eu des résultats très élevés pour certains critères comme les expériences inhabituelles et les perceptions aberrantes, les expérienceurs se sont finalement révélés au même niveau (et même plus sains dans un volet d’analyse) que la moyenne de la population. (2)
L’année suivante, les deux chercheurs durent convenir à l’issue d’une autre recherche que les expérienceurs faisant des sorties de corps ne présentaient « visiblement aucun trouble fonctionnel et étaient bien équilibrés »(3). Plus étonnant: ce bien-être mental n’était pas dû à une capacité au-dessus de la moyenne à supporter les « hallucinations ». C’étaient leurs expériences de sorties de corps qui en faisaient des personnes équilibrées !
Les faux diagnostics
Le psychiatre Stuart Twemlow lançait déjà en 1989 un cri d’alarme face aux faux diagnostics que pouvaient faire ses collègues face aux cas de sorties de corps : « Le piège majeur à éviter est […] l’effet angoissant, voire déstabilisant pour la personnalité de l’individu, que peut avoir un clinicien qui traite cette expérience normale, comme si elle était anormale […] » (4)
Le psychiatre rappelle par ailleurs qu’une telle expérience a beaucoup d’importance dans la vie du patient : « Maintes et maintes fois, les sujets ont décrit un changement radical de certaines de leurs valeurs existentielles, après une phase intense d’introspection post-EHC. Qui suis-je ? […] Quel est le sens de ma vie ? Et vers quoi je me dirige ? étaient les points le plus souvent soulevés par ces patients […] comme si l’expérience constituait une forme d’auto-thérapie accélérée. » (4)
Pour terminer, l’explication psychologique ne permet pas de comprendre comment l’expérienceur peut identifier avec exactitude des événements, des lieux ou des objets situés loin de son corps physique.
Alexandra Urfer Jungen
1) Sylvie Déthiollaz, Claude Charles Fourrier, Voyage aux confins de la conscience, Guy Trédaniel éditeur, 2016, pp 13-14
2) Mc Creery Ch., Claridge G, « Out-of-body experiences and personalitiy », Journal of Society for Psychical Research, 60, 1995, pp 129-148
3) Mc Creery Ch., Claridge G, « A study of hallucination in normal subjects – I: Self-report data”, Personality and Individual Differences, 21, 1996, pp 739-747
4) Twemlow S., « Clinical Approaches to the Out-of-Body Experience” Journal of Near-Death Studies, 8 (1), 1989, pp29-43