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Les Rendez-vous du Temple
Un temple pour les distancés de la religion


  Temple de Chamcy/GE, Photo AUJ

Visez l’extrême Far-West de la Suisse et vous trouverez Chancy dans le canton de Genève. C’est là qu’un projet d’Eglise a fait le pari fou d’être au service non seulement des paroissiens, mais surtout des distancés de la religion.

Le projet des Rendez-vous du Temple est né il y a quelques années dans l’imagination de la sous-signée et de Patricia Despond, paroissienne diplômée en relation d’aide qui a également suivi le cursus du Séminaire de Culture Théologique de Lausanne. Le projet partait d’un constat. Dans une paroisse comptant trois temples pour sept villages, pourquoi laisser fermé vingt-neuf jours par mois (minimum) le temple de Chancy, alors que la population des distancés de la religion crie ses besoins existentiels ? Quel sens cela avait-il d’avoir un bâtiment toujours vide qui donne l’image d’une Eglise gardant perpétuellement porte fermée ? Il a fallut attendre le début de l’année 2004, période très mouvementée au sein de l’Eglise Protestante de Genève, pour que l’idée se concrétise. Plutôt que de se lamenter sur le sort de notre pauvre Eglise obligée de licencier faute de budgets suffisants, nous avons pris l’option d’agir et de montrer quel autre rôle notre institution pouvait tenir dans la société. Dès lors, tout s’est passé très vite. Nous avons bénéficié immédiatement du soutien inconditionnel du Conseil de paroisse de la Champagne qui a décidé de faire sien le projet d’Eglise ouverte dont nous avions développé le concept avec Patricia Despond. La commission des ministères a accepté que j’effectue une partie de mon stage diaconal dans le projet. Les paroissiens actifs nous ont portés dans cette aventure et même la région Plateau-Champagne, dans laquelle se trouve le temple de Chancy, s’est unanimement mobilisée pour que le projet puisse voir le jour. La région a même décidé de présenter officiellement Les Rendez-vous du Temple à l’Eglise centrale comme étant le projet qu’elle souhaitait défendre et dans lequel elle souhaitait que soient mises des forces à l’heure où chaque région devait présenter un concept ecclésial novateur. Mais nous avons bien vite constaté qu’un projet de type diaconal, qui plus est en campagne, n’avait guère de valeur face aux ministères pastoraux et cela malgré le soutien enthousiaste des laïcs. Nous avons découvert que le projet des Rendez-vous du Temple avait bien été retenu… mais avec un libellé unilatéralement modifié pour devenir le projet d’accompagnement développé par le pasteur local ! C’est d’autant plus étonnant que lui-même a toujours soutenu avec conviction l’Eglise ouverte de Chancy et s’est battu pour qu’elle puisse voir le jour ! Dès lors, le projet a existé uniquement grâce à l’investissement en temps des bénévoles… et à la foi qui déplace les montagnes ! Mais un salarié sur la durée aurait été indispensable.

Les Rendez-vous du Temple ont officiellement ouverts à la mi-février 2005 avec deux activités hebdomadaires. Très vite notre offre s’est étoffée au gré des demandes et des propositions que nous ont faites les utilisateurs. Chaque activité était portée par une personne dont les talents personnels étaient mis en avant. Une stratégie qui a permis au noyau dur de ne pas s’essouffler inutilement et nous mettait en accord total avec le principe même du projet : créer du lien et mettre en avant les richesses et les compétences locales. Nous avons ainsi conçu pour les familles des après-midi goûter-histoire, des rendez-vous bricolages, des jeux de piste, des promenades avec des lamas et en calèche, un marché de produits locaux, etc. Nous avons conçu un coin jeux et un espace livres que les enfants appréciaient. Les ados bénéficiaient aussi profiter des soirées jeux du mercredi. Quant aux adultes, ils pouvaient glaner de précieux conseils à la permanence couture et lors des rencontres santé, quand ils ne préféraient pas se voir le mardi matin autour d’un café pour discuter de faits d’actualité, de livres, se promener ou tenter l’expérience du groupe de parole. Marchés, balades, concerts, spectacles, conférences, venaient compléter le programme. Bref, à l’heure où la société valorise uniquement les individus bardés de diplômes, ce projet voulait mettre en lumière les compétences de vie.

La population que nous avons rencontrée et qui a assisté aux activités des « Rendez-vous du Temple » était dans sa très grande majorité une population sans attaches religieuses. La peur était le premier élément qui nous a surpris par son ampleur dans cette population: peur de se faire happer et que nous obligions cette population à croire d’une certaine façon. Peur que nous en voulions à son argent. Peur de perdre sa liberté. Peur suite à certaines affaires vécues dans les Eglises et véhiculées par les médias. Peur à cause des histoires racontées dans les familles (l’affreux catéchisme de grand-maman, le manque de tact et d’écoute d’un ministre, etc.). Peur par manque de connaissances sur la religion et donc de passer pour un ignare. Peur du ridicule… Et pourtant, ces mêmes personnes étaient très clairement en recherche et en demande au niveau spirituel et/ou religieux.
Elément caractéristique de cette ambivalence : lors de toutes nos activités, nous avons laissés les portes du temple ouvertes, et souvent même grandes ouvertes. Personne n’est jamais passé dans le temple par cette entrée pour le visiter ! Par contre, quasiment toutes les personnes ayant assisté à nos activités (dans la salle de paroisse attenante) ont demandé lors de leur première venue à pouvoir visiter le temple !
Autre constat : une fois mises en confiance par des activités de type laïc, par un accueil chaleureux et par l’absence totale de prosélytisme, les distancés de la religion posaient très vite des questions variées et profondes touchant au domaine de la spiritualité. Certains se déplaçaient même aux célébrations que nous concevons pour les enfants et les personnes sans bagage religieux.

Nous en arrivons ainsi à ce constat indéniable : si l’Eglise fait l’effort de les rejoindre là où ils se trouvent, les distancés de la religion répondent présents. Dès lors, la question se pose : nos Eglises ont elles réellement la volonté de toucher de nouvelles populations ? Sont-elles vraiment prêtes à changer leurs habitudes et à être remises en question pour lancer un message d’Espérance auprès des personnes sans attaches religieuses ?



Alexandra Urfer Jungen


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