L'APPEL DU LARGE
Un petit bol d'air dans nos croyances
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La ritournelle
 

Vous avez parfois des ritournelles implacables qui ne cessent de vous tourner dans la tête. Une chanson stupide (« Il est bô le lavabo. Il est laid le bidet ! »), un cours à ne pas oublier (« Révolution américaine : 4 juillet 1776, Révolution française : 14 juillet 1789 »), une liste à commission (« Ne pas oublier de prendre le lait, le pain et le cenovis -les Suisses comprendront !!!- ») et des petites phrases venues de Dieu sait où (au sens propre du terme) qui n’arrêtent pas de perturber des pensées aussi indispensables que : « Où ai-je donc bien pu mettre la clé de la voiture ? ».
Moi, la phrase qui tourne sans cesse (ou presque) dans ma tête depuis des années est issue de l’Ancien Testament. Ce sont les quelques mots qui précèdent directement l’énumération des Dix Commandements.
Ils disent à peu près cela :
« Je suis le Seigneur Ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte ».
J’emmène ma cadette à l’école.
« Je suis le Seigneur Ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte »
Je fais les courses, je prépare à manger, j’étends le linge…
« Je suis le Seigneur Ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte »
Je me déplace en train, en voiture, à pied.
« Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte »
Silence ! J’essaie de me concentrer ! Je trie des papiers ! J’ECRIS UNE LETTRE IMPORTANTE ! »
« JE SUIS LE SEIGNEUR TON DIEU QUI T’AI FAIT SORTIR D’EGYPTE ! ».
Quand le Grand Patron a quelque chose à vous dire, ne vous leurrez pas ! Il a bien plus de patience à faire passer Son message que vous vous n’en n’aurez jamais à l’éjecter de votre mémoire !

Alors tout ce que vous avez à faire, c’est, au moins, de vous interroger sur le sens de la ritournelle.
Dans mon cas, elle me répète :
« Moi, le Seigneur Ton Dieu, je suis Celui qui rend libre dans le respect de son prochain ».
C’est d’ailleurs pour cela que cette phrase précède les Dix Commandements, comme vous l’expliqueront avec passion de grands exégètes (ceux qui passent leurs journées à étudier des textes bibliques. Oui ! Il y en a qui s’éclatent vraiment dans cette tâche !).
En réalité, les Dix Commandement ne sont pas des ordres tombés du Ciel (quoique au sens littéral du terme…), mais plutôt un modus vivendi qui permet aux hommes (quand c’est correctement pratiqué) de bien vivre ensemble. En d’autres mots : les Dix Commandements sont des règles permettant la vie en société. Règles qui ne doivent jamais enfermer l’être humain, mais au contraire lui donner une liberté respectueuse de lui-même et de son prochain.
Le premier pas vers l’Amour universel qui sera ensuite prêché par le Christ.

Et c’est vrai que la petite ritournelle me convient plutôt bien, n’étant pas de celles faciles à enfermer. Mentalement tout au moins.
Outre l’injustice, je ne supporte tout simplement pas les règles arbitraires qui brisent la liberté, la créativité et les talents des Hommes.
Cela me rend malade.
Au sens propre du terme.
Les férus d’astrologie diront que c’est mon aspect Poisson. Pour d’autres, l’effet déplorable d’une éducation catastrophique.
Mais quand j’entends encore et encore la ritournelle que Dieu me souffle, je me dis que mon chemin vers la liberté doit finalement avoir du sens, même si j’ignore où il va me conduire.
Je fais confiance à mon Grand Patron pour me mitonner plein de surprises !
Cela ne m’empêche pas de réaliser que, contrairement à moi, une majorité de gens a besoin d’être encadrée pour ressentir une certaine sécurité existentielle.
C’est que pour enlever les barrières sur lesquelles nous nous appuyons, il faut avoir la sécurité du cœur.
C’est comme les petits enfants qui apprennent à marcher.
Pour oser se lâcher, il faut avoir foi en papa et en maman.
Savoir qu’ils seront toujours là pour nous rattraper.
Savoir que si nous tombons, nous n’allons pas nous faire mal.
Savoir que rien de grave ne peut nous arriver.
L’enfant qui a peur n’osera pas avancer. Il préférera stagner dans son coin, plutôt que de risquer quoi que ce soit, même si, pour cela, il doit passer à côté de merveilles.

Nous ne sommes totalement libres qu’à partir du moment où nous sommes libérés de nos peurs.

Ça, c’est la théorie. En pratique, plus facile à dire qu’à faire.
Eliminer ses peurs et avancer sur un chemin de liberté, c’est un vrai travail à plein temps ! Travail que j’ai effectué avec l’opiniâtreté, pour ne pas dire l’entêtement qui me caractérise.
Une vraie tête de mule !
L’objectif ! Toujours l’objectif !
Avec le rêve d’inciter d’autres à suivre cette voie de la liberté et du Souffle.
D’autres individus et d’autres institutions également.
C’est comme cela que j’ai notamment fini comme EMMERDEUSE EN CHEFFE SPECIAL GRAND PRIX DU CONCOURS DE LA PLUS EMMERDEUSE de ma chouchoute qu’est l’Eglise réformée.
Une véritable casse-pied impossible à enfermer et encore plus à faire taire. (J’y peux rien ! C’est plus fort que moi ! Pas taper ! Pas taper !).
En d’autres mots : j’ai l’insigne honneur d’être une plaie d’empêcheuse de tourner en rond.
A Genève, la direction de l’Eglise protestante a fini par me surnommer officiellement « La Rebelle » et le Modérateur de l’époque me soufflait en soupirant que je « jouais les prophètes ».
Ça, si ça ne vous donne pas un lourd passif dans l’Institution !
C’est que j’ai cette sale manie de dire tout haut ce que tous me confient tout bas (en protégeant évidemment les identités de mes interlocuteurs) : personnes hors-Eglise, paroissiens, pasteurs, diacres, administratifs. Tous ces gens qui se plaignent des dysfonctionnements d’un système qu’au fond la plupart aiment et respectent, mais dans lequel ils ont parfois bien de la peine à cheminer.
Et moi, au milieu de tout ça, j’essaie de dire le malaise, parce que je l’aime ma petite chérie et que je trouverais tellement génial si tout le monde pouvait s’éclater en son sein comme moi je m’épanouis en direct avec mon Grand Patron. En plus, je le vois, je le sens, je le sais, il suffirait de tellement peu de choses pour que ma chouchoute d’Eglise devienne un lieu où tout le monde dirigerait ses pas. Parce qu’elle en a des qualités. Et pas des moindre. Mais c’est comme si elle oubliait toute sa valeur, toutes ses compétences et toutes ses richesses incroyables pour s’enfermer (dans la peur ?) et refuser de mettre ses pas sur un chemin d’ouverture et de liberté.

Moi, ça me fait mal de la voir comme ça.
Cela me donne envie de la secouer et de lui montrer comme la vie est belle.
Cela me donne envie de la pousser à retrouver du sens à son existence, comme on le ferait pour un être cher qui subit les ravages de la dépression.
J’aimerais. Mais le souhaiterait-elle ?
Alors, forcément, j’ai quelque chose de l’affreuse sorcière crochue, avec une grosse verrue sur le nez, qui jette des mauvais sorts.
C’est que c’est effrayant une affreuse sorcière. Manquerait plus qu’elle transforme tout le monde en grenouille !
Tout ça pour vous dire que mon profil ne semble, étrangement, peu répondre aux critères recherchés pour une employée modèle de l’Eglise institutionnelle et cela malgré une formation de diacre réussie en bonne et due forme.
Allez savoir pourquoi !
Mais au fond, n’est-ce pas mon chemin ?
N’est-ce pas ce qui m’est susurré ?
« Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte ».
Est-ce que l’Eglise serait comparée à … ?
Non ! Où va donc m’envoyer mon imagination débordante !
Méchante sorcière !

L’Egypte, c’est en réalité ce qui nous enferme. Ce qui nous fait peur. Ce qui nous rend esclave.
Si vous savez que Dieu existe, si vous avez totalement conscience que cette réalité dans laquelle nous travaillons, mangeons, bougeons n’est qu’une réalité et non La Réalité, si vous sentez qu’en tout lieu et en toute circonstance vous êtes accompagné-e d’une présence aimante, de quoi voulez-vous avoir peur ?
Sérieusement ?

Je suis libre.
Les gens libres font peur.

Peut-être que je devrais songer à me mettre à mon compte.


Alexandra Urfer Jungen



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