L’EMI, un phénomène connu depuis très longtemps

 

 

Les EMI sont plus nombreuses aujourd’hui que dans le passé pour une simple raison: les techniques de réanimation ont fait d’immenses progrès ces dernières décennies. Cependant, les témoignages sur ce phénomène existent depuis fort longtemps, puisqu’on peut remonter plusieurs millénaires en arrière, et ils touchent le monde entier.

 

De l’épopée de Gilgamesh à l’Antiquité

Certains commentateurs voient dans l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh des points de convergence étonnants avec les récits d’EMI. Le “Livre des Morts égyptiens” décrit pour sa part en 1250 av J.-C. le voyage que doit effectuer l’âme jusqu’à l’Au-Delà.

Il y a aussi les pharaons qui étaient considérés comme des dieux vivants. au moment de leur initiation, juste avant de devenir pharaon, on les enfermait dans un sarcophage scellé à la cire pendant dix minutes. c’était un sarcophage très étroit dans lequel ils n’avaient pas d’oxygène. on les libérait au bout de dix minutes, ce qui leur laissait le temps de faire une NDE [EMI] par manque d’oxygène. Cela les mettait en contact avec la “lumière” et, du coup, ils étaient un peu comme les représentants de Dieu sur terre. c’est intéressant de savoir que les anciens Égyptiens provoquaient des NDE !” (1)

Un peu plus proches de nous, plusieurs textes de l’Antiquité grecque sont eux aussi explicites. Platon fait ainsi référence dans son livre X de La République au retour à la vie du soldat Er le Pamphylien, Plotin témoigne dans sa sixième Ennéades de la communion avec l’Un et Plutarque raconte dans ses Moralia le changement de vie radical de Thespesios de Soles après qu’il fut déclaré mort et qu’il soit revenu subitement à la vie.

 

Au Moyen-Age

Dans ses Dialogues, le Pape Grégoire 1er le Grand rassemble en 590 les témoignages de personnes qu’on avait considérées comme mortes avant leur retour à la vie. Bède le Vénérable fait de même en 731 dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais comme l’avait fait bien avant lui Grégoire de Tours au VIe siècle dans son Histoire des Francs. Ce dernier rapporte ainsi l’expérience hors-norme vécue par l’évêque Saint-Sauve en 584.

“La Divine Comédie” décrit elle aussi les visions que son auteur, Dante Aligheri, a de l’Enfer, du Purgatoire et du Paradis.

 

Au 19ème siècle

Plusieurs articles sont publiés dans les années 1800 sur le thème des expériences de mort imminente. Le témoignage rapporté par l’amiral Sir Francis Beaufort au Dr W. Hyde Wollaston dans lequel le premier raconte comment il a échappé à la noyade en 1795 paraît en 1847. Le psychologue Victor Egger rapporte en 1896 le récit d’une femme sauvée elle aussi de la noyade. Le géologue et alpiniste suisse Albert Heim fit également une étude des phénomènes de mort imminente après avoir lui-même survécu à une chute alors qu’il escaladait un glacier alpin.

 

Dès les années 1970

Jusqu’aux années 1970, les cas sont plutôt rares et sont essentiellement provoqués par des chutes, des noyades ou de fortes fièvres. Ce sont les immenses progrès dans le domaine de la réanimation qui vont permettre une augmentation exponentielle du nombre de cas.

La publication en 1975 de l’ouvrage du Dr Raymond Moody « Mourir n’est pas mourir » a rendu le phénomène plus populaire en schématisant le processus vécu par des millions de personnes durant les expériences de mort imminente. A partir de cette date et jusqu’en 2005, on comptabilise 42 études publiées dans des journaux scientifiques ou sous forme d’études détaillées. L’ensemble forme un tout cohérent avec des conclusions similaires.

 

Le passage aux études prospectives

Les études pendant longtemps rétrospectives (on essaie de trouver des témoins après-coup) laissent désormais peu à peu place à des études prospectives. Dans ce cas, les patients sont approchés directement quelques jours à peine après leur coma ou leur arrêt cardiaque. on leur demande alors s’ils ont gardé des souvenirs d’une éventuelle EMI durant leur période d’inconscience. Grâce à cette approche prospective, les chercheurs ont un accès direct aux dossiers des patients et au personnel médical pour vérifier les dires des expérienceurs. Des groupes de contrôle sont parfois ajoutés pour donner une plus grande valeur scientifique à la recherche.

 

Alexandra Urfer Jungen

 

1. Dr Olivier Chambon & William Belvie, Expériences extraordinaires autour de la mort, réflexion d’un psychiatre sur la science de l’au-delà, Guy Trédaniel éditeur, p. 76

 

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