30. Exorciste laïque

 

En 2017, les capacités de Laura pour éliminer les êtres appartenant aux Bas-Mondes se peaufinent. Elle est comme un chien de chasse. « Je vois l’énergie, donc même quand j’étais toute petite, je voyais des démons et des esprits, mais ils n’étaient pas comme les êtres vivants, parce qu’ils ne laissaient pas les mêmes traces énergétiques. Suivre des pistes, ça, j’y arrive bien ! C’est comme ça que fonctionnent les exorcismes que je pratique. Je suis la piste du démon. » Et il y a du travail, me dit-elle.  Samantha me le confirme elle aussi : il y a beaucoup d’entités sombres dans les rues.

 

Jamais charmants !

Laura m’explique que nous sommes dans un déséquilibre qui n’est même pas positif pour les Bas-Monde et elle s’inquiète du côté très « in » et « glamour » que représentent la démonologie et le satanisme. Elle a découvert, à son grand effarement, la profusion de vidéos sur internet qui expliquent comment appeler des démons. La littérature et le cinéma montrent les êtres d’En-Bas beaux et charmants. C’est très loin d’être le cas et, comme mon aînée me l’explique, quand on est pris au piège, il est difficile, voire impossible d’en sortir. « Certains se sont jetés eux-mêmes dedans en utilisant des « ouija » ou avec un « Je veux trop un démon protecteur ». Quand on passe un accord avec un démon, il y a toujours un moment où ça va dérailler. Ça peut être 15 ans, 20 ans ou 50 ans plus tard. Mais ça va toujours dérailler ! D’ailleurs le prix à payer n’est pas seulement son âme : le démon peut demander de faire des choses pas possibles, comme tuer pour lui. »

  

Concentration d’objets maléfiques

Elle est aussi inquiète face à la concentration en certains lieux d’objets maléfiques, par exemple chez les Warren. Laura sait qu’elle peut nettoyer sans problème un espace géographiques, des objets et des personnes. C’est un travail qu’elle effectuait déjà avant, surtout durant ses entre-existences terrestres. Et elle a peaufiné sa technique dans cette existence. Mais le problème, c’est qu’aujourd’hui, nous n’avons plus conscience du potentiel de destruction de ces objets habités négativement. Nous prenons pour des histoires romancées tous les récits de possessions sans réaliser que celles-ci existent réellement. Parlez-en avec des prêtres exorcistes comme le Père George de Saint Hirst ! Ce qu’ils côtoient n’a rien d’imaginaire.

 

Face aux démons

Pour les exorcistes catholique, il est toujours important de connaître le nom du démon qui a pris possession d’un corps. Laura tempère cette vision des choses : « Si les noms n’avaient pas d’importance pour les humains [y compris dans la vie quotidienne pour communiquer entre nous], les démons n’en garderaient pas. A la base, ils n’avaient pas de noms. C’est l’importance que les humains attribuent aux noms qui importe pour les démons ». Laura complète en affirmant que le stress que peut avoir l’exorciste de ne pas trouver tout de suite le nom du démon est très nourrissant pour ce même démon !

Elle explique aussi comment, elle, elle perçoit les démons : « Les démons, je les vois sans les voir, comme dans « Grimm » [la série télévisée] : pendant un instant, je vois le vrai visage du démon, qu’il soit incarné ou non. Je les ressens aussi avec souvent une image qui apparaît après coup. C’est pareil avec les reptiliens.

Quand les démons me voient, c’est comme un nid d’araignée sur lequel on aurait lancé une torche. Ça fuit dans tous les sens. J’entends des « tic tic tic », comme des bruits de petites pattes qui partent dans tous les sens autour de moi. Ils s’enfuient avant que je fasse quoi que ce soit. Ou alors ils se figent comme quand tu es enfant et que tu t’es fait chopper par ta mère parce que t’as fait une connerie, genre manger le pot de Nutella ! Parfois, je ne fais pas attention à leur présence, mais c’est leur propre flash d’imaginer ce que je pourrais leur faire qui va faire que je vois ce flash et trouver d’où ça vient. Ils se « grillent » eux-mêmes.”

Laura rappelle tout de même que cette situation est récente et que pendant longtemps, il n’en a pas été ainsi. Ce sont ses victoires, souvent très difficiles, qui lui ont permis de s’imposer dans le monde très hiérarchique des démons et encore, sur un seul territoire géographique englobant notre pays. Elle m’a souvent montré les marques qui s’étaient inscrites sur son corps physique après de violents combats : morsures, coupures, « ventouses à dents » (comme des marques de rémoras), piqûres, etc. Ces marques mettaient souvent plusieurs jours à disparaître. Laura était aussi très courbaturée et pouvait avoir des difficultés à faire certains mouvements les jours suivants. C’est encore le cas aujourd’hui.

 

Diverses entités maléfiques

Alors que Laura commence ses vrais exorcismes, je découvre, étonnée, la variété de présences pouvant apporter une énergie négative à un lieu, un objet ou une personne.

Certaines présences ne sont pas forcément mauvaises, comme dans ce garage dont les affaires sont bloquées sans raison logique. Laura découvre la présence d’une entité gardienne très ancienne dont le but est d’empêcher la venue d’inconnus. Laura la fait partir sans agressivité puisque cet être est plus perdu qu’autre chose. Après cette opération, les affaires du propriétaire des lieux démarrent rapidement.

Je réalise aussi qu’avant d’acheter un logement, il est prudent de s’intéresser au nom des lieux, comme dans cet espace appelé en vieux pâtois « Pra Puri » (pré pourri) dans le canton de Fribourg. Une habitante a des problèmes avec sa voisine qui devient soudainement extrêmement agressive. Laura essaie de chercher dans un premier temps s’il y a une simple raison logique à ce comportement, mais il n’y a rien qui apparaît. Durant son exorcisme, Laura découvre la présence de cinq sorcières ayant procédé il y a très longtemps à des sacrifices humains. La cheffe, même désincarnée, est physiquement déformée, littéralement rongée par le Mal qui l’habite. Elles sont toutes les cinq la dernière volée d’une longue lignée malfaisante. Laura s’attaque uniquement à la cheffe qui a profité d’un « trou » dans la carapace énergétique de la voisine au niveau de la nuque pour s’y incruster. Cela expliquait le comportement étrange de cette femme. Heureusement, ma fille réussit à la faire partir, comme le confirme quelques jours plus tard sa cliente. Les relations avec les voisins redeviennent plus détendues.

Nous découvrirons aussi dans un bois des entités à mi-chemin entre Petit Peuple et extra-terrestres qui vivent dans une fréquence légèrement décalée de la nôtre. Ces êtres négatifs et agressifs de petite taille ont un fonctionnement très proche de celui des fourmis avec une reine et des sujets, ainsi que des castes aux activités très spécifiques.

 

Exorcismes à distance

En février 2020, je suis contactée par un lecteur de mon site internet. Il est désemparé face au comportement de son épouse qui est clairement possédée suite à une séance d’hypnose thérapeutique. Il ne sait pas comment faire pour la soulager. J’appelle tout de suite Laura pour voir si elle peut l’aider. Elle est pleine de doutes, parce qu’elle n’a jamais procédé à distance et surtout pas à une si grande distance, puisque ces personnes habitent en Provence.

Laura demande dans un premier temps à avoir une photo de la femme et elle réalise à son grand étonnement qu’elle arrive à avoir rapidement une connexion. Puis elle demande à son époux de filmer par WhatsApp les lieux, ainsi que sa tendre moitié pour mieux établir le lien. Dès que l’épouse voit Laura sur le téléphone de son mari, elle se sent mal et demande à ce qu’on l’enlève de son regard. Pour Laura, il n’y a aucun doute : une présence s’est bel et bien installée dans le corps de la femme. Laura se met ensuite en état pour faire la dépossession. Ce n’est absolument pas spectaculaire vu de l’extérieur puisqu’elle s’installe dans un coin avec ses écouteurs sur les oreilles. Ils diffusent une musique que je trouve souvent très dissonante, mais qui l’aide à se déconnecter et à entrer dans des basses fréquences. Puis elle sort partiellement de son corps pour suivre « la piste » jusqu’au démon. Vu de l’extérieur, à part quelques mouvements de tête, il ne se passe rien. Elle reste la plupart du temps totalement immobile jusqu’à la fin de la procédure qui dure généralement une petite demi-heure.

A l’issue de la séance, elle m’explique qu’elle a trouvé sur la femme une entité qu’elle ne connaissait pas avec une « odeur » qu’elle n’a pas du tout reconnue. Elle se demande s’il ne s’agit pas d’un djinn, un être qui apparaît suite à une invocation et qui doit obéir aux ordres qu’on lui donne. Elle a sorti cet être du corps de l’épouse et l’a emprisonnée dans les limbes dans une « bulle » hors du temps. Le mari confirme que sa femme est algérienne kabyle et qu’elle a suscité certaines jalousies dans sa région natale. Le sentiment de Laura qu’elle a eu affaire à une entité apparentée au monde musulman a donc toute sa logique. L’homme témoignera plus tard : « Quand Laura a terminé ma femme s’est sentie soulagée et l’entité n’est plus revenue. Laura mérite de pouvoir être reconnu dans ce milieu si fermé de l’exorcisme où la femme peut être remise en question et elle a tout mon soutien. »

Ma fille découvrira plus tard avec une autre cliente que faire un exorcisme ne signifie pas pour autant soulager la personne. Comme il y a les « heureux d’être malheureux », il y a les « heureux d’être possédés ». Ceux-là refusent leur guérison et s’infligent des auto-envoûtements lorsqu’ils sont débarrassés des présences négatives. Comme l’explique ma fille « Il y a ceux qui ne veulent pas aller bien pour être toujours des victimes. Ceux qui ont toujours le moral en bas, à se lamenter tout le temps de leur sort. Les « Je veux que tout le monde comprenne que je ne vais pas bien ». Impossible d’aider ces personnes tant qu’elles n’ont pas elles-mêmes fait un cheminement intérieur pour accepter leur libération.

 

Apprendre les diverses énergies aux thérapeutes

Laura est aujourd’hui très inquiète pour les thérapeutes qui travaillent avec les énergies. Ce sont des cibles faciles. Elle est atterrée que dans une majorité des cas, la formation suivie ne mette tout simplement jamais en garde contre les entités négatives et n’apprenne pas aux élèves à se protéger efficacement des clients qui pourraient avoir tendance à « vampiriser » le thérapeute de son énergie.

Elle a réalisé le problème en discutant avec une de nos amies thérapeute. Laura lui a incidemment montré (en lui demandant de poser sa main vers la sienne) la différence entre énergie de type positif et celle de type négatif en demandant à cette personne de décrire ses ressentis et de bien les garder en mémoire. Notre amie nous a dit qu’il lui a fallu presque deux jours pour récupérer physiquement de cet étrange exercice, mais elle en a été fortement impressionnée. Lors d’une deuxième séance, Laura lui a fait ressentir ce qu’il se passe lorsqu’un client lui prend son énergie et comment y faire face. Elle lui a aussi fait ressentir comment on se sent quand on reçoit massivement de l’énergie.

A son retour à la maison, ma fille s’étonnait elle-même d’avoir la capacité de maîtriser aussi bien les deux types d’énergie qu’elle appelle : « énergie pure » et « énergie shadow » (le terme anglais lui semble plus proche de ce qu’elle ressent de cette énergie). Elle peut les faire ruisseler du goutte à goutte jusqu’au véritable torrent.

Laura peut aussi demander à des proches amis désincarnés de venir pour que l’on ressente l’effet que provoque la présence d’esprits à côté de soi et certains d’entre eux peuvent même reproduire la sensation que l’on a lorsqu’on est face à un esprit affolé qui n’est pas encore passé de l’Autre Côté. Laura souhaiterait que ce travail de conscientisation autour des énergies soit systématiquement enseigné durant les formations de thérapies s’appuyant sur l’énergie. Il est important que les professionnels sachent se protéger et sachent protéger leurs clients.

Une autre amie thérapeute a elle aussi suivi le cours de Laura : « Intéressée par les résultats obtenus avec Laura, j’ai souhaité expérimenter son cours sur les énergies, parce que je n’arrivais pas à les identifier. Ça m’a bien aidée. Avant je ne sentais pas ça. Ça m’a ouvert l’esprit. Avant, face au paranormal, j’étais dans la peur. Je n’avais aucune notion. Maintenant je sais analyser comment mon corps réagit. Je sais mettre le bon mot sur le ressenti physique que j’ai. »

 

Alexandra Urfer Jungen

 

La suite: 31. Chronique d’un départ

Liste des chapitres de “Une famille (para)normale”

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