La théorie de Platon
« Le philosophie de Platon est surtout connue pour sa théorie des Formes ou des Idées (ces deux termes s’écrivent en majuscule quand ils sont employés dans le sens que leur donne Platon).
Platon constitua sa théorie à partir des notions morales et des valeurs, puis il la généralisa à l’ensemble de ce dont nous avons l’expérience. Dans notre monde, tout est éphémère et en cours de décomposition, mais relève d’un modèle idéal dont l’existence est permanente, indestructible et située hors du temps et de l’espace.
Les mathématiques comme fondamentaux
Platon étayait cette thèse par des arguments tirés d’origines différentes. Il lui semblait que plus nous étudions la nature physique du monde, plus il nous apparaît qu’il obéit à des relations mathématiques. Le cosmos tout entier paraît régi par l’ordre, la proportion et l’harmonie. Reprenant l’idée de Pythagore, il y voyait l’indication que derrière la confusion, pour ne pas dire le chaos, de notre monde quotidien existe un ordre qui possède la nature idéale et parfaite des mathématiques. Cet ordre n’est pas perceptible à l’œil, mais peut être saisi par l’intellect. Il est bien là, il existe et c’est lui qui constitue la réalité sous-jacente du monde.
C’est dans l’intention d’entreprendre l’étude de cet ordre que Platon attira à l’Académie les principaux mathématiciens de son temps. Sous sa direction, on réalisa de grands progrès dans différentes branches des mathématiques et dans ce que nous appelons aujourd’hui les sciences. Tout cela faisait alors partie de la philosophie.
Les deux mondes
Cette approche du réel, étendue à un grand nombre de sujets, conduisit à la thèse selon laquelle la réalité est divisée en deux monde distincts. Il y a le monde visible, celui qui s’offre à nos sens et nous est familier dans lequel rien ne demeure identique et ne dure. Platon aimait dire que dans ce monde tout se transforme continuellement, rien n’a de permanence. C’est ce qu’il exprime dans une forme concise: « Tout devient, rien n’est ». Toute chose vient à l’existence et en sort, tout est imparfait, tout se corrompt. Ce monde de l’espace et du temps est le seul monde que nos sens puissent appréhender. Mais il en existe un autre qui n’est ni dans l’espace ni dans le temps, que nos sens ne peuvent percevoir, où règne un ordre permanent et parfait Cet autre monde est celui d’une réalité intemporelle et immuable. Il se contente d’être et ne subit aucun changement.
Corps et âme
L’être humain, présent dans le monde sur le même mode que les objets, a lui aussi une part de lui-même qui est visible et une autre qui ne peut être perçue, mais à laquelle l’esprit peut accéder. Celle qui peut être vue, c’est le corps. Placé dans l’espace et le temps, il obéit aux lois de la nature, vient à l’existence et disparaît. Toujours imparfait, il ne demeure jamais le même et risque de périr à tout moment. Mais il n’est qu’un reflet de ce qui est notre réalité immatérielle, intemporelle et indestructible, que nous appelons notre âme. L’âme est notre forme permanente. Elle relève du monde des formes immuables qui constituent notre réalité ultime…
Le but ultime de la vie
Platon considérait que, pour une personne intelligente, le but ultime dans la vie doit être d’aller au-delà de la surface des choses afin d’accéder à la réalité sous-jacente. On peut considérer cela comme du mysticisme intellectuel. Il s’agit d’accéder au monde des idées dans lequel l’âme évolue et où elle demeurera éternellement… Pour y parvenir, il faut traverser la réalité éphémère constituée par le monde des sens afin de se libérer de sa séduction. » (1)
1. Bryan Magee, Histoire illustrée de la philosophie, de Socrate à nos jours, 2500 ans de philosophie occidentale, éditions Mondo, 2001, pp. 27-29
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